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PENITENCE. FIN DE L’AGE ANTIQUE, LES DOCUMENTS


w ii 1 siècle sous le nom de Gennade, p. 54 (si pécheur qu’il soit, un homme qui a l’ait une véritable pénitence et l’ait des aumônes proportionnées, peut se sauver) ; Serin., ccxvii, I, col. 2221, et cclviii, I et 2, col. 2222 (la miséricorde divine est assez grande pour qu’aucun pécheur ne se laisse aller au désespoir) ; cclv, col. 2210 (de même que le péché grave sépare de la communion ecclésiastique, de même la pénitence permet d’y rentrer, si guis ex vobis conseilla criminum suorum, indignum se communione ecclesiastiea l>utat, dignum se esse facial… ut errores pristinos relinquat et psenitentiam petul) ; Homil., xviii, P. L. t. i.xvii, col. 1081 (la pénitence reçue dans les dispositions convenables donne toute sécurité pour l’aude la : Agens psenitentiam dum sanus est. et cum reeonciliatus fuerit et bene vixeril, securus est) ; même idée dans l’homélie suivante.

3. En Espagne. - I, ’activité de l’Église a été sérieusement entravée, dans la péninsule, après les invasions barbares qui, dès le début du Ve sièele, sont venues y créer la confusion. En dehors des textes canoniques nous ne voyons guère à signaler que quelques noms d’écrivains.

Martin de Braga, l’apôtre des Suèves (t vers 580), a dû lutter dans la région galicienne non seulement contre l’arianisme, dont il reste des traces même après la conversion du roi au catholicisme, mais encore et surtout contre les restes du paganisme. Voir ici, t. x. col. 206. II est bien remarquable que le De correclione rusticorum, tout en demandant aux coupables de faire pénitence pour leurs pratiques païennes, ne parle point de soumettre ceux-ci à la pénitence canonique. Texte dans l’éd. Caspari, n. 17. Cette discipline pourtant est connue de Martin, comme en témoignent un certain nombre de dispositions prises aux deux conciles de Braga tenus sous sa présidence en 561 et 572.

Contemporain de la conversion des YVisigoths au catholicisme, Léandre de Séville (f vers 600) ne nous fournit sur la pénitence à son époque qu’un seul document, capital à la vérité, dans les canons du concile de Tolède de 589, où s’accomplit le passage définitif du roi Reccarède à l’Église catholique. Voir ci-dessous, col. 840. Mais son frère cadet, Isidore, qui l’a remplacé sur le siège de Séville de 601 à 630, est moins parcimonieux de détails. La plus grande partie du livre II des Sententise, en effet, est consacrée au péché et aux divers moyens de lutter contre lui. L’ordre des idées ne satisfait pas toujours notre logique, suivons-le pourtant.

Le début des développements est consacré à la « conversion », c. vu-xi, P. L., t. i.xxxui, col. 606613, entendons par là, d’une part, l’ensemble de sentiments et d’idées que ce mot éveille chez nous, mais encore la démarche qui amène les fidèles à se retirer plus ou moins complètement du monde. Cf. ci-dessous col. 834. Ce qui est décrit au c.xii, De compunctiohe cordis, c’est proprement la contrition avec les différents motifs qui la peuvent inspirer. Cette contrition conduit nécessairement à la confession, c. xiii, De confessione peceatorum et psenitentia, sous lequel mot il ne faut pas se hâter d’entendre notre confession sacramentelle, il est surtout question de l’aveu devant j Dieu des fautes commises, aussi Isidore conseille-t-il de se hâter de le faire, n. 13 : Festinare débet ad Deum pivnilendo unusquisque dum potest. L’efficacité de ce recours à Dieu est longuement exposée dans les numéros suivants ; cette idée introduit les c. xiv-xvi : de desperatione peceantium, de his qui a Deo deseruntur, de his qui ad delictum post lacrymas reverluntur, où l’auteur se montre particulièrement sévère pour les récidivistes. Lu suite de quoi vient l’étude du péché, considéré d’abord en lui-même, c. xvii : puis selon

qu’il est léger ou grave, c. xviii et xix : public ou secret, e. xx ; aimé parle pécheur ou simplement commis par une sorte de nécessité ou d’entraînement, c. xxi -xxiii. Après voir fait remarquer que rien n’est plus salutaire que de penser souvent a ses faute-, c. xxiv. Isidore étudie les différentes façons dont se commet le péché, par pensée, par parole, par action. Opposant de temps à autre la considération des vertus a celle des vices qui leur sont contraires, c. xxv-xi.iv.

Mais, si intéressantes que soient toutes ces analyses, elles ne traitent guère ou même pas du tout de la pénitence ecclésiastique. Relevons, Sentent., I. I. xxii, 7, col. 589, la réfutation de l’opinion selon laquelle la communion eucharistique suffirait à purifier ceux qui vivent dans le crime : Qui scélérate vivunt in Ecctesia et communicare non desinunt, putantes se lali communione mundari, discanl niltil ad emundationem proficere sibi. Des précisions sont apportées dans le De ecclesiasticis offlciis à l’idée ci-dessus exprimée. Au t. I, c. xviii, 7 et 8, col. 756. Isidore, traitant de l’eucharistie, se demande s’il faut communier tous les jours ; certains le pensent et préconisent cette réception à condition que l’on y apporte une intention droite. Mais, continue notre auteur : Si talia sunt peecata quæ quasi morluum ab allari removeanl, prias agenda psenitentia est. Cseterum si non sunt tarda peccala ut excommunicandus quisque judicetur non se débet a medicina dominici corporis separare. Seulement. il faut, pour sentir toute la portée du texte, aller jusqu’au bout du développement : Qui enim jam peccaki quievit, communicare non desinat. On a fait remarquer qu’en la circonstance Isidore ne faisait que reproduire une consultation d’Augustin sur la même question. Aug. epist., liv, 3. 4, P. L., t. xxxiii, col. 201. Mais, tandis que J’évêque d’Hippone, parlant des fautes qui doivent faire exclure de la sainte table, mentionnait l’action de l’autorité ecclésiastique écartant d’abord le coupable, puis l’admettant après réconciliation, l’évêque de Séville évite à dessein, dans sa réponse, tout ce qui pourrait rappeler l’intervention de cette autorité. Le coupable, semble-t-il au premier abord, pourrait régler de lui-même ses affaires avec Dieu. Ainsi conviendrait-il de ne verser ces textes au dossier de la pénitence ecclésiastique que sous bénéfice d’inventaire.

Il est bien certain, néanmoins, qu’Isidore, même s’il n’est pas le collecteur de VHispana, connaît l’institution de la pénitence canonique. Le même traité. De offlciis, au I. IL après avoir énuméré les diverses catégories de clercs, puis de moines, et avant de parler des vierges, des veuves, des personnes mariées et enfin des catéchumènes, consacre un chapitre, le xvii’col. 801-804, aux pénitents qui forment ainsi dans l’Église une classe déterminée. On y décrit surtout leur aspect extérieur (cheveux et barbe en désordre, ciliée, cendre), mais aussi les effets de cette discipline : après le baptême qui ne saurait se réitérer. l’Église medicinali remedio psenitentise subrogal adjumentum, n. 5, col. 802. Toutefois, le développement qui suit est quelque peu surprenant : nous y apprenons que c’est là un remède nécessaire aux simples fidèles, même pour ces péchés quotidiens que nul ne peut se flatter d’éviter complètement : Cujus remedii egere se cuncti agnoscere debent pro quotidianis humante frayilitatis excessibus, les prêtres et les lévites seuls en sont exemptés et ne font leur pénitence que devant Dieu ; les autres ont besoin de l’intercession solennelle du prêtre : a cseteris (psenitentia liât) antestante coram Deo solemniler sacerdote, ut hoc tegat fructuosa conjessio quod temerarius appetitas aut ignorantia’notatur eontraxisse neglectus. La fin du chapitre nous donne [es idées de l’évêque de Séville sur la valeur de la pénitence reçue au dernier moment. Incontestable-