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    1. PÉNITENCE##


PÉNITENCE. LA PÉRIODE ARCHAÏQUE

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point (à leur disposition) la pénitence des péchés, elles n’ont que le pardon de leurs fautes antérieures (au baptême) ». En d’autres termes, pour ces deux catégories, croyants de demain ou d’hier, il n’y a pas lieu de chercher un remède à leurs transgressions possibles, il faut s’en tenir à la doctrine rigide énoncée par les docteurs : elles reçoivent, dans et par le baptême, la rémission totale de leurs fautes, après quoi elles doivent vivre dans la pureté parfaite. Leur faire entrevoir maintenant, au lendemain et à plus forte raison à la veille de leur baptême, que des facilités de pardon ultérieur peuvent leur être accordées, c’est proprement donner une prime à la lâcheté. Mais il reste une troisième catégorie de fidèles, ceux qui ont été appelés au christianisme, au baptême, à la rémission des péchés voici longtemps déjà. « Pour ceux-ci, toTç x"ki)Qzïai Trpô toûtwv tcov ïjuxpcôv, Dieu a institué une pénitence. » Il connaît l’humaine faiblesse et les attaques dont elle est l’objet, et, dans son infinie miséricorde, « il a institué cette pénitence ; c’est à moi qu’il en a confié l’administration. Ainsi donc, je te le déclare, si quelqu’un après ce grand et solennel appel (xX^aiç) a cédé aux tentations du diable et est tombé dans le péché, il a à sa disposition une pénitence, mais une seule, uiav (ZETdtvotav ïx sl’mais s’il retombe aussitôt après pour se repentir ensuite, c’est bien dangereux pour un tel homme, il arrivera difficilement à la vie. » Cf. la même idée dans SimiL, IX, xxvi, 6, qui est tout aussi nette : « Ce que je dis ne s’applique pas aux jours à venir ; qu’on n’aille donc plus renier le Seigneur et recourir ensuite à la pénitence. Car il n’y a plus de salut pour quiconque, désormais, reniera son Maître. Mais ceux qui l’ont renié, dans le passé, semblent avoir encore la ressource de la pénitence. »

II nous paraît bien que tout le développement que l’on vient de lire s’applique exclusivement aux chrétiens de vieille date, appelés jadis à la foi et au baptême ; si, après cet appel auquel ils ont répondu, il leur est arrivé de pécher, il leur reste aujourd’hui une chance de salut, mais une seule : accepter le message de pénitence que l’ange vient leur apporter. C’est ainsi que le comprend Hermas, qui est précisément dans le cas, car, sitôt entendues les paroles de l’ange, il s’écrie tout joyeux : « Je reviens à la vie après les explications si claires que vous me donnez : je sais maintenant que, si je ne commets pas de nouveaux péchés, je serai sauvé. — Tu le seras, reprend l’ange, toi et tous ceux qui agiront de même. »

Ainsi, laissant de côté la considération des chrétiens de demain et d’hier, l’ange de la pénitence propose aux chrétiens de vieille date qui ont péché un moyen de salut qui leur est spécialement réservé. Ce moyen de salut est extraordinaire. On a parlé, non sans quelque emphase, d’une sorte de jubilé annoncé par l’ange ; à coup sûr, le sens obvie de ses paroles bien qu’il y ; i pour les vieux pécheurs une occasion à saisir qui ne s’est pas encore présentée et qui ne se représentera plus. Même en faisant la part de ce qui revient, dans les paroles de l’ange, au souci de ne pas donner une prime à l’infidélité des néophytes, il est difficile de lui faire dire que, la rémission des péchéi ayant été obtenue dans le baptême, il a toujours de il il iera toujours loisible à ceux qui pèche root ensuite de recourir à la pénitence. lit, d’ailleurs. reste t il encore tant de temps m ire à l’humamli’Le perspective de la parousie prochaine, du Jugemenl

qui va bientOl venir. f ;.j| le fond de tableau de plu

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vos dnm adhill tnrris irilificritur. Alors à quoi hou

légiférer pour l’avenir ? C’est vers le passé que se porte exclusivement le souci de l’ange de la pénitence.

Ces anciens fidèles, qui ont « perdu le sceau de leur baptême », soit par des fautes secrètes, soit par des péchés scandaleux qui les ont fait exclure de l’Église, avaient-ils, jusqu’à présent, à l’estimation d’Hermas, un moyen assuré de rentrer en grâce avec Dieu et, au besoin, avec l’Église ? L’exclamation de joie poussée par Hermas, après les paroles de l’ange annonciatrices du jubilé, semble bien faire penser que non. Sans doute, depuis longtemps déjà, Hermas regrette personnellement ses fautes, il ne manque pas l’occasion de les confesser devant Dieu. Vis., i, i, 3 ; III, , i, 5. Ce qu’il ne peut obtenir, jusqu’au moment du message de l’ange, c’est l’assurance que ses fautes lui sont remises. Après la joyeuse nouvelle que le pardon peut lui être accordé, il se sent revenir à la vie, è^iùonoiifiriv. A plus forte raison, ceux-là ont-ils occasion de reprendre espoir qui, ayant été exclus de l’Église, obtiennent l’assurance qu’ils pourront y reprendre leur place. Moellons cariés et avariés, arrachés de la tour dont ils déparaient l’ordonnance, ils ont espoir de formera nouveau les assises du mystique édifice. Nous ne pouvons dire si les suggestions d’Hermas adressées aux autorités compétentes ont été suivies d’effet, si le’jubilé » a été proclamé par qui de droit. Il reste que le message du Pasteur a pu faire renaître la confiance en bien des âmes.

Mais ce que l’on aimerait surtout à connaître, c’est le moyen dont Hermas suppose la mise en œuvre pour opérer la réconciliation des coupables avec Dieu et avec l’Église. Considérons d’abord les pécheurs officiellement exclus de la communauté, on ne voit pas bien comment ils pourraient être réconciliés avec l’Église sans un acte positif de celle-ci. De même encore pour ceux qui, sans avoir été judiciairement écartés, se sont fait justice eux-mêmes en se ségrégeant de la communauté. On ne les voit pas, eux non plus, reprenant leur place dans l’assemblée chrétienne sans quelque intervention ecclésiastique. Hermas reçoit l’ordre de transmettre à deux personnes qui semblent avoir autorité dans l’Église, Clément et Graptè, le premier message qu’il a reçu. Vis., II, iv. 3. Ceci constitue au moins une indication qu’il faut relever. Reste la masse considérable de ceux dont les fautes demeurées secrètes n’ont point modifié, nous sommes en droit de le supposer, leurs relations extérieures avec la communauté. Le Pasteur laisse-t-il entrevoir une intervention del’Lglise dans leur réconciliation avec Dieu ? Quelques critiques l’ont pensé, ils se sont efforcés d’interpréter en ce sens les indu cations du livre relatives aux pierres qui, ayant été enlevées de la tour, y reprennent finalement place après un traitement approprié, ce traitement serait la désignation métaphorique des exercices pénitentiels au terme desquels le chrétien coupable pourrait être de nouveau admis à la participation intégrale aux biens spirituels. Tout ceci nous paraît bien aléatoire, quand il s’agit du cas spécial que nous envisageons maintenant. Si une idée de ce genre avait pris corps chez notre auteur, on ne comprendrait pas qu’elle ne s’exprimât jamais clairement : « Quant à tes fautes passera, lui dit l’ange, elles te seront remises si tu observes mes commandements et tous obtiendront ce

même pardon, pourvu qu’ils suivent ces préceptes et marchent dans la voie de la chasteté, telle que je viens de la tracer. ^ Manil.. IV. IV, t. Ne faut-il pal tenir compte d’affirmations aussi catégoriques que celles-ci ?

En définitive, le Pasteur es1 loin de satisfaire toute

notre curiosité. S il est précieux en ce qu’il affirme la vertu du repentir, son cllic ; iciie pour réconcilier

1rs.nues : iec Dieu, il ne nous renseigne guère sur le