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PÉNITENCE. LES IVe ET Ve SIÈCLES, LES DOCUMENTS


saint Augustin s’explique sur la pénitence et sa signification étaient entendus par les catéchumènes. On n’y remarque jamais aucune de ces allusions à la loi de l’arcane qui sont si fréquentes dans les instructions où il est amené à parler de l’eucharistie. Il n’y avait nul besoin, au lendemain du baptême, d’attirer l’attention des néophytes sur la pénitence.

c) C’est naturellement dans l’œuvre de saint Augustin que l’on a le plus de chances de rencontrer, sur le fonctionnement de la discipline pénitentielle et sur les doctrines que cela suppose, les renseignements les plus abondants.

A la vérité, l’exposé de ses idées sur la pénitence n’est fait nulle part d’une manière systématique et, si l’on peut dire, ex professo, sinon dans VEnchiridion (de 421), sous forme d’exposition de l’article du symbole, Credo remissionem peccalorum, n. 64-83, P. L., t. xl, col. 262 sq. Comme il arrive souvent chez saint Augustin, la pensée y est parfois un peu touffue. Plus net de dessin est l’opuscule appelé Sermo ad calechumenos, qui est aussi un exposé du symbole baptismal ; voir n. 15-16, ibid., col. 635. On ne peut négliger le De ftde et operibus (un peu antérieur, 413), bien qu’il traite plutôt des conditions d’admissibilité au baptême, car Augustin est amené à s’y exprimer sur l’accord que l’on doit faire régner entre la foi et les actions, et cela l’entraîne à parler en passant des fautes commises après le baptême ; cf. surtout n. 34 et 48 (passage capital), P. L., t. xl, col. 220, 227.

Mais Augustin s’est exprimé maintes fois sur la pénitence, soit dans les instructions générales où assiste toute la communauté, soit dans les catéchèses préparatoires au baptême. Voici, parmi beaucoup d’autres, les passages qui ont plus spécialement retenu notre attention : Serm., iv, 35, P. L., t. xxxviii, col. 51 ; xvii, 3-5, col. 125 sq. ; xxix, 3-4, col. 186 ; xlii, 1, col. 252 ; lvi, 11-12, col. 381 sq. ; lviii, 6-10, col. 395 sq. ; lxxxii, 9-15, col. 510 sq. ; xcviii, 6, col. 594 ; ccxiii, 8, col. 1064 ; ccxxxii, 8, col. 1111 ; cclxxviii, 4-14, col. 1270 sq. ; ccxcv, tout entier, col. 1348 sq. ; cccli, t. xxxix, col. 1540 sq., très important (l’authenticité a été suspectée par Érasme) ; ccclii, col. 1549 ; cccxcii, col. 1709 ; cccxciii, col. 1713 ; In ps. ci, serm. ii, n. 3, t. xxxvii, col. 1306.

A quoi l’on pourra ajouter quelques-unes des lettres : Epist., cli, 9, t. xxxiii, col. 650 (souvent alléguée, à raison de l’incident du comte Marcellin) ; cliii, 6-9, col. 655 ; ccxxviii, col. 1013 (le clergé peut-il fuir ?), etc., etc.

On a dit plus haut, col. 734, qu’il a circulé, à partir du xie siècle un ouvrage De vera et falsa psenilentia attribué à Augustin, P. L., t. xl, col. 1113-1150. Il n’a aucun droit, tout le monde le reconnaît depuis longtemps, à figurer parmi les œuvres de ce docteur. Si l’attribution à Augustin est l’effet non pas du hasard (caprice de copiste, par exemple), mais d’une intention voulue, cela témoigne des lacunes que certains théologiens du xie siècle trouvaient dans l’œuvre augustinienne et qu’ils ont voulu combler. De la sorte, le De vera et falsa psenitenlia est un témoin négatif pour la doctrine d’Augustin : remarquer en particulier son insistance sur la réitération de la pénitence et sur l’absolue nécessité de la confession, la répartition si nette : à péchés publics, pénitence publique, à péchés occultes, pénitence occulte. Toutes thèses où, vraisemblablement, Augustin ne se serait pas reconnu.

Renseignements fournis de l’extérieur.

Sous

cette rubrique, nous rangeons quelques témoignages indirects, apportés par les historiens, et qui peuvent nous éclairer sur la pratique de la pénitence.

1. La pénitence de Théodose.

Tout le monde connaît l’histoire de la pénitence publique imposée

par saint Ambroise à l’empereur Théodose à la suite du massacre de Thessalonique.

La narration classique est dans Théodoret, H. E., V, xvii-xviii ; elle est très dramatique : Au moment où l’empereur, à Milan, se prépare à entrer dans la basilique, Ambroise se présente devant lui en dehors du portique, et lui interdit l’entrée dans l’atrium (tûv lepcôv 7tpo7U>XxLwv èxwXuæv) par un discours enflammé se terminant par ces paroles : ’< Sors donc, ne tente pas, par un second crime, d’augmenter le premier ; reçois le lien (accepte l’interdiction ) que Dieu lui-même ratifie (8é%ou tov Sea^ôv, $ 6 0£oç… av « 6sv YÎY VST0Ct « Jojjujflijçoç) ; c’est le remède qui seul peut donner la santé. » L’empereur se retire, mais, au moment de la fête de Noël, il est repris de la nostalgie de l’église, il gémit en même temps à la pensée que le lien que le pontife lui a mis l’empêche d’arriver au ciel : le ciel, dit-il, m’est donc fermé ? Un des amis du souverain, Rufin, s’offre comme intermédiaire entre lui et l’évêque, prend les devants, essaie de fléchir Ambroise ; vains elïorts. Arrivant sur les talons de Rufin, Théodose rencontre l’évêque, toujours bien décidé à ne pas l’admettre aux saints mystères. Un dialogue s’engage entre eux, où l’évêque demande à l’auguste solliciteur quelles preuves il a données de son repentir, quels remèdes il a mis en œuvre pour hâter la guérison d’une blessure si profonde. Et l’empereur de dire : « C’est votre affaire de m’indiquer et de me préparer les remèdes ; à moi ensuite de les mettre en œuvre. » Et Ambroise lui demande de rédiger une loi mettant un délai entre les sentences capitales et leur exécution, Théodose en prend l’engagement sur l’heure : Alors, l’évêque le délie desonlien.SiéXuasTOv Ssajvov ; l’empereur est autorisé à entrer dans l’église, mais ce n’est ni debout, ni même à genoux, c’est prosterné sur le pavé qu’il supplie Dieu, en répandant des larmes abondantes. Au moment de la communion, il est admis à participer aux saints mystères, non sans s’être attiré une nouvelle observation d’Ambroise, à cause de la place qu’il avait prise.

Visiblement Théodoret a dramatisé une scène que les premiers témoignages présentent de façon plus simple. Voir S. Ambroise, Epist., li, P. L., t. xvi, col. 1209-1214 ; Oralio de obilu Theod., n. 34, ibid., col. 1459 ; Paulin, Ambrosii vita, n. 24, t. xiv, col. 37 ; et en dépendance de ceci : Rufin, H. E., x, 18, t. xxi, col. 525 ; S. Augustin, De civil. Dei, V, xxvi, t. xli.coI. 173 ; Sozomène, H. E., VII, xxv, P. G., t. lxvii, col. 1493. L’essentiel est dans le mot de saint Ambroise : Stravit omne quo utebatur insigne regium, deflevit in ecclesia publiée peccatum suum, quod ei aliorum fraude obrepserat : gemitu et lacrymis oravil veniam. Quod privati erubescunl, non erubuit imperalor, publiée agere psenitentiam : neque ullus postea dies fuit quo non illum dolerel errorem. De obitu Th., toc. cil. Mais la description de Théodoret est intéressante ; elle nous montre comment, cinquante ans plus tard, un évêque d’Orient se représentait les choses ; elle met en pleine lumière les divers actes de la pénitence publique, et les rattache au pouvoir de lier et de délier que possède l’Église.

2. La suppression du pénitencier à Constantinople.

— Une narration de Socrates sur un gros scandale arrivé à Constantinople a été citée bien souvent aussi. Comme on en a tiré les arguments les plus divers, il faut la rapporter aussi exactement que possible. H. E., V, xix, P. G., t. lxvii, col. 613 sq.

La chose, dit notre historien, se passa sous l’épiscopat de Nectaire (381-397) et dans les dernières années de Théodose († 395).

A ce moment, on décida de supprimer les prêtres pénitenciers, roi ; Êiti tr, ; [ju-avoi’a ; Tipea’ë'jTEpo’Jî. Voici pour-