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PÉNITENCE. LE III* SIECLE, LA PRATIQIJK


Deus non irridetur. Ainsi, pour Gyprien, il ne saurait faire de doute que toute faute grave, même secrète, même purement interne, ne soit justiciable de l’institution pénitentielle.

3. La procédure.

a) La confession. — Dans ces conditions, l’aveu provoqué ou spontané constitue la première démarche de la procédure pénitentielle. Ainsi, la confession, pour parler le langage d’aujourd’hui, occupe-t-elle la première place, au point de vue chronologique, dans les démarches du pénitent. C’est évidemment l’évêque, chef de la communauté, qui est désigné pour la recevoir. Toutefois, le fait que, pendant la persécution de Dèce, Cyprien s’est réfugié dans une retraite inaccessible et que, -néanmoins, des admissions à la pénitence (suivies ou non de réconciliation), ont eu lieu en son absence, ce fait montre bien qu’à défaut de l’évêque les simples prêtres avaient été habilités à recevoir ces aveux. Même idée dans plusieurs textes d’Origène signalés plus haut. Qu’en plusieurs cas, surtout quand la faute avait été publique, la reconnaissance par l’ayant cause de sa culpabilité ait eu lieu devant l’évêque entouré de son conseil prcsbytéral, il n’y aurait pas lieu de s’en étonner. Ne nous embarrassons pas trop ici de l’idée plus moderne du secret sacramentel, idée corrélative à une autre forme de la discipline. De certains textes d’Origène, on pourrait conclure que certains fidèles, coupables de fautes secrètes, commençaient par s’adresser, en toute confidence, à un prêtre, qu’ils mettaient au courant de l’état de leur âme ; à lui de voir comment il conviendrait de procéder ultérieurement. La Didascalic syriaque, au contraire, nous fait assister à l’entrée d’un indigne dans l’assemblée et à son expulsion. Modalités variées d’une même procédure.

b) La satisfaction. — Aussi bien, qu’il ait élé secret, semi-public ou public, l’aveu aboutit régulièrement à l’exclusion du coupable, exclusion d’une durée plus ou moins longue. Dans le De lapsis et dans plusieurs des lettres, Cyprien considère comme une énormité la conduite de certains de ses prêtres qui, sur la recommandation des confesseurs de la foi, ont admis d’urgence à l’offrande et à la communion eucharistique des fidèles lombes dans l’apostasie. Loc. cit., c. xv sq. ; Epist., w (10)i xvi (9). Il n’est pas dit que ces malheureux n’avaient pas confessé leur faute, ne s’en étaient pas humiliés ; la démarche faite par eux auprès des confesseurs de la foi, le billet qu’ils rapportaient, tout cela était un aveu. Ce qui paraît inouï à l’évêque de Cartilage, c’est que ante offensam placatam Domini, ils aient osé communier. Ils ont fait par là violence au corps et au sauf.’du Seigneur.

Car, précisément, l’exclusion du coupable n’a pas senti nient pour effet de lui imposer un sérieux retour sur lui même : elle l’oblige à se soumettre, tant en publie qu’en pari Iculler, à des exercices de pénitence el

d’humiliation qui sont la condition même « le sa rentrée en grâce. I.a satisfaction, que la pratique modern reléguée ; iprés le pardon, se silue ici avant lui. Cettl satisfaction comprend, d’une, part, les macérai ions que s’impose le pénitent dans la vie courante. Cf. Tertullirn. Dr panii., c. i. 3 5. Elle comporte aussi des humiliations publiques. Tertullien, ibid., n. i. el De pudic., xiii, 7 Tu Introduis, dit celui ci, s’adressanl "que d’une’ommunauté catholique, tu Introduis lans l’église, pour supplier ses frères, l’adultère péni

touilles en public couvert d’UH cilire. OUillé de cendres, (huis une attitude humiliée ei

propre a Inspirer l’épouvante, devant les veuves et le

s. n cherche a attirer sur soi les larmes de tons.

Il U’I" la Ira}}e de l< nrs pas, il embrasse leurs genoux…

Ainsi, tu remplis les autres de crainte au moment où tu

[dos indulgent I al OM la part de la rhétorique

dans cette descriptli i pénitent cet tout au moins

humilié par sa relégation, soit en dehors même de l’église, soit dans un endroit particulier, qu’il devra quitter d’ailleurs au moment où commence proprement la célébration eucharistique. A l’époque suivante, on constatera une assimilation à peu près complète du pénitent au catéchumène, et la liturgie aura pour 1 une et l’autre classes de ces demi-chrétiens des oraisons spéciales, des cérémonies particulières, consistant surtout en impositions des mains. Ne préjugeons rien encore pour la période qui nous occupe De toute façon, le pénitent est condamné à des humiliations publiques, qui peuvent être pénibles. Ici encore, songeons aux pratiques imposées aujourd’hui même dans nombre d’instituts religieux.

c) La réconciliation. — La satisfaction a pour effet de préparer le coupable à la réconciliation, à la rentrée dans la jouissance complète de ses droits de chrétien, y compris la participation au corps et au sang du Seigneur. S’écoule-t-il un temps considérable entre l’exclusion et la réconciliation ? Il est difficile, pour ne pas dire impossible, de donner une réponse générale. Morin, qui ne connaissait pas tous les documents qui ont été versés depuis aux débats, avait eu néanmoins une intuition fort juste ; il s’était rendu compte que les délais entre les deux actes avaient été beaucoup moins longs dans l’ancienne discipline qu’à une époque plus récente, au iv° siècle par exemple. Il avait rendu le montanisme et le novatianisme responsables de cet allongement de la durée de la satisfaction. L’idée est exacte, à condition qu’on la complète par cette autre, qu’après la paix de l’Église il a été nécessaire de renforcer les barrières pénitentielles (celles aussi du catéchuménat).

La lettre iv (62) de saint Gyprien nous donne une description assez précise de ces diverses phases de la pénitence, et permet de se faire quelque idée des délais en question. Il s’agit ici d’un scandale qui vient d’éclaterdans une Église du voisinage et ausujet duquel Cyprien est consulté. Des vierges consacrées à Dieu par vœu perpétuel ont eu avec des jeunes gens, dont l’un était diacre, de telles intimités que l’on peut, à juste titre, se demander si elles ont gardé leur honneur. Réponse de Gyprien : la faute d’une vierge consacrée à Dieu est assimilable à l’adultère. Or, à cette époque, en Afrique, l’adultère n’entraîne pas l’exclusion définitive ; cf. Epist., lv (52), n. 20-21. Il y a donc lieu de faire passer les coupables, garçons et filles, par les diverses étapes de la pénitence. Laissons le cas des garçons, qui n’est pas autrement précisé. Celui des vierges est bien discuté. Ou bien l’une ou l’autre a laissé sa virginité dans l’aventure : alors elle fera pénitence pleine (selon toutes les règles), et c’est seulement après le temps qui sera jugé convenable, qu’elle rentrera dans l’église par la cérémonie de l’cxomologèse, agat peenitentiam plénum… et eestimalo juslo temporc poslea exomologesi fada ad ecclesiam redeat. Quant à celles pour qui l’examen médical aura démontré qu’elles n’ont pas été matériellement déflorées, on pourra les admettre à l’église, étant bien entendu que, si elles s’exposaient ultérieurement à de nouvelles occasions du même genre, le pardon leur serait moins facilement accordé : si virgines inventée fucrinl, accepta cotnmunicatione ad ecclesiam admiltantiir, hac tanirn interminallone ut, si ad cosdem rnasculos poslinodum l fuerint, ..gravion censura ejiciantur nec in ecclesiam postmodum tales facile recipiantur.

Ainsi, dans nn eas.il y a entre l’exclusion et la IClliatiOn un délai assez considérable, qui n’est

d’ailleurs pas précisé ; dans l’autre, sitôt l’affaire éclaircie, on pourra procéder, sans autre relard, à l’admission des coupables. Les ternies de Cyprien indiquent d’ailleurs assez que, en attendant les résultats

de l’enquête, toutes nos Imprudentes onl été n