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PELAGE 1er


rassant, tel fut le programme qu’Askidas résolut de faire triompher, avec l’appui de Théodora, toujours bien disposée pour la faction monophysite. Libératus, c. xxiv. Askidas suggéra donc à l’empereur que, pour ramener à l’unité la masse des acéphales, il y avait un moyen pratique, c’était d’amender le concile de Chalcédoine. Et de quelle façon ? Ce qui offense les acéphales, insinuait-il, c’est que les Pères ont laissé prononcer devant eux l’éloge de Théodore et subi, sans protester, la lecture de la lettre d’Ibas, laquelle est d’inspiration nestorienne ; qu’on anathématise Théodore et ses écrits, qu’on anathématise la lettre d’Ibas et, de cette façon, le concile sera reçu par tous, l’empereur aura, par un acte libérateur, rétabli la paix religieuse. Fæundus, Pro defensione Irium capilulorum, I, ii ; IV, iv, P. L., t. lxvii, col. 532, 627 ; cf. II, vi, col. 578 D. Bientôt, en effet, un nouveau décret fut préparé qui dut paraître en 543-544, le type de Justinien. P. L., t. i.xix, col. 267-273 ; repris dix ans plus tard : col. 30-37. Les patriarches manifestèrent quelque difficulté à souscrire au manifeste impérial contre Théodore, Théodoret et Ibas. Comme Vigile tardait à se décider, semble-t-il, Justinien résolut de l’amener près de lui. L’Occident était hostile à toute mesure qui paraissait entamer le concile de Chalcédoine et demandait à Vigile de s’opposer aux prescriptions envoyées de Constantinople. Pelage et son collègue, le diacre romain Anatole, avaient, de leur côté, demandé à un Africain réputé, le diacre Ferrand, quelle attitude on devait prendre. Fæundus, Pro defensione, IV, ni, col. 523-624. Ferrand leur fit savoir que, pour lui, le concile était un tout inséparable dont aucune partie ne devait être soumise à revision. P. L.. t. lxvii, col. 921-928.

Quand Vigile atteignit Constantinople (25 janvier 547), Pelage n’y était plus. Rentré à Rome depuis un certain temps, il y occupait une situation fort importante qu’allaient encore renforcer des circonstances douloureuses. L’armée des Goths assiégeait la ville ; la détresse des Romains se faisait plus profonde de jour en jour. Pelage qui avait acquis, durant son séjour à Constantinople, une fortune considérable, l’employait à secourir la misère de ses concitoyens. Procope, De bello gothico, III, xvi. Réduits aux dernières extrémités, les Romains obtinrent de Pelage qu’il allât trouver Totila ; ce fut sans aucun succès. Procope, III, xvii. Quand la trahison de quatre soldats isauriens eut mis la ville aux mains du chef goth (17 décembre 546), celui-ci se rendit à Saint-Pierre. Il y trouva Pelage ; tenant entre ses mains les saints évangiles, le diacre implora le pardon pour ses concitoyens. Totila défendit a ses bandes d’attenter à la vie d’aucun Romain ; par contre,

toute liberté fui donnée pour le pillage. Peu de temps après, Totila convoqua ce qui restait de sénateurs, les humilia de toute façon ; a la prière de Péla| n’alla pas au delà des insultes. Procope, III. xxi. Après avoir fait de Rome un désert où ne parut, pendanl plus ci< quarante jours, aucun visage humain,

Totila envoj a a lus ! injcii Pelage et un avocat romain avec mission d’obtenir de l’empereur d’honorables con litlons depaix ; faute de quoi. Rome serait : les sénateurs mis a mort, la guerre portée en llly rlcum, Par mesure de précaution, le Goth avait fait

jurer a P son compagnon d’ambassade de

défi ndre ses Intérêts et de ri’ni rer bientôt. La réponse de Justinien lui parvint sans retard : Bélisaire était nommé commandant des armées byzantines en Italie et c’est avec lui qui Totila aurait à s’entendre Au printemps 547, Rome « ’tait reconquise par Bélisaire

Pendant quelques années, nous perdons la tde Pelage ; nous la retrouvons à la (In de l’année

Vigile, toujours à Constantinople, est revenu au palais de Placidie d’où il s’était enfui ; il est espionné, soumis à des vexations ; son appartement est entouré par une soldatesque qui vocifère ; les issues sont gardées. N’y tenant plus, résigné à tout, il s’enfuit le 23 décembre 551 et gagne la basilique de Sainte Euphémie, à Chalcédoine : Pelage l’accompagnait. Mansi, t. ix, col. 58. Le 5 février 552, le pape rentrait à Constantinople.

Un an plus tard, on décida de convoquer un concile pour mettre fin à la querelle des Trois-Chapitrcs. Où se réunirait-il ? Le pape eut désiré que ce fût en Italie ou en Sicile : il dut se contenter de remettre à l’empereur une liste d’évêques à convoquer. Dès avant Pâques (20 avril 553) un certain nombre de prélats avaient gagné Constantinople. Désireux de faire vite, Justinien prescrivit à Vigile de s’entendre avec les évêques présents et d’entamer les débats. Il avait, d’ailleurs, fait connaître au pape son avis personnel et l’avait prié d’envoyer rapidement sa réponse. Aux instances réitérées qu’on faisait auprès de lui pour qu’il rendît son jugement sans délai, Vigile demandait, eu égard à ses infirmités bien connues et à la gravité de la question, un délai de vingt jours ; quoique le jour où devait s’ouvrir l’assemblée fût déjà fixé, il réclamait ce laps de temps et rappelait qu’on devait, avant d’aller plus loin, attendre la sentence du Siège apostolique. Pelage fut chargé de porter à l’empereur cette ferme requête du pape. P. L., t. lxix, col. 70 D, 71 BC, 71 CD.

De la réponse de Vigile, Justinien se souciait assez peu. Au jour fixé par lui, cent-cinquante évêques, tout dévoués à ses ordres, s’assemblaient à Sainte-Sophie. Le 14 mai, alors que ce concile avait déjà tenu cinq séances, le pape signait le document qu’il avait promis : c’est le Constitulum. Jafïé, Regesla. n. 935. Sa signature était suivie de celle de dix-sept évêques et de trois diacres, dont Pelage, le rédacteur du mémoire. L’empereur refusa de recevoir le Constilutum. Bien mieux, son concile accepta que Vigile. coupable d’avoir, dans le Constitulum, suivi les doctrines de Nestorius et de Théodore, fût rayé des diptyques.

Bientôt après, on instrumenta contre les opposants, à commencer par les Africains ; on s’en prit également à l’entourage du pape ; ses deux diacres. Pelage et Sarpalus. furent arrêtés et mis en prison. Ses conseillers n’étant plus là ; épuisé par une affreuse maladie. Vigile se trouva en bulle a de nouvelles Instances pour qu’il condamnât les Trois-Chapitres ; il céda. Le <S décembre 553 il adhérait aux mesures prises par le concile de l’été précédent, .lalïc. n. 936. Le 23 février 55 1, il confirmait sa décision, anathe tnatisait la lettre d’Ibas. Théodore et ses ouvrages, les écrits Impies de Théodoret. dallé, n. 937. Pour lui faciliter la besogne. Vigile avait reçu du palais impérial une documentation de circonstance ; ses conseiUers intimes. Pierre et Tullianus, l’avaient largement exploitée.

Quant à Pelage, nous ne pouvons que difficilement reconstituer le détail de son séjour a Conslantinople. a partir de l’été 553. Voici ce qui paraît le plus vrai semblable : s’écarlanl du pape parce que celui-ci.

pensons nous, inclinait a reconnaître le concile il

se vil obligé de Justifier sa conduite devant son

maître qui menaçait de le condamner, Jaffé, n.

a la demande de.luslinien. le mémoire lui fui remis. Après quoi, pour répondre au désir de son ami, le diacre Sarpatus, il entreprit l’examen des passages

incriminés de la lettre d’Ibas. C’est abus, croyons-nous, que jeté en prison, gardé a vue dans différents monastères, il utilisa les loisirs de sa détention.i

compose ! une défense des Trois Chapitres en six livres.