Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/357

Cette page n’a pas encore été corrigée
699
2
PÉLAGIANISME. I NT E K VK NTIO N Dl PAPE ZOSIMK — Von

° Les 9 canons du concile. — Le concile, réuni le 1 er mai, comprenait 214 évoques ; toutes les provinces africaines et même l’Espagne (Mauritanie Tingitane ) avaient envoyé des représentants. Il formula 9 canons relatifs au péché originel et à la nécessité de la grâce. Cf. P. L., t. lvi, col. 486 sq. ; Mansi, t. iii, col. 810X2.5. Se reporter à l’art. Milf.ve (Concile de) pour ce qui est en particulier de l’authenticité du 3e canon, et à l’art. Péché originel, col. 386 sq. pour ce qui est de l’interprétation théologique.

Les canons se divisent naturellement en trois groupes de trois : 1. Péché d’origine et sa transmission.

— Le 1 er canon affirme le don préternaturel d’immortalité accordé à Adam avant sa chute. — Le 2e canon affirme la transmission du péché d’Adam à sa postérité, de telle sorte que, même pour les nouveau-nés, la formule du baptême « pour la rémission des péchés » doit s’entendre dans le sens propre ; seule doctrine qui s’accorde avec le texte de Rom., v, 12. Cf. Aug., Serm., vu. — Le 3e canon nie la possibilité, pour les enfants morts sans baptême, d’entrer dans le royaume des cieux ou même de jouir ailleurs d’une véritable béatitude, en se fondant sur la parole de notre Seigneur, Nisi quis renatus fuerit… Joan., iii, 5 ; cf. S. Augustin, De anima et ejus orig., II, xii, 17, P. L., t. xliv, col. 505.

2. Rôle et nécessité de la grâce.

Le 4e canon affirme que la grâce justifiante est non seulement le pardon des péchés passés, mais aussi un secours pour éviter les fautes à venir. — Le 5e canon affirme que cette grâce est non seulement une lumière qui révèle la Loi, mais une force pour aimer et pratiquer le bien. La charité vient de Dieu. Eph., vi, 23. — Le 6e canon affirme que la grâce nous est donnée pour accomplir les commandements et non pas seulement pour les remplir avec plus de facilité. Cf. S. Augustin, Serm., clxviii, De verbis apost. Eph., vi, 23, P. L., t. xxxviii, col. 911.

3. Possibilité d’éviter le péché.

La sainte Écriture est contraire à l’impeccance prônée par les pélagiens.

— Le 7e canon interprète dans leur sens strict les paroles de I Joan., i, 8, de sorte que celui qui se prétendrait sans péché dirait véritablement un mensonge. Cf. saint Augustin, Serm., clxxxi, n. 2, P. L., ibid., col. 979. — Le 8e canon défend de prétendre que les saints prient pour les autres, et non pour eux-mêmes, quand ils prononcent ces paroles du Pater « pardonnez-nous nos ofïenses ». C’est aussi le sens de l’épître de saint Jacques, iii, 2 : « Tous, nous offensons Dieu en bien des choses » et de Ps., cxlii, 2 : « N’entrez point en compte avec votre serviteur, car nul vivant ne sera justifié devant vous. » Jusqu’en 415, saint Augustin tolérait l’affirmation qu’il y a des justes sans péché, pourvu qu’on expliquât cette perfection par la grâce divine, cf. Epist., clvii, ad Hilarium, n. 4 (an. 414), P. L., t. xxxiii, col. 675 ; De perf. justitiæ, xxi, 44, t. xliv, col. 316-317. Mais l’étude approfondie de la sainte Écriture l’a rendu plus sévère ; après 416, il nie qu’aucun juste, même avec la grâce, vive sans péché. — Le 9e canon ordonne d’entendre en toute vérité cette prière que font les saints, comme les autres, quand ils récitent le Pater : « pardonnez-nous nos ofïenses ».

3° Doctrine de saint Augustin sur le péché originel.

— Dans sa polémique contre les pélagiens, la doctrine du grand docteur s’est précisée, il ne sera donc pas inutile de l’exposer rapidement ici pour la défendre contre les calomnies de ses adversaires.

1. La transgression coupable du précepte divin par Adam comporte une déchéance du genre humain tout entier : ce qu’il explique au point de vue physique, car Adam est le chef de l’humanité tout entière, et tous les hommes, par le fait qu’ils se rattachent à

lui par voie de génération, étaient en lui ralione seminis, et au point de vue juridico-moral, car Adam est le représentant de l’humanité en vertu d’un décret divin. C’est donc, en réalité, la nature humaine qui est pécheresse.

2. Le triste héritage que nous tenons d’Adam

— jure seminationis — a ceci de particulier qu’il est en même temps un péché et une peine du péché ; pourtant, le péché originel ne peut être qu’un habitus : il s’identifie notamment avec la concupiscence. Cette identification pouvant prêter à bien des malentendus, Augustin a pris à cœur de s’en expliquer. La concupiscence en question, dit-il, n’est pas une substance mauvaise, ni même, à proprement parler, une qualité positive mauvaise, mais seulement une privation de bien, un vice. Elle est mauvaise, non pas précisément parce qu’elle conduit au mal, mais par le fait de sa présence dans une nature qui aurait dû en être exempte, et parce que cette présence n’a d’autre raison d’être que la désobéissance d’Adam. Et justement, parce qu’elle tient son caractère peccamineux de la désobéissance d’Adam, l’on peut comprendre qu’elle perde ce caractère dans le baptême, sans que, pour cela, elle cesse de molester le baptisé : transit realu, manet actu.

3. Mais, comment la concupiscence peut-elle être un péché ? C’est que l’état primitif de l’homme, comportant l’immunité de la concupiscence, était un état de grâce, si bien que, pour l’avoir perdu par sa faute, la nature humaine se trouve maintenant privée de cette immunité et de la grâce. Cela étant, Augustin aurait pu tout aussi bien placer l’essence du péché originel dans la privation de la grâce primitive ; s’il ne l’a pas fait, c’est que le désordre de la passion, caractérisant l’état de nature déchue, l’a particulièrement frappé, elle lui a fourni un moyen facile d’expliquer la propagation du péché originel.

En résumé, l’essence du péché originel réside dans la concupiscence mauvaise en tant qu’elle est la conséquence de la privation de la justice et de la rectitude de volonté conférée à Adam comme chef de l’humanité.

Pour plus de détail sur la doctrine augustinienne voir l’article Péché originel, col. 371-381 ; 388-402.

/II. LA SENTENCE DU PAPE ZOSIME. — Les Canons

de Carthage furent envoyés à Rome, accompagnés d’une lettre synodale dans laquelle les évêques déclaraient rester fidèles à la condamnation lancée par le pape Innocent contre Pelage et Célestius. Fragments dans Prosper, Contra coll., c. v, P. L., t. li, col. 227 BC.

Intervention du pouvoir civil.

Le pouvoir civil,

de son côté, ne restait pas inactif. Instruit de cette affaire par Aurèle, l’empereur envoyait, dès le 20 avril, un rescrit à Palladius, préfet du prétoire, déclarant que la Ville éternelle était troublée par de fausses doctrines sur l’origine de l’homme, et lui enjoignant de poursuivre les hérétiques et notamment d’expulser de Rome les deux chefs, Pelage et Célestius. P. L., t. lvi, col. 490, 492 ; Mansi, t. iv, col. 444. En fait, d’ailleurs, Pelage n’avait pas remis le pied en Italie, seul Célestius s’y trouvait.

2° La « Tractoria » de Zosime. — Toutes ces interventions contribuèrent à éclairer le pontife. Il avait convoqué Célestius à défendre sa doctrine, et celui-ci avait jugé plus prudent de s’enfuir de la ville de Rome. Le pape se décida enfin à prononcer une sentence de condamnation.

il le fit dans une longue lettre adressée à tous les évêques du monde chrétien. Voir Prosper, Cont. coll., xxi, 1, P. L., t. li, col. 271 ; cf. Marius Mercator, Common., i, 5, P. L., t. xlviii, col. 77, qui appelle plus loin cette lettre : tractoria (réquisition, sommation), ibid., ni, l, col. 90-91. Cette pièce capitale est