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    1. PÉLAGIANISME##


PÉLAGIANISME. JULIEN D’ÉCLANE

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un épithalame à Julien pour célébrer ses noces avec Titia, apparentée avec Juliana, mère de Démétriade.

Devenu veuf, .Julien dut être promu au diaconat vers 411, puis il recul la dignité épiscopale des mains du pape Innocent I er, sans doute vers 416.

Nous ne savons pas exactement quand et comment il entra en relation avec Pelage et par quelle voie il fut initié à ses doctrines ; ce qu’il y a de certain, c’est qu’il refusa de souscrire à la condamnation de l’erreur par le pape Zosime. Bien pis, il entraîna dans sa révolte dix-sept évêques de son entourage. Le gouvernement de Havenne avait expédié la Tractoria de Zosime à toutes les Églises principales et imposé aux évêques de signer la condamnation des deux hérétiques. Ceux qui refusèrent finirent par être excommuniés par le pape et déposés par l’empereur. Mercator, Common., iii, 1, P.L., t. xlviii, col. 94. C’est en vain qu’ils essaieront d’en appeler de la sentence du pape à un futur concile général. P. L., t. xlv, col. 1732-1736.

2° Ouvrages de Julien (P. L., t. xxi, col. 1167-1172).

— De tout ce qu’il a écrit, rien de complet ne nous est parvenu ; certains ouvrages ont entièrement disparu, de quelques autres nous ne possédons que des fragments.

1. Épître à Zosime (417) ; cf. Mercator, Lib. subnot. in verba Juliani, vi, 10, P. L., t. xlviii, col. 140, et Garnier, Dissert., v, ibid., col. 533.

2. Epist. communis ei cum plurimis (18) Pelagianis episcopis quam Thessalonicam (ad Rufum) miserunl. Mercator, ibid., ix, 3, col. 161 ; et Garnier, col. 534.

S.LibrilV ad Turbantium episcopum adversus librum primum Augustini de concupiscenlia (fin 418 ou début 419). Fragments dans trois ouvrages de saint Augustin : De nuptiis, 1. II ; Contra Julianum et Opus imper /ectum. Le 1 er livre de Julien est répété mot pour mot dans le De nuptiis, d’après l’écrit offert au comte Valère et transmis par Alype à saint Augustin. Cf. Garnier, op. cit., col. 623.

4. Liber de conslantiæ bono contra perfidiam Manicheei, écrit après la déposition de Julien ; courts fragments. Ibid., col. 625-626.

5. Libri octo ad Florum (Beneventanum) episcopum adversus secundum librum Augustini de nuptiis et concupiscentia ; écrits en Cilicie, mais publiés vers 426, quand Julien dut fuir d’Italie ( ?) à Constantinople ; les 5 ou 6 premiers livres se trouvent intégralement reproduits dans YOpus imperfectum de saint Augustin. Ibid., col. 117.

6. Liber de amore, sive Commentarius in Cantica canticorum. Bède, t. I, In Cantica canticorum, P. L., t. xci, col. 1066, seul en parle : primo admonendum putavi lectorem, ut opuscula Juliani Celanensis, episcopi deCampania, quæ in eumdem librum confecit, cautissime légat, ne per copiam eloquentiæ blandientis in foveam incidat doctrinee nocenlis. Comme il dit que Julien l’a composé à l’occasion d’un duel avec saint Augustin, on conjecture que ce livre est postérieur aux précédents. Saint Augustin n’y fait pas allusion. On peut y voir une imitation de Théodore de Mopsueste qui écrivit aussi sur le Cantique des cantiques. Fragments dans Garnier, P. L., t. xlviii, col. 624-625.

7. Gennade lui attribue un dialogue où lui et saint Augustin disputaient, chacun défendant son sentiment : est etiam liber altercationis amborum parles suas dejendenlium. De vir. ill., 45. S’agit-il là d’un ouvrage spécial aujourd’hui perdu ?

8. A. Vaccari, Un commento a Giobbe di Giuliano di Eclana, Rome, 1915, attribue à Julien un Commentaire sur le livre de Job, considéré à tort comme l’œuvre de Philippe, disciple de saint Jérôme, et publié comme tel, en 1897, dans le Spicilegium Casinense, t. III a, p. 333-417. Sur les autres travaux scripturaires qui lui ont été attribués, voir l’art. Julien d’Éclane, col. 1929.

9. Julien traduisit du grec en latin, le Libellas fidei de liufin, prêtre de Palestine, afin de faire croire que telle était la foi des Orientaux.

3° Action de Julien..Julien ne craignit pas de publier un manifeste au pape Zosime, puis il s’adressa à IUifus de Thessalonique, vicaire du Saint-Siège dans rillyricum oriental ; iJ se plaint « qu’un dogme aussi insensé qu’impie (la constitution de Zosime) ait été reçu dans presque tout l’Occident, et qu’on ait extorqué, pour le confirmer, les signatures des évêques séparés, au lieu de les assembler en concile ».

C’est contre saint Augustin que l’évêque révolté se portera dans une vigoureuse offensive. Il l’accusera d’hérésie pour l’explication donnée par lui de la transmission du péché originel, qu’il prétend conduire au traducianisme. Il l’accusera en même temps de manichéisme, pour admettre dans l’âme un principe du mal. Il remplacera trop souvent les arguments par les injures et les violences, s’abaissant jusqu’à attaquer l’honneur de sainte Monique, parce que son fils avait loyalement avoué qu’elle avait un peu aimé le vin dans son enfance.

Pendant douze ans, le grand docteur devra se défendre contre de telles accusations et cette lutte doctrinale le forcera à préciser sa pensée et à faire progresser la connaissance du dogme qui nous occupe.

De son côté, dans sa vie errante, Julien cherchera partout des alliés dans sa lutte contre saint Augustin et le Saint-Siège. Repoussé par Thessalonique, Constantinople, Alexandrie, Jérusalem et Antioche, il ne trouvera d’accueil favorable qu’auprès de Théodore de Mopsueste. Il continuera son opposition, même après que plusieurs des évêques qui l’avaient suivi dans sa révolte eurent fait leur soumission et eurent été réintégrés dans leurs Églises. Mercator, Common., v, 2, P. L., t. xlviii, col. 107.

Le fond du système de Julien est l’émancipation complète de la volonté humaine par rapport à Dieu, voir S. Augustin, Op. imperf., i, 178, P. L„ t. xlv. col. 1102, système qualifié par Harnack de « doctrine athée ». Dufourcq, Hist. anc. de l’Église, t. iv, p. 240, emploie la même expression. C’est d’ailleurs une doctrine d’une rigueur morale impitoyable : « tout homme, dit Julien, qui aurait pu agir mieux qu’il n’a agi est damné. » Cf. Harnack, Précis de l’hist. des dogmes, p. 285. Dufourcq est moins heureux quand il ajoute que « le pélagianisme est évidemment, dans l’histoire de la pensée chrétienne, le reflet et comme la traduction théologique des prouesses ascétiques accomplies par les solitaires de l’Orient » : le mot « évidemment » ne remplace pas les preuves.

Polémique de Julien.

Julien écrivit donc deux

lettres au pape Zosime, pour essayer de sauver ses deux complices, condamnés sans avoir été entendus ; il use des mêmes termes équivoques dont ils se sont servis, pour éviter les condamnations prononcées. M. Mercator, Lib. subnot. in verba Juliani, vi, 10-13, P. L., t. xlviii, col. 167-174.

Il est plus net dans sa lettre à Rufus, évêque de Thessalonique (hiver de 418-419), accusant saint Augustin de manichéisme et lui opposant cinq « vérités catholiques » : 1. Tout homme est créé par Dieu. 2. C’est Dieu qui a institué le mariage. 3. La Loi nous achemine au salut. 4. Nous sommes tous doués de volonté libre. 5. Le baptême renouvelle et amplifie nos forces. Texte conservé par saint Augustin dans le traité Ad Bonilacium papam contra duas epistolas pelagianorum, t. II, P. L., t. xliv, col. 571 sq.

Zosime étant mort vers décembre 418, des troubles accompagnèrent l’élection de son successeur, Boniface. In schisme se produisit, devant lequel l’empereur hésita et Julien se hâta d’en profiter pour tenter d’obtenir une intervention en sa faveur. C’est alors