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PKLACIAMSMK. INTERVENTION))l PAPE ZOSIME


renouvelèrent la condamnation de 1Il en y adjoignant le nom de Pelage. Pour donner plus de poids à leur sentence, ils résolurent de porter l’affaire devant Innocent. Mansi, ConciL, t. iv, col. 321-324.

Possidius, Vita Augustini, c. xviii, P. L., t. xxxii, col. 48, nous apprend que les pélagiens s’efforçaient de gagner le Siège apostolique a leur doctrine. Il fallait les dévaluer. On adressa au pape le mémoire de Héros et Lazare, les actes du concile de Carthage et une lettre signée de tous les Pères, se terminant ainsi : « Quand même Pelage et Célestius se seraient corrigés, quand même ils diraient que telle n’a jamais été leur opinion et renieraient tous les écrits qu’on leur impute, sans qu’on pût prouver avec évidence qu’ils ont menti ; cependant, que tout homme enseignant et soutenant que la nature humaine se suffit à elle-même pour éviter le péché et accomplir les commandements de Dieu, que tout homme se déclarant ennemi de la grâce de Dieu à laquelle les prières des saints ont rendu un si éclatant témoignage, soit anathème. Qu’il le soit également, celui qui nie que les enfants sont délivrés de la perdition par le baptême de Jésus-Christ et soutient que, sans ce baptême, ils obtiennent le salut éternel. » Int. Augusl. epist, clxxv, 6, P. L., t. xxxiii, col. 762.

2° Concile de Milève (416). Voir Mansi, t. iv, col. 325-334. — - En ce même temps, se réunissaient à Milève les 61 évêques de la province de Numidie, sous la présidence du primat, Sylvain, doyen d’âge. Nous ne possédons de ce concile que la lettre synodale écrite au pape Innocent et signée des 61 évêques, parmi lesquels Augustin. On demandait au pape, « puisque Dieu l’avait honoré d’une si haute dignité et l’avait fait asseoir sur le Siège apostolique, de montrer sa fidélité dans le grand danger que courait l’Église et de s’opposer à l’expansion des erreurs pélagiennes ». On y exposait combien dangereuse apparaissait une hérésie qui prétend que la prière n’est pas nécessaire aux adultes, ni le baptême aux enfants. Int. Aug. epist., clxxvi, P. L., t. xxxiii, col. 762. Les 9 canons attribués par Baronius au concile de Milève sont postérieurs et appartiennent au concile de Carthage (418), voir art. Milève (Concile de), col. 1753.

L’évêque Jules fut chargé de porter en plus, à Rome, une lettre signée de cinq évêques, Aurèle, Alype, Augustin, Évode et Possidius. Ils y exposent longuement et clairement toute l’affaire de Pelage, montrant que c’est au souverain pontife à porter remède à un si grand mal qui commence à s’insinuer même dans la ville de Rome. On y joignait le livre que Jacques et Timase avaient remis à saint Augustin, ainsi que la réfutation qu’il en avait faite ; on avait annoté dans le livre de Pelage les passages les plus dangereux, afin que le pontife pût mieux les examiner. On lui communiquait aussi une lettre de saint Augustin à Pelage dans laquelle le grand docteur répondait à l’Apologie que cet hérésiarque lui avait envoyée après le concile de Diospolis. Les évêques ajoutaient qu’ils n’avaient pas voulu prononcer quoi que ce soit, au sujet de savoir si la perfection consommée peut avoir lieu dans la vie présente, ou seulement dans l’autre, bien que, toutefois, il soit absolument certain que, n’importe où cette perfection puisse être atteinte, on ne peut l’acquérir sans un bienfait de la grâce de Dieu. Epist., clxxvii, P. L., t. xxxiii, col. 764-772.

Vers le même temps, saint Augustin charge Luc, qui allait en Palestine, de porter une lettre à Jean de Jérusalem. Epist.. clxxix, P. L., t. xxxiii, col. 774. Il le met en garde contre Pelage, lui transmet le livre que ce dernier a écrit sur les forces de la nature, avec la réfutation qu’il en a faite (De natura et gratia), montrant la différence entre les assertions de Pelage, dans son livre, et les réponses qu’il prétend avoir faites

au concile de Diospolis. Il lui demande communication des actes authentiques du concile de.Jérusalem.

3° Sentence du pape Innocent I*’. — - Aux lettres africaines, le pape répondit par trois lettres datée* du 27 janvier 417 et adressées au concile de Carthage. au concile de Milève et aux cinq évêques, elles nous sont conservées dans la correspondance de saint Augustin, Ei>ist., clxxxi-clxxxiii, P. L., t. xxxiii. col. 779-787, Jallé, n. 321-323. Innocent I" loue la science, le zèle et la vigilance des évêques d’Afrique, qui non seulement ont soin des Églises qui leur sont confiées, mais étendent même sur les autres leur pieuse sollicitude. Il parle des deux conciles en termes très honorables, surtout pour avoir consulté le Siège apostolique dont il relève la dignité et l’autorité.

Il refuse de tenir compte du concile de Diospolis. et parce qu’il doute de la sincérité des réponses de Pelage, et parce que les actes du concile n’étaient accompagnés d’aucune lettre soit de Pelage, soit de ses juges. En conséquence, adoptant la relation des évêques d’Afrique, il déclare Pelage et Célestius séparés de la communion de l’Église. Semblable peine est prononcée contre ceux qui entreprendront de défendre avec opiniâtreté leurs erreurs. Puisse cette condamnation de Pelage ramener à la saine doctrine ceux qui l’auraient suivi soit à Rome, soit à Jérusalem, soit ailleurs !

On devine la joie d’Augustin. Dans un sermon au peuple de Carthage, il s’écrie : « Déjà deux conciles ont envoyé leurs décisions au Siège apostolique, de là sont venus des rescrits favorables, la cause est finie, plaise à Dieu que l’erreur finisse de même ! » Serm.. cxxxi, n. 10, P. L., t. xxxviii, col. 729. C’est cette parole d’Augustin qui est devenue, par une simplification qui n’en change pas le sens essentiel : Roma locuta est, causa finila est.

Augustin, pourtant, n’était pas encore, il s’en fallait, au bout de ses peines. Ayant enfin reçu les actes du concile de Diospolis, il put constater que Pelage n’avait été absous que pour avoir fait extérieurement profession de foi catholique. Il se mit aussitôt à écrire et à dédier à Aurèle le De gestis Pelagii (417). Il y discute avec soin chacune des erreurs reprochées à Pelage comme aussi ses réponses. Il prouve que, si Pelage fut absous par le concile, son hérésie y fut indubitablement condamnée. Il blâme les violences exercées contre saint Jérôme par les partisans de Pelage. De gestis Pelagii in synodo Diospol., P. L.. t. xliv, col. 319-360.

L’orthodoxie semblait triompher, elle va subir encore de rudes assauts.

III. Reprise de la controverse sous le pape Zosime. — 1° La revanche des novateurs. 2° Le grand concile de Carthage. 3° La Tractoria du pape Zosime.

I. LA REVANCHE DES NOVATEURS.

1° Appels (l

Rome de Pelage et Célestius. — Le pape Innocent mourut le 12 mars 417 et fut remplacé six jours plus tard par le pape Zosime. Pelage avait tenté de se justifier en envoyant à Innocent, dont il ne connaissait pas la mort, une lettre et une profession de foi. Voir saint Augustin, De gratia Christi. I, xxxi, 33, t. xliv. col. 376, cf. col. 394. Lettre et profession de foi vinrent aux mains d’Augustin ; de la lettre personnelle, de^ extraits sont cités par Augustin dans le traité ci-dessus ; ils ont été rassemblés, un peu capricieusement, par damier. Voir P. L., t. xlviii, col. 610. Le libellus ftdei s’est conservé en entier, parce qu’il a été mis sous le nom de saint Jérôme et de saint Augustin. Voir un texte critique dans Hahn, Ribliothek der Symbole. 3e édit., p. 288-289 ; cf. Garnier, dans P. L.. t. xlviii, col. 488-491. — Célestius, plus audacieux. se rendit à Rome. Il y avait des partisans : ne prétendait-on pas que le prêtre romain Sixte (le futur pape)