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PÉNITENCE-REPENTIR. L’ÉCRITURE


deviner, à maint endroit, les sentiments qu’inspire à l’Israélite pieux la pensée du péché et de ses suites. A ce point de vue, l’intercession d’Abraham en faveur des villes coupables, Gen., xviii, 16, attire l’attention sur les effets que peut obtenir le repentir, et sur une réversibilité des mérites dont l’expression se retrouve ailleurs. Voir aussi l’épisode d’Abimélech, Gen., xx. Autant en dira-t-on de la manière dont, à plusieurs reprises, Moïse fait pénitence pour le peuple coupable, écartant de lui, par sa confession et son repentir, les châtiments que Jahvé est sur le point d’infliger. Cf. surtout Num., xiv, 13-19. Le thème du livre des Juges, c’est la prévarication collective, maintes fois renouvelée, d’Israël, prévarication expiée par une conversion sincère vers Jahvé, laquelle comporte un regret du passé et des engagements pour l’avenir. Voir aussi

I Reg., vii, 2-6. Exemples du même genre dans les livres des Rois. Ce que ces diverses narrations nous montrent pour l’ordinaire, c’est le péché collectif, qui menace d’attirer, sur tout ou partie de la nation, les châtiments divins. Or, ou bien les coupables rentrent en eux-mêmes et, déjà touchés par la main de Jahvé, s’humilient devant lui, reconnaissent leurs fautes et méritent par là de recevoir leur pardon, ou bien il se trouve quelque juste qui, prenant en charge, si l’on peut dire, les iniquités des siens, se repent devant Jahvé, comme s’il était lui-même le coupable et obtient ainsi miséricorde pour ses ayants cause.

A côté de cette pénitence collective, quelques exemples sont donnés de repentir pour des fautes individuelles, repentir qui obtient la grâce au moins partielle du coupable. Voir surtout II Reg., xi-xii : péché de David, sa confession ; III Reg., xxi, 27-29 : crime et repentir d’Achab ; IV Reg., xx, 12-19 : faute d’Ézéchias, il s’humilie sous le châtiment divin ;

II Parai., xxxiii, 11-13 : repentir de Manassé.

.’!. C’est surtout dans la littérature prophétique que sr manifeste avec le plus de force l’idée du repentir nécessaire et efficace, à telles enseignes que l’on pourrait dire que cette littérature est avant tout un message de pénitence. Les prophètes insistent surtout sur le péché de la nation en tant que telle, ou sur les fautes des différentes classes qui la composent. Ces péchés collectifs attirent la colère de Jahvé ; les catastrophes qui, les unes après les autres, s’abattent sur le peuple, ne sont que les signes avant-coureurs du cataclysme où tout finira par sombrer, s’il n’y est rqis bon ordre. Vainement, d’ailleurs, chercherait-on à apaiser Jahvé par des pratiques extérieures et, disons le mot, par des grimaces, dont l’âme serait nie. « Déchirez vos cœurs et non vos vêtements ; revenez à Jahvé, votre Dieu, car il est miséricordieux et compatissant », ces mots de Joël, ii, 12-13, résument l’enseignement des autres prophètes. Ce que demande le Seigneur, c’est le repentir Intérieur, le regret des égarements passés, la ferme volonté de mieux régler Mir. Nul, mieux qu’Osée, n’a exprimé et cette nécessité du repentir et les motifs qui le fondent Ce n’est pas seulement a la crainte qu’il fait appel, mais encore a l’amour. Au souvenir de toutes les préve

naines dont Jahvé l’a entouré depuis sa naissain e.

comment Israël ne rendrait-il pas un peu d’amour à celui qui l’a tant aimé ? Voir surtout Os., xi ; cf. ii, I 121 Détails a l’ail <Km

Toutefois, le péché a poussé dans la nation de trop profonde* racines ; des repentirs insuffisants, des eon

oni éphémères, vite suivies de reprises, n’ont lait que retarder la chute définitive dans le mal. Mais. si les finis catastrophes de 722 et de : >ki ont marqué

ment, pour Israël et pour Juda, la sanction définitive, si aucun espoir ne suhsisie plus pont la

nation, il reste a assurer le salut (Mans quel sens, ce

n’est pas le lieu de le rechercher ici) des individus qui composent celle-ci. Jérémie, déjà, entrevoit cette grande idée de la valeur morale du salut individuel obtenu par le repentir. Mais c’est Ézéchiel surtout qui en fait le thème de sa prédication. C’est chez lui que l’on trouvera les développements les plus conformes à notre manière de penser. Voir en particulier les c. xviii et xxxiii, où est présenté, avec redondance, l’idée du salut individuel obtenu par la pénitence. A la vérité, il manque à l’idée que développe le fils de Ruzi quelque chose de la délicatesse que l’on trouvait en Osée. Le repentir y apparaît surtout sous la forme d’une conversion qui rectifie la ligne de conduite passée. Point d’élan d’âme, traduisant par des larmes le regret d’avoir offensé Dieu. On dirait d’un directeur de conscience un peu sec, qui vise moins à exciter la componction qu’à inspirer le redressement de la conduite.

4. Cet élément affectif, on le trouve, au contraire, admirablement présenté, dans la littérature spirituelle de la Bible. Et nulle part mieux que dans les Psaumes. Les Psaumes de la pénitence, pour parler comme nos livres liturgiques, expriment au mieux la complexité des sentiments que fait éprouver à une âme religieuse le souvenir de ses péchés. Ps., vi, xxxi (Vulg. et de même pour les suivants), xxxvii, l, ci, cxxix, cxlii. Ce n’est pas le lieu ici de les commenter : qu’on les relise, on y trouvera toute la gamme de pensées et d’affections que distingue la psychologie la plus affinée : accablement de l’âme pécheresse sous le coup des châtiments divins, honte causée par la 1 aideur de la faute, humiliation sous la main du Dieu qui châtie, espoir en la miséricorde de celui qui, seul, peut remettre le péché et qui permet à l’âme repentante de se hausser jusqu’à l’amour divin, résolution pour l’avenir se traduisant par le redressement de la conduite, par un zèle tout nouveau à faire connaître et aimer Dieu, certitude enfin et douceur infinie du pardon obtenu par les larmes de la repentance. Ce dernier sentiment éclate spécialement dans le Ps. en. voir surtout les ꝟ. 2, 3, 8-14. Nulle part l’Ancien Testament n’exprime mieux que la pénitence n’est pas l’attitude de l’esclave qui se courbe sous la cravache, mais celle de l’enfant qui, ayant offensé un père très bon, s’incline devant une miséricorde dont il prévoit à l’avance les effets : « Il ne nous traite pas selon nos péchés, il ne nous châtie pas selon nos Iniquités… Autant l’Orient est loin de l’Occident, autant il éloigne de nous nos transgressions. Comme un père a pitié de ses enfants, Jahvé a compassion de ceux qui le craignent, car il sait de quoi nous sommes formés, il se souvient que nous sommes poussière. » (Idée reprise dans Sap., xi, 22-26.) Le psautier fournirait à foison des expressions analogues.

Pour s’exprimer d’une manière plus didactique, les livres sapientiaux donneraient de la pénitence une idée analogue. Le livre de Joli raconte-t-U autre chose que les démêlés avec Dieu d’une àme, trop confiante en sa propre perfection et finalement obligée de convenir qu’elle n’a pas laissé de pécher ? Que de sentences bien frappées, sur le même sujet, dans les Proverbes. l’Ecclésiastique, la Sagesse. Relevons au moins Eccli.,

xvii, 13-21, qui énumère au mieux les raisons qu a

l’homme de se repentir ; id., xxi, i ; xxiii, i 6, tourné davantage vers le bon propos ; Sap., . 2 : la Sagesse

tin dam de son perhé : el enfin.

. 10 19. < cil.

dernière citation complète adiniraldement ce que

l’Ancien Testament <iii de la pénitence : > Vous ave/ Inspiré a vos enfants la foyeuse espérance que, s’ils

pèchent, VOUS leur accorde/ le temps du repentir, t’ÂXTCiftyç £-’/ir, T7 ; TOÙç ulooç 80U, '> « o’lSoIç èld i|i.O(p Tï)(xaa’.v ! X£T*vnav. Cet optimisme n’est Il pas un correctif aux menaces qui s’expriment si souvent dans