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PECHE ORIGINEL. LES GRECS MODERNES


expression de l’orthodoxie dans le texte grec de Mélèce Syrigos par les quatre patriarches d’Orient, en 1643. Il est dit, sans doute, dans ce document, que parmi les effets du péché originel dans la personne même d’Adam, il faut placer une inclination de sa volonté au mal plus grande que l’inclination au bien : yjxi rj OéX’/jcuç ëxXivs TrspiaaÔTepov eîç tô xocxôv 7rapà su ; tô xaXov, , I part., q. xxiii, Kimmel, t. i, p. 86-87 ; mais, là où il est question des effets du péché d’origine dans la postérité d’Adam, on déclare que la volonté n’a reçu aucune atteinte pour ce qui regarde l’appétit du bien et du mal. On constate seulement que chez les uns l’inclination au mal est plus forte ; diez les autres, au contraire, c’est l’inclination au bien qui prévaut : [là. 7) OcX/jctç, xaXâ xaù ëp.£ivsv à6Xaêr ( ç sic, tô va hziQuyui tô xaXôv 7J tô xaxôv, ëyivEV p.’ôXov toûto sic xâ—oio’jç ttXsov sttippettïjç xocl xXÎve’. sic tô xaxôv, xai sic, aXXouç -pôç tô xaXôv. I part., q. xxvii, loc. cit. p. 91-92. Il est clair que cette différence dans l’inclination au bien ou au mal ne saurait provenir du péché originel considéré en lui-même. Ce qui suit : qu’il dépend de l’homme déchu de devenir fils de Dieu ou fils du diable suivant l’usage qu’il fera de son libre arbitre, et que le secours de la grâce est nécessaire pour opérer Je bien, confirme que le péché originel n’a pas blessé la nature prise en elle-même.

Cette doctrine des Confessions de foi du xviie siècle sur les effets du péché originel, on la retrouve chez beaucoup de théologiens postérieurs, par exemple chez Eugène Bulgaris († 1806), dont le ©eoXoyixôv, édité à Venise en 1872, n’est guère qu’un résumé de théologie thomiste. Voir p. 418-420. Mais les théologiens grecs de la fin du xixe siècle et ceux de nos jours ont appliqué à la postérité d’Adam ce que la Confession orthodoxe affirme d’Adam tout seul, c’est-à-dire cette inclination plus grande au mal qu’au bien, cette tendance positive au péché, qui ne peut être considérée que comme une blessure positive faite par le péché d’origine à la nature humaine, considérée en elle-même. Et ce n’est pas seulement la volonté qui a été ainsi atteinte dans sa vigueur naturelle ; c’est aussi l’intelligence qui a été obscurcie dans une mesure qui ne s’explique point par la seule soustraction de dons surnaturels ou préternaturels ; c’est l’empire de la concupiscence charnelle sur les facultés supérieures qui s’est aggravé à un degré qu’on ne saurait attribuer à la nature humaine, dans le cas où Dieu ne l’aurait pas élevée à l’état surnaturel. Bref, ces théologiens se rangent catégoriquement dans La classe des théologiens catholiques qui affirment, contre la thèse contraire de Cajétan, Bellarmin, Suarez et de beaucoup d’autres, que, abstraction faite de l’élévation à l’état surnaturel, l’homme, tel qu’il naît actuellement, est dans un état inférieur à l’étal de naturc pure : que Dieu n’aurait pas pu le créer avec les lares actuelles de l’humanité ; que véritablement l’homme déchu n’est pas seulement un homme dépouille de dons gracieusement concédés par Dieu au delà de ce qu’exigeait strictement sa nature, mais que c’est un bleui atteint d’un coup fatal. Ce coup, sans lui donner la mort et sans le rendre incapable de toul bien, l’a fortement

affaibli dans ses forces vives.

Déjà Mélèce PJgaS, au KVP siècle. BVall adopté ce

point de vue angustinien, ’Op6080£ot ; Sivaoïcavlat, loc. cil., auquel se sont nulles les théologiens grecs

contemporains. Voir. Damai. is. LTcpt v^Piv. I^ipzig,

ix »  » :, . p, 71 73 ; J. Mésoloras, Euu^Xuc^, t. a <>.

p. H’, 7 |(.’l : < : AndrOUtSOT, £uU.60torfj, 2° éd. ( Athènes.

1930, p. 181 184, et Aoyiia-nx^, Athènes. [907, p. 152 loi. Ces deux derniers théologiens considèrent le péché originel sous

double aspect Sons l’fnpect

négatif, « péché consiste dans la privation de la justice originelle ; sous Vasped positif, c’est une <<, r

ruption positive de toute la nature spirituelle de l’homme : corruption de l’intelligence, qui est rivée aux choses d’en bas au lieu de se porter vers Dieu ; inclination constante de la volonté vers le mal par cette concupiscence du péché que décrit saint Paul au c. vu del’épîtreaux Romains : evOsv Se èv tyj Sivjvexsï Ttpôç tô xaxôv po7rf) ttjç àv0pa>TÛv/)ç f}ouXy)aewç tjj È7u6ufxîa Trjç ào-apTiaç. Ces théologiens ne se contentent pas d’exprimer pacifiquement leur opinion. Us reprochent à l’Église catholique de s’être éloignée de la doctrine traditionnelle sur le péché originel en le faisant consister uniquement dans la privation de la justice originelle et des dons gratuits. Ils considèrent, en effet, comme la doctrine officielle de l’Église catholique ce qui n’est que l’opinion d’un grand nombre de ses théologiens.

Il faut noter, du reste, que les théologiens grecs dont nous parlons ne paraissent pas complètement indemnes de l’erreur de Baïus par rapport à l’exemption de la concupiscence. N. Damalas et C. Androutsos paraissent bien enseigner que cette exemption n’est pas un privilège indu, mais l’accompagnement normal de la nature saine, telle que Dieu devrait la créer en toute hypothèse. Il est vrai qu’ils se font de la concupiscence une idée différente de celle qu’expriment les théologiens catholiques à propos de l’état de nature pure. Cet état de nature pure, les théologiens orientaux ne paraissent pas l’avoir saisi complètement et plusieurs d’entre eux, notamment Androutsos, dans la dernière édition de sa Symbolique, p. 170, prêtent à Scot et à ses disciples l’idée qu’Adam aurait d’abord été créé dans l’état de nature pure, et n’aurait reçu que dans la suite, comme une sorte de pardessus spirituel ajusté mécaniquement à la nature, la justice originelle proprement dite.

Doctrine sur l’essence du péché originel.

Les

Grecs modernes ne parlent pas seulement des effets du péché originel. A la suite de nos scolastiques, ils se demandent aussi en quoi consiste son essence.

Deux explications principales ont eu leurs suffrages : la théorie de l’imputation, telle qu’elle était déjà exposée sommairement par les Byzantins, et la théorie de l’état peccamineux subjectif, qui est diversement expliqué. C’est la théorie de l’imputation que nous trouvons dans Mélèce I J igas, op. cit., p. 11, 1017, 00. qui écrit : « Les enfants qui viennent de naître sont tombés avec le premier père, et de cette chute leur vient, de la part de Dieu, une juste condamnation : gu[jlt : £irnitxacoT to> 7rpo7raTOpi. xàxsîvco t<o tïziûl<xti <Sixaîav écpcXxovTai Tr, v xpiaiv » ; de même, dans la Confession orthodoxe de l’. Moi/liHu. qui met en relief celle idée que nous ne faisons avec Adam qu’un seul homme, que nous étions tous virtuellement en lui. aussi bien quand il était innocent que lorsqu’il a péché, de sorte que son péché est devenu aussi le nôtre : I pari., q. xxiv. Kimmel, p. 87 : àtp’ou ËoçtxX&v, ôXoi ea^xXav ziz -i/j-u-j L’/ !. ëiAEivav elç t/ ( v xariaraoïv T7)ç àjiap-TÎaç : cf. aussi III part., q, xx : o>.oi ijuttodav tote eî ; tin’ASi|i.. y.y.l o6ru SV évôç’ASàui ôYTjXŒv et ; SXou ; Tjfiàçf, %[j.iç.-i’I. : de même, dans Eugène Bulgaris, qui a écrit sur le péché originel une dissertation sous Forme de lettre, imprimée dans son QeoXoYU<l 133 ;

dans N. Konrsonlas qui pose et résout la question en termes tout à fait soolastiques : il faut affirmer, dit il. que ii’péché originel des entants est la trans gression même d’Adam persévérant moralement, tant que ce péché ne le m est pas remis… Le péché originel est l’acte d’Adam déjà passé, qui est considéré comme l’acte présent îles enfants… Le péché originel de Pierre est l’iniquité d’Adam déjà passée et persévérant moralement en Pierre : 8créov 8rt’nôv ôjiâp -< ; i y rûv vTjitiwv sùrh ÈTTlv I <Sàp.

. : Suuicvouoat, i’-/ <>n’iv a’jToVç où* duplsau