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PÉNITENCE. FIN DE L’AGE ANTIQUE. LES DOCUMENTS


oraisons sont isolées de la rubrique ne serait-il pas en rapport avec cette circonstance que lesdites prières étaient fréquemment employées, en dehors du mercredi des cendres, dans le cas de la pénitence administrée aux malades ? Quant au texte même de ces oraisons d’entrée en pénitence, on remarquera leur caractère purement impétratoire. Elles supplient Dieu de venir en aide au coupable, lequel confesse avoir péché grièvement, qui se tibi peccasse confitetur ; que la miséricorde divine veuille bien lui donner la force de pratiquer les exercices de la pénitence, ut et tibi pœnilentite excubias celebret, de travailler par là à sa propre guérison.

On s’attendrait à trouver au jeudi saint des formules plus expressives. Voir ibid., col. 1095-1097 : en fait, la tonalité générale des prières reste la même. La cérémonie commence par une demande adressée par l’archidiacre à l’évêque célébrant (dans la circonstance, il s’agit du pape) de vouloir bien prendre en considération les œuvres de pénitence accomplies par le ou les postulants. Dès lors, continue l’archidiacre, redintegra in eo quidquid corruptum est et… per dîvinm reconciliationis gratiam fac hominem proximum Deo, ut qui antea in suis perversitatibus displicebat, nunc jam placere se Domino in regione vivorum… gratuletur.

Quant à cette réconciliation elle-même, elle va s’effectuer par les prières de l’évêque (ou du prêtre, comme le remarque la rubrique). Trois oraisons se succèdent dont la première ne fait que réclamer le secours divin pour le célébrant, qui reconnaît sa propre misère et ses propres défaillances. La deuxième demande à Dieu de donner au postulant le fruit de la pénitence, c’est-à-dire la rentrée dans l’Église, du sein de laquelle son péché l’avait fait bannir, a eu jus integritate deviarat peccando. La troisième nous paraît exprimer plus particulièrement l’effet intérieur produit dans l’âme :

Deus, Inmiani generis benignissime conditor et misericordissime formator, qui hominem invidia diaboli ab a-ternitate déjection, Inici lui sanguine redemisti, viviftea ilaque quem libi nullatenus mori desideras, et qui non derellnquis <ii % mtn adsume correptum… Tu ejus medere vulneribus, tu jacenti manum porrige salutarem, ne Kcelesia tua aliqua lui corpoiis portione vastetur, nec grex tutu detrimentum sustineat, ne de famUiæ tuæ damno inimicus exultet, ae renatuni lavacro salutaii mors seconda possideat. Tibi ergo, Domine, supplices preces, tibi Met uni cordis elîundimus. Tu parce confitenti, nt in imminentes peenas sententiamque futori jmlicii.te miseranle, non incidat. Xesciat quod terret m tenebris, quod stridet in fiammis, atque ab erroris Yia ad iter revenus Justifia ; nequaquam ultra novU vulneribus siimii tur. sed integrum sil ci atque pcrpctuum et quod gratin tua contulil et quod tnisericordia reformavit. Fer Dominum, etc.

Les oraisons qui suivent, et qui sont introduites par la rubrique : Hem <id recoin iliandum pwnilenlrm n’ajoutent aucune idée nouvelle ; il s’agit toujours d’une prière instante à Dieu de pardonner au coupable, de le délier des chaînes où son iniquité le tient, de le ramener des ténèbres a la lumière, de fournir un remède à ses blessures, « le manière que l’Église puisse Ir dans son sein. Il faut au moins citer la finale : Ecclesim tu « puri ftcalum restitue, ni


ai rami mi m ni ( oncili m ionis admissua, una nobtseum tancto nomini tuo gratta » agere mereatur. On notera que toutes ces prières figurent encore au pontifical actuel, lll partie, n. 2, De exputaione publtca ptenitenlium ab Ecclesia, ferla tv* cinerum, et n..’{. li> reconciliatione pmnitentium qute fit in ferm i Domini.

ii formule de réconciliation pour le pénitent h’le de la mort qup. dans |( s.i, rament ai i r

oit les "r. lisons ci-dessus, u déroule selon un

dessin analogue ; elle fait mention aussi, dans sa finale. du særamentum reconciliationis. Ibid., col. 1098. r) Le sacramentaire grégorien, postérieur au gélasien, ne contient aucun de ces rites, aucune de ces formules. Simple constatation qui ne préjuge en rien du fait de la conservation dans la pratique des cérémonies en question à la période qui a suivi saint Grégoire.

2. Liturgie gallicane.

On en dira autant de celle-ci, mais les textes qui ont conservé cette liturgie sont d’origine plus tardive. Relevons au moins qu’ils témoignent encore de l’existence d’un ordo pœnitentium. Le Missale gothicum et le Missale Francorum donnent l’un et l’autre, pour la vigile pascale, une série d’oraisons analogues à celles que nous disons aujourd’hui le vendredi saint, après la lecture de la passion, et où nous prions pour les diverses catégories de personnes. Après les oraisons pour les voyageurs, pour les malades, il s’en trouve une, dans le Missale gothicum pour les pénitents, précédée de sa monition :

Monition : Confitentes bonitatis ac misericordiae. Deum, qui peccatorum niavult pamitentiam quam mortem, communicatis precibus ac fletibus pro fratribus ac sororibus nostris, Domini misericordiam deprecemur, uti eos peccati sui crimina confitentes a bonitatis sua 1 venia non repellat.

Oraison : Rex gloria ?, qui non vis mortem peccatoris sed ut convertatur et vivat, da nobis peccatorum labe pollutis pamitentiam, simul ut Itère cum llentibus et dolentibus et cum gaudentibus gaudere possimus. P. L., t. lxxii, col. 272.

Le texte de l’oraison du Missale Francorum est peut-être plus expressif.

Tribue, Domine, munere fontis exutis ut fidelis pænitentise prsemiis iterum glorientur. Ibid., col. 3(17.

3. La liturgie wisigothique. C’est dans le Liber ordinum de l’Église wisigothique, publié récemment par dom Férotin, que sont le mieux conservés les rites et les formules de la pénitence. A la vérité, dans son état actuel, le Liber provient d’une période un peu postérieure à celle que nous étudions (cours du VIIe siècle), mais il y a toutes chances pour que bien des formules proviennent de l’âge précédent. Voir l’édition de dom Férotin dans Monumenla Ecclesiæ lilurgica, t. v, Paris, 1904.

Le Liber ordinum correspond sensiblement à ce que serait la combinaison de notre pontifical et de notre rituel ; la I™ partie donne successivement les rites et prières de la bénédiction de l’huile, du baptême, de l’ordination, de la bénédiction des vierges, de l’onction des infirmes, de la bénédiction des veuves et des coiwersarum. de l’ordo peenitentiæ et reconciliationis, de la sépulture, etc.

Laissons de côté, bien qu’il présente un réel intérêt, le rite intitulé ordo conversorum conversarumque (nous serons amené à y revenir, col. 834). et signalons d’abord Voratio uiatica super inftrmum juvenem. Il s’agit d’un malade en danger, mais à qui l’on n’ose point donner le rite de la pénitence et de la réconciliation, parce qu’il est encore jeune et qu’en cas de guérison on ne veut pas l’exposer aux séquelles de la discipline canonique. On prie Dieu néanmoins de le regarder avec bonté : al cui nos pro juvciuli « laie l’el incerta professione fugum ptenitentia imponere min m m mis hujus supplicationis uiatica professione SUbventas, eique rommunionem dominici corparis et sanguinis Impertias. Cette prière est. comme on le volt, une préparation à recevoir la communion en viatique.

L’Ordfl pmnitenliæ qui suit règle, lui aussi, la in. i nière de donner la pénitence a un malade, niais qui est dans des Conditions telles qu’il puisse, en cas de

survie, se soumettre aux obligations canoniques, ou

bien dont la mort prochaine est tellement assurée que