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    1. PÉNITENCE-REPENTIR##


PÉNITENCE-REPENTIR. LES PÈRES

r.vi

également d’une Adhorlatio ad pœnitentiam d’Astérius d’Amasée, P. G., t. xl, col. 352-370 ; l’auteur, après avoir, contre les rigoristes, revendique la possibilité du pardon, insiste avec force, dans sa seconde partie, sur la nécessité, pour les pénitents, de changer radicalement de vie. Voir col. 365 D sq.

Pour s’exprimer de manière moins oratoire, les Conférences de Cassien exposent, elles aussi, d’une manière très complète, les aspects divers du repentir. Toute la Collât, xx est consacrée à la pénitence et à la satisfaction. P. L., t. xlix, col. 1149 sq. Aussi bien, dans la vie spirituelle que Cassien veut promouvoir en ses communautés, le regret du passé, l’amendement en vue de l’avenir jouent-ils un rôle des plus considérables. Le but à atteindre, c’est la rupture si complète avec le péché que le souvenir de celui-ci ne vienne même plus troubler l’âme du converti ; tant que ce souvenir revient encore, semble dire Cassien, c’est un signe que toute attache à la faute n’a pas encore disparue. Fort intéressants aussi les développements consacrés aux moyens qui s’ordonnent à cette fin : Per charitatis afjectum peccatorum moles obruitur, dit l’auteur en une phrase qui deviendra classique, col. 1160 ; à quoi l’on ajoutera l’aumône, les larmes, l’humble aveu des fautes soit à Dieu, soit aux hommes, la mortification du cœur et du corps, l’amendement des mœurs, l’intercession des saints et, il vaut la peine de le faire remarquer, le souci que prend le pécheur du salut des autres. Notons enfin cette phrase d’une si juste psychologie : « La componction s’obtient plutôt par l’appétit et le désir des biens éternels, que par la nuisible ressouvenance de nos vices. » Col. 1167. Pour rester parmi les écrivains « spirituels », signalons, dans le De vila contemplativa de Julien Pomère, le c. xi, du 1. III : De utilitate timoris et quod efficaciter peccalis obsistat. P. L., t. ux, col. 490.

Terminons par une pièce curieuse insérée parmi les œuvres de saint Isidore de Séville, encore que son authenticité soit loin d’être universellement reconnue. Il s’agit d’une Exhortatio psenitendi cum consolatione et misericordia Dei ad animam fulura judicia formidantem, qui résume, en 174 vers « politiques », toute la doctrine de la pénitence. P. L., t. lxxxiii, col. 12511256 ; sur l’auteur voir t. lxxxi, col. 582 sq.

2. Autres ouvrages.

Pour nombreuses que soient les pages ainsi consacrées ex professo à décrire la pénitence, elles ne représentent qu’un faible volume, à côté de celles que l’on extrairait de la littérature ecclésiastique du passé.

Les exhortations au repentir abondent dans les œuvres parénétiques. Signalons, à cause de leur antiquité, les passages principaux de la littérature apostolique : Didachè, x, 6 ; xv, 3 ; Barnabe, xvi, 8 ; Ignace, Phil., viii, 1 (que nous retrouverons) ; Smyrn., iv, 1. La IIe partie de la 7 a démentis est un long développement consacré à la pénitence telle qu’elle est décrite dans l’Ancien Testament, à son efficacité. Un des thèmes de la 7/ a Clem. est l’exhortation à une prompte pénitence : « Hàtons-nous de nousrepentiralorsqu’il est encore temps : semblables à l’argile du potier, qui n’étant pas encore passée au four peut être refaçonnée, nous pouvons, durant que nous sommes sur terre, être réformés par la pénitence ; plus tard, ce serait trop tard. » C. vin ; voir aussi xiii, 1 ; xvi, 1, etc. Les exhortations de ce genre ont dû être fréquentes dans l’ancienne prédication chrétienne. Pour une époque plus récente, consulter la théorie que donne de la prédication saint Grégoire le Grand. Reg. past., t. III, c. xxvin sq., P. L., t. lxxvii, col. 105 sq.

Les motifs qu’a le pécheur d’espérer en la miséricorde divine ont été, eux aussi, bien souvent développés. A la vérité, le premier appel adressé aux incroyants ou aux coupables est pour les mettre les uns

et les autres en présence du jugement de Dieu. Le mot de Justin, « Dieu appelle tous les hommes au repentir avant que vienne le jour du jugement », Apol., i, 40, P. G., t. vi, col. 389 B, a été répété des milliers de fois par les prédicateurs qui faisaient écho au mot de saint Pierre. Ci-dessus, col. 727. Et, quand la considération de la parousie imminente eut quelque peu perdu de son efficacité, on fit volontiers appel à l’idée de l’incertitude pour chacun de nous du moment de la mort qui fixera définitivement notre sort. Voir un développement intéressant dans un sermon attribué à saint Augustin, mais d’authenticité douteuse. Serm., cccxciii, P. L., t. xxxix, col. 17131715. Comparer la très curieuse lettre adressée par saint Jérôme à un diacre nommé Sabinianus, coupable des pires méfaits. Epist., cxlvii, P. L., t. xxii. col. 1195 sq. : Nihil tam répugnât Deo quam cor impœnitens. Il n’en reste pas moins que ces appels à la terreur ne constituent que la première démarche des prédicateurs. Ayant inspiré la crainte, ils s’empressent de rassurer les consciences bourrelées de remords, en leur faisant entrevoir la miséricorde divine. L’Ancien et surtout le Nouveau Testament sont mis à contribution pour fournir soit des assurances, soit surtout des exemples bien propres à rassurer le pécheur sur l’accueil qu’il recevra de Dieu. Une lettre de saint Jérôme, fréquemment citée au Moyen Age, rassemble la plupart des textes susceptibles d’être allégués. Epist., cxxii, t. xxxii, col. 1038. Il va sans dire que les commentaires sur les passages en question de l’Écriture fourniraient des développements précieux. Voir, par exemple, le commentaire de saint Ambroise sur le Miserere : Apologia prophetæ David, c. vin sq., P. L., t. xiv (1866), col. 907 sq., cf. col. 954 sq. ; du même, sur le Ps. xxxvii, ibid., col. 1055 sq. ; du même encore, sur Luc, xv (enfant prodigue), In Lucam, t. xv, col. 1846, etc. ; comparer sur le même passage saint Cyrille d’Alexandrie, P. G., t. lxxii, col. 801 sq., qui, malheureusement, écourte l’explication des derniers versets. De la parabole du prodigue on tire la conclusion qu’il n’est point de péchés si énormes qui ne puissent espérer le pardon divin. Voir la lettre deJérôme à Sabinien citée plus haut.

Inlassablement aussi les Pères tirent de ces textes scripturaires des considérations sur les effets du repentir. Une très belle homélie de saint Grégoire le Grand sur Luc, xv, 1-10, doit être signalée. Hom.. xxxiv, P. L., t. lxxvi, col. 1246 sq. Pourquoi la conversion d’un seul pécheur cause-t-elle plus de joie dans le ciel que la persévérance de quatre-vingt-dix-neuf justes ? C’est qu’il arrive bien souvent, dit Grégoire, que les personnes qui n’ont point de graves fautes à se reprocher ne montrent pas, au service de Dieu, la générosité, pleine d’entrain et de joie, dont font preuve les vrais pénitents. Dans la certitude du pardon divin, les âmes repentantes puisent, en effet, une confiance en Dieu, un amour pour lui, une ardeur au bien, qui ne se trouvent pas toujours dans les cœurs demeurés innocents. Sur cette confiance en la rémission des péchés, voir la belle anecdote sur le pénitent Victorin à qui une voix céleste confirme que son péché lui est pardonné. Ibid., n. 18, col. 1257-1258. On ne peut s’empêcher de songer au développement de Pascal dans le Mystère de Jésus : « A mesure que tu les expieras, tu les connaîtras, et il te sera dit : « Vois les péchés qui te sont pardonnes. » Même note dans les textes de Cassien cités antérieurement.

Synthèse des enseignements patristiques.

Si

l’on veut résumer la doctrine des Pères sur le repentir, on peut la ramener, semble-t-il, aux propositions suivantes :

1. Nature du repentir.

Le repentir implique essentiellement une modification profonde dans le