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PÉLAGIANISME. JULIEN D’ECLANE


qu’Anianus de Céléda traduisit certaines homélies de saint Jean Chrysostome en les falsifiant pour les incliner vers sa doctrine. Cf. Garnier, Dissert., i, c. vii, P. L., t. xlviii, col. 298-305.

De son côté, Julien écrit au clergé de Rome ; voici quelques extraits capables de faire apprécier sa sincérité dans les accusations qu’il lance contre ses adversaires : « Ces manichéens disent que le libre arbitre a péri par le péché d’Adam et que personne n’a plus le pouvoir de bien vivre ; mais que tous sont contraints au péché par la nécessité de la chair. Ils disent aussi que le mariage, tel qu’il se fait aujourd’hui, n’a pas été institué par Dieu et c’est ce qu’enseigne Augustin dans son livre auquel j’ai répondu par quatre livres ; et nos ennemis se sont servis de ces paroles d’Augustin pour rendre la vérité odieuse. Ils disent encore que les mouvements charnels et l’usage du mariage ont été inventés par le diahle ; que, pour cette raison, les innocents naissent coupables et que ceux qui naissent de cet accouplement diabolique ne sont pas les créatures de Dieu, mais celles du diable, ce qui est évidemment manichéen. Ils prétendent que les saints de l’Ancien Testament n’ont pas été sans péché, c’est-à-dire que leurs offenses n’ont pas été effacées par la pénitence et qu’ils ont été surpris par la mort dans ces péchés : que l’apôtre saint Paul, ou même les autres apôtres, ont continuellement été souillés par une concupiscence effrénée, que Jésus-Christ n’a pas été exempt de péché, qu’il a menti et a été souillé d’autres fautes par la nécessité de la chair. Ils enseignent aussi que le baptême ne donne pas la rémission des péchés et n’efface pas les crimes ; qu’il ne fait, pour ainsi dire, que les racler, en sorte que les racines de tous les péchés demeurent dans la chair qui est mauvaise. » Conservée par fragments dans le traité Ad Bonifacium papam, t. I, P. L., t. xliv, col. 552 tq.

Quand saint Augustin reprochera à Julien sa lettre au clergé de Rome, celui-ci essaiera de la désavouer. Il osera répondre : « Il (Augustin) fait mention d’une lettre qu’il dit que j’ai envoyée à Rome. Mais nous n’avons pu deviner de quel écrit il veut parler. » Op. imperf., i, IX, t. xlv, col. 1057.

On a voulu attribuer la lettre à Célestius, mais l’auteur de cette lettre parle de quatre livres qu’il a composés contre le livre De nupliis de saint Augustin. Or, ceci ne peut convenir qu’à Julien pris en flagrant délit de fausseté.

5° Réplique d’Augustin. Sensiblement à la même date, c’est-à-dire vers la fin de 418, Julien avait écrit au comte Valère, gouverneur de Havenne, conseiller très écoute de l’empereur. Il s’y présentait comme persécute parce qu’il résistait aux doctrines manichéennes. Mis au courant, l’évêque d’IIippone dut se défendre auprès du conseiller d’IIonorius et écrivit le premier livre de son ouvrage De nui>tiis et concupiscenlla, P. L., t. xliv, col. 111-474.

Julien y répondit aussitôt par ses quatre livres Ad Turbantium, fragments fournis parle Cont. Jultanum, recueillis par A. Bruckner, Die vier Bûcher Julians Win jEclanum an Turbaniius. Ein Beiiïag zur Charak trri’.lik Julians uiul Augustins, dans Xrur Sludirn

zur Gesch, der Theol. und Kirche de Bonwetsch et rg, t. VIII, Merlin. 1910.

Saint Augustin ne reçut d’abord du comte Valère qu’un résumé de cet ouvrage el répondil par le il livr< du De nupliis ri concuptscentta (420), mais

quand d put se procurei le texte complet de son adver

onstata que l’extrait qui lui avait été communlqué n’était pas tout a r ;. i t conforme a l’orignal et il se ii.it. i de le réfuter plus complètement dans ses

sis livres (unira.lulianum (421) P/ t. XW I 041 874.

Comme Julien traitait de manichéens ceux qui sou

DICT. DE THÉOL. CATIIOL.

tenaient le péché originel, saint Augustin lui fait voir d’abord que ce reproche atteint les plus illustres Pères grecs et latins ; il les cite et montre que leur doctrine est conforme à la sienne, puis il démontre que c’est Julien qui favorise le manichéisme. Et, comme il voyait bien que Julien récuserait ces autorités, il réfute ensuite chaque livre de Julien par un des siens, montrant que la foi catholique est véritable et que les principes des pélagiens mènent au manichéisme.

Julien aimait à exalter les belles actions des héros de la Rome païenne, tout en reconnaissant que ces actions sont stériles pour le ciel. Toutefois, il ajoutait : « Est-ce à dire qu’ils soient dans l’éternelle damnation ceux en qui était une vraie justice ? » cité par saint Augustin, Contra Jul., TV, iii, 26, col. 751. Le grand docteur précise ainsi la doctrine : 1. Pour proclamer un acte « moralement bon », il faut regarder non seulement son objet, mais aussi la fin (intrinsèque), visée par l’agent ; 2. Les actions héroïques des païens furent souvent gâtées par une fin mauvaise (recherche de la vaine gloire), qui les rendait coupables ; ?. Julien concédant que l’homme a été élevé par Dieu à une fin surnaturelle, il conviendra de n’appeler bonnes que les actions qui conduisent à cette fin dernière. A ce point de vue, les actions et vertus simplement honnêtes des infidèles sont défectueuses ; elles manquent la fin concrète de l’homme et saint Augustin les appelle des péchés ; 4. Ces actions simplement honnêtes des païens sont un don de Dieu, une faveur de la Providence, il est illégitime de les attribuer au seul libre arbitre. Ibid., IV, iii, 10, 22, 33, col. 744, 749, 755.

Entre temps, le pape saint Boniface I er lui ayant transmis les deux lettres de Julien, l’une adressée à Rome, l’autre à Rufus de Thessalonique, saint Augustin y avait répondu par ses quatre livres, Contra duas epislolas pelagianorum (420), P. L., t. xliv, col. 549-038. Augustin se défend d’être manichéen, de nier la liberté et de condamner le mariage. Dans les trois derniers livres il répond à la n p lettre et précise la doctrine des pélagiens. Il adresse l’ouvrage à Boniface, en le priant de l’examiner et de le corriger au besoin, s’il y trouve quelque chose de répréhensiblc. Julien, dans son dernier ouvrage, cite quelques passages de ces livres, mais n’entreprend pas d’y répondre.

Julien ayant longuement répliqué au De nuptiis et concupiscenlia par un ouvrage en huit livres adressé à Morus, un de ses compagnons d’exil, saint Augustin, quoique alors occupé à revoir ses propres écrits (lietrnclaliones ), se remit courageusement à l’œuvre, pour tenter une réfutation définitive. Il dut partager son temps entre ces deux travaux menés parallèlement, donnant le jour à l’un et la nuit à l’autre. Il répondit à Julien en citant d’abord son texte, puis en ajoutant les réfutations nécessaires. Cette méthode l’obligeait à répéter souvent les mêmes réponses, mais il aimait mieux que » les forts pussent lui reprocher sa trop grande exactitude que si les faibles avaient pu se plaindre qu’il manquât à soulager leur faiblesse ». Le saint travailla ainsi jusqu’au soir de sa vie. et alors même que les Vandales l’assiégeaient dans llipponc. Il lui surplis par la mort ( 130) alors qu’il avait réfuté six livres sur huit. Opus imperfection, ou mieux Contra secundam Jultani responstonem libri VI. P. /… t. xlv, col. 10 19

10(18.

0° Interventions gouvernementales. Cependant,

après quelques hésitations, l’empeieur s’était décidé i reconnaître le pape Boniface (avril U9)e1 > condamner

une seconde fois l’hérésie au civil. I ne lettre fut adn s

mx principal s évêques, au nom des <vu iouvc

rai ns I lonoriuset ThéodOI G elle est il.it ce du’.l juin 419.

i o voici quelques passages ; Depuis longtemps, d

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