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PÉNITENCEREPENTIR. DOCTRINE DE L’ÉGLISE


situation qui était familière aux Pères de l’Église et que, d’ailleurs, le développement des missions allait rendre de nouveau fréquente. Comment, de son état a d’impiété », cet adulte va-t-il passer à celui de justice, à l’état de grâce ?

Le c. v commence par déclarer que, dans ce mouvement, c’est la grâce prévenante qui joue le grand rôle, et qu’il n’y a pas à tenir compte de mérites au sens strict du mot. La conversion est d’abord œuvre de Dieu, Denz.-Ban., n. 797 ; ceci pour couper court définitivement aux calomnies des réformateurs contre la doctrine catholique. Le c. vi (voir le texte et la traduction, t. viii, col. 2178) décrit ensuite la série des actes qui se déroule chez celui qui se convertit. Visiblement, la description s’inspire de saint Thomas, cf. ci-dessus, col. 736. Au point de départ la foi, qui fait adhérer tant à la révélation en général, qu’aux divines promesses qui assurent à l’impie sa justification ; cette foi ne peut manquer de faire pénétrer dans les âmes une crainte salutaire : dum peccatores se esse intelligentes a divinæ justifiée timoré quo utiliter concutiuntur, crainte que la considération des promesses divines vient aussitôt tempérer de quelque espoir : ad considerandam Dei misericordiam se converlendo in spem eriguntur. Confiantes en Dieu, qui, en vue des mérites du Christ, leur sera propice, elles éprouvent un commencement d’amour de Dieu, source de toute justice : illum tanquam omnis justitiæ fonlem diligere incipiunt ; ceci les anime contre le péché de quelque haine et détestation ; telle est la pénitence qu’il faut faire avant le baptême (selon le conseil de Pierre dans les Actes, ii, 38) ; ce propos de recevoir le baptême s’accompagne de celui de commencer une vie nouvelle en observant les commandements divins.

Voilà donc le processus qui amène à la justification première. Le c. xiv, De lapsorum reparatione, prenant les choses d’un point de vue plus courant, traite de la seconde justification, qui restaure dans le baptisé la grâce perdue par la faute mortelle ; anticipant sur ce qui sera dit ultérieurement au sujet du sacrement de pénitence, le chapitre enseigne que cette restauration dans la grâce est possible, mais qu’elle ne s’obtient, de façon normale, que dans et par le sacrement.

Parmi les canons de la même session qui appuient sur la doctrine de la pénitence, citons seulement les suivants :

(jtn. M. Si quis dixerit gchennae metum, per quein ad misericordiam Dei de peccatis dolendo confugimus vel a peccando abstinemus, peccatnm esse aut peccatores pe jori s tacere, . s

i..m. 9. Si quis dixerit, tola lide impium justilicari, iia ut intelligat nihil aliud

reqiliri, quod ar] justilicat i<>nil gratiam consequendam eooperetur, et nulla ex parte necetSC esse eum sua ; volun-’tiotu prseparari atque dliponi, A. S. 1 n. 818-819.

Si quelqu’un dit que la crainte de l’enfer qui nous fait recourir avec douleur à la miséricorde divine ou nous abstenir du péché est un péché ou nous rend pécheurs pis qu’auparavant, qu’il soit anathéme.

Si quelqu’un dit que la foi seule justifie l’impie, eu entendant par là que rien d’autre n’est requis, qui coopère à l’acquisition de la grâce justificatrice, et qu’il n’est nullement obligatoire que l’impie s’y prépare et s’y dispose par un mouvement de sa volonté, qu’il soit anathéme.

I irons en. suivant la ré^le des contradictoires, que

la crainte de Dieu est un motif légitime du repentir, que celui-ci, d’autre part, n’est pas exclusivement constitué par la confiance en la miséricorde de Dieu

(tola Odes), qu’il v faut un mouvement de la volonté qui détache le pécheur de sa faute et le fasse se k tourner i I

b) A la session i/i La doctrine qui j est r xpo-’nu nt de pénitence ; mais comme le

repentir est, en dernière analyse, la matière de ce sacrement, les Pères ont été amenés à exprimer les vues de l’Église sur ce point.

Le c. i expose précisément les rapports entre pénitence-repentir et pénitence-sacrement. En dehors de toute institution sacramentelle, dit-il, " le repentir a été nécessaire à tout homme souillé par le péché mortel pour obtenir la grâce justifiante ». Il l’est pour qui demande le baptême ; il lui fait rejeter et amender sa perversité et détester l’offense énorme commise envers Dieu, ce qui implique la haine du péché et une pieuse douleur de l’âme. Tout est à relever dans cette définition si courte et si pleine de l’acte du repentir : ut perversitate objecta et emendata tantam Dei offensionem cum peccati odio et pio animi dolore delestarentur. Au point de départ, le rejet du péché et le désir d’amendement : la conduite antérieure n’a pas été raisonnable et doit être rectifiée ; ceci nous maintient encore dans le domaine philosophique. Mais cette conduite a été une offense considérable contre Dieu, d’où un sentiment nouveau : le péché, on ne le regrette plus simplement, on le hait ; au souvenir du Dieu très bon qu’il a offensé, on en conçoit une pieuse douleur ; pourquoi pieuse, sinon parce qu’elle implique, comme le disait déjà le c. v de la session vi, un corn mencement d’amour de Dieu ? On remarquera que notre texte ne fait pas d’allusion à la crainte qui, dans le texte précédent, est mise au point de départ du mouvement de l’âme contre elle-même. Mais le concile n’avait pas pour objet de décrire ici, au complet, ce mouvement qui avait été analysé déjà à la session vi. Il lui suffit de marquer que cette pénitence est l’indispensable remède au péché mortel et que, pour être diversement envisagée dans le cas de l’adulte qui se prépare au baptême et dans le cas du chrétien pécheur et repentant, elle ne laisse pas d’être l’apport nécessaire de l’homme dans l’un et l’autre sacrements. C’est ce que développent les chapitres suivants, parmi lesquels nous ne retiendrons plus que le c. iv, De contrilione, la contrition n’étant rien d’autre que le repentir considéré en tant qu’il fait partie du sacrement. Le concile ne fait guère qu’y expliciter ce qu’il avait sommairement indiqué au c. I er.

La contrition qui tient la première place parmi les actes du pénitent est une douleur de l’âme et une détestation du péché commis avec la résolution de ne plus pécher à l’avenir.

Et, après avoir insisté sur sa nécessité générale, et son rôle dans le sacrement, le concile poursuit :

Déclarât igitur sancta syLe concile déclare donc

nodus liane contritionem non que cette contrition implique

solum cessationem a peccato non seulement l’abandon du

et vitæ novoe propositum et péché et la résolution de me inchoationem, sed veteris ner une vie nouvelle, mais

etiam odium continerc. encore la haine de la vie ancienne.

Les exemples scripturaircs classiques, Ez., XVIII, 31 d’une part (voir ci-dessus, col. 726), et, d’autre part. Ps. L, 6 ; vi, 7 ; Is., xxxviii, 15, sont apportés pour justifier l’existence dans le repentir d’un double état psychologique, l’un plus volontaire : décision de changer de vie, l’autre plus affectif : haine et détestation. Le reste du chapitre est consacré à la distinction, désormais classique, entre la contrition que la charité rend parfaite, COnlrtlio rarilate prr/reta, et la contrition imparfaite, dite attrition, dont les motifs sont briè Vement décrits : considération de la laideur du pèche, crainte de l’enfet et des autres peines, le tout s’accompagnanl d’un espoir du pardon qui exclut l’aller tion au péché.

Contritio, quæ primum locum inter dictos pænitentis actus habet, animi dolor ac détestât io est de peccato commisso, cum proposito non peccandi de futuro.