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    1. PÉNITENCE##


PÉNITENCE. FIN DE L’AGE ANTIQUE, LES DOCUMENTS

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l’on ne court aucun risque pour l’avenir. Or, L’ensemble de la cérémonie comporte, tout comme nous l’avons vu dans le gélasien, deux parties nettement distinctes, entre lesquelles, s’il est possible, on doit maintenir un intervalle : l’admission à la pénitence et la réconciliation. La première cérémonie s’ouvre par la tonsure du postulant, l’imposition du cilice et de la cendre, le tout accompagné et suivi de psaumes, de laudes et de prières diverses, dont la rubrique dit expressément qu’en cas d’urgence on devrait les omettre. On remarquera que les trois oraisons qui terminent cette première partie sont, à peu de chose près, les mêmes que l’on trouve dans le sacramentaire gélasien pour le mercredi des cendres. S’il est possible de le faire, on marque ensuite un temps d’arrêt, qui peut vraisemblablement aller à plusieurs jours, el pendant lequel le malade suspenditur a communione. Au cas contraire, on enlève alors au pénitent le cilice, on lui met des vêtements convenables (muhttis ves.tibus nitidis) et l’on procède à la seconde partie de la cérémonie. Le Miserere ayant été chanté, le prêtre récite sur le malade l’oraison suivante qui est dénommée Completoria.

Deus misericordiarum… respice super famuluni tiium remissionem sibi omnium peccatorum poscentem. Recuira in cum quidquid diabolica fraude violatum est et uniiati corporis Ecclesiæ tuamembrum remissione perfeeta restitue. Miserere… lacrymarum et non liabenlem fiduciam nisi in misericordia tua < « / sacramentum reconciliationis eum admitte. P. 87.

Suit une bénédiction, puis la communion et une oraison. Enfin, le prêtre adresse au pénitent réconcilié une monition, l’exhortant à ne plus pécher à l’avenir ; à s’interdire toute participation aux choses séculières : nullis strculi causis te admisceas, nihil lemporale desideres, esto jam velut mortuus huic mundo. Toutes ces recommandations, qui sont de saison au chevet d’un mourant, ne prennent toute leur saveur qu’à condition que l’on réintègre ces formules dans leur cadre primitif, c’est-à-dire dans la cérémonie du jeudi saint. Mais il est bien remarquable, d’autre part, de voir les deux rites du mercredi des cendres et « lu jeudi saint ainsi ramenés à une cérémonie quasi privée. Notons enfin, pour terminer, que le Missel wisigoihique (par opposition au Liber ordinum) ne contient ni au mercredi des cendres ni au jeudi saint les rites de l’entrée en pénitence ou de la réconciliation.

Textes théologiques.

Sous cette rubrique nous

ferons figurer aussi bien les traités de théologie que les prédications ou même les indications fournies parfois par certaines lettres. Nous les grouperons par ordre géographique ; il se trouvera d’ailleurs que cet ordre recouvrira à peu près l’ordre chronologique.

1. En Afrique.

La persécution vandale qui suit de si près la mort d’Augustin interrompt de bonne heure l’activité de l’Église africaine, et quand cette activité reprendra, après la conquête byzantine, elle sera presque exclusivement orientée du côté de la controverse des Trois-Chapitres.

h’ulgence de Ruspe (468-533) est le meilleur représentant, au début du vr siècle de la théologie augustinienne, qu’il s’est parfaitement assimilée. Son traité De remissione peccatorum ad Euthymium, P. L.. t. i.xv, col. 527-574, insiste donc, tout comme l’avait fait Augustin, sur le rôle de l’Église dans la rémission des péchés ; en dehors d’elle, il est inutile de prétendre au pardon. Cf. surtout t. I, xix, col. 542 : In sola ergo Ecclesia catholica datur et accipitur remissio peccatorum. .. cui claves regni cwlorum dédit, cui etiam potestatem ligandi solvendique concessit. Mais l’orientation même que Fulgence donne à son traité le pousse à parler surtout de baptême. Il s’agit de ramener les

dissidents ariens ou donatistes à l’Église catholique, dans laquelle seule le baptême, reçu jadis en dehors d’elle, pourra opérer des fruits de salut. Mais la généralité même du principe posé par l’évêque de Buspe invile à songer aussi à l’action du pouvoir des clefs dans la pénitence. On relèvera dans l’Epislola l une consultation morale relative aux conséquences qu’entraîne, au point de vue de la vie conjugale, la pénitence revue même en cas de maladie. Le cas est nettement posé : L’épouse du consultant, dans un cas d’urgence, a reçu la pénitence : sieui plertanque contingit. accepta manus impositione. picnitentiam secundum morem que m habet i hristiana religio peregit. Le mari est-il tenu maintenant à vivre dans la continence ? Loc. cit., col. 303.

Les critiques ne sont pas d’accord sur l’attribution à l’évêque Victor de Carienna (fin du v siècle) d’un traité De pænitentia qui figure parmi les œuvres douteuses de saint Ambroise. Voir P.L., t. xvii. col. 10591094. On a, en ces derniers temps, donné à ce traité une importance considérable, parce que l’on croyait y découvrir une preuve certaine qu’à l’époque de l’auteur la « pénitence canonique » pouvait se réitérer. Voir ce qui est dit ici, article Confession, col. 861. En fait, cette exhortation, d’une assez bonne rhétorique, insiste sur le rôle du repentir dans la rémission des péchés, sur la confiance que doit inspirer au coupable la pensée de la miséricorde divine, sur la vertu de l’aveu que l’on fait de ses fautes ; la rechute même ne doit pas faire tomber l’âme dans le désespoir, le même remède qui, une première fois, a produit son effet peut encore le produire. Cf. c. xii. col. 1073. Sed ais mini : o Pecccda peecato udjeci et qui jam cadens erectus fueram, iterum cecidi et conscientes meæ vulnus. jam pêne curatum. peccaii exulceraiione recruduit. Quid trépidas ? Quid vereris ? Idem semper est, qui ante curewit, medicum non mutabis. On voit la portée de cette phrase, au cas où il serait démontré que le medicus qui a une première fois guéri le malade et qu’il convient d’aller retrouver, c’est l’évêque ou le prêtre, ministre de la pénitence. Hélas ! non seulement cette démonstration ne peut être fournie, mais il apparaît clairement par tout l’ensemble du texte que le medicus n’est pas autre que Dieu lui-même, à qui le coupable est invité à « confesser son état <. Il n’y a pas lieu de faire entrer ce texte en ligne de compte pour l’histoire de la pénitence canonique.

2. En Gaule.

Le midi de la Gaule avait vu se développer, dans la première moitié du v° siècle, une grande activité théologique dont les monastères de Marseille et de Lérins avaient été les foyers. Bien que la région ait vu passer à maintes reprises, au cours des v* et vie siècles, les envahisseurs barbares, Wisigoths. Burgondes, Austrogoths, Francs enfin, elle n’a jamais été submergée au point que les traditions, les coutumes, la culture antiques y aient brusquement disparu. Cette région est peut-être celle où se conservera le plus longtemps l’activité théologique.

Cassien, bien que mort en 435, doit néanmoins être mentionné ici, car c’est son esprit qui anime tout le monachisme de la région. On a dit. ci-dessus, col. 731. l’importance des Collationes, tant au point de vue de la doctrine du péché que de la cure à laquelle il convient de soumettre l’âme coupable. La destination même des Collationes explique comment il n’y est jamais question de la pénitence canonique, tandis qu’au contraire « l’ouverture de conscience >, envisagée comme un des moyens de la direction spirituelle, y est chaudement recommandée. Voir, pour ce dernier point : De coenob. inslit., IV. ix, Quare junioribus imperetur ut seniori suo nihil de cogitationibus suis subtrahant, P. I… t. xi.ix. col. 161 ; Collai.. II. xi. De marcore patefactarum cogitationum et de periculo