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PÉCHÉ ORIGINEL. LA REACTION ECCLESIASTIQUE


liones theologicæ t. iv, Rome, 1841, aborde, dans un esprit sagement critique, l’exposé de la situation de nos premiers parents, et celui de la preuve scripturaire et patristique du péché originel.

Touchant la science d’Adam et d’Eve, il fail remarquer judicieusement : Cujusmodi autem fuerit hœc scientia, qua Adam donalus fuit, quanta ejus ampliludo, qui limites, ardua res est determiuarc : hoc uiuim dici potest, eam fuisse pristinw illius conditioni omnino consentaneam. Op. cit., p. 163.

Il appuie, avec raison, sa preuve de la transmission du péché originel avant tout sur le Nouveau Testament. P. 207. Il croit néanmoins devoir traduire le texte de l’épître aux Romains, v, 12, èç’co par in quo. Comme D. Soto, il met l’essence du péché originel dans la privation de la grâce sanctifiante et réfute Hermès qui la place dans la concupiscence : in inordinata sensualitate. P. 241. A la suite de saint Thomas, il insiste sur le caractère purement privatif des conséquences du péché originel. Celui-ci a fait perdre seulement à l’homme la condition privilégiée que Dieu lui avait faite gratuitement, mais ne lui a causé aucun dommage en ses droits. Le genre humain aurait pu être créé dans l’état où il est aujourd’hui. Il ressemble à un riche, dépouillé de ses biens, qui diffère simplement du pauvre parce que, jadis, il a été dans une situation meilleure : sicut spoliât us a uudo. P. 192, 238.

Kn rappelant ce caractère purement privatif des suites du péché originel, dans l’autre vie, pour les enfants morts sans baptême, il dit opportunément aux incrédules qu’ils n’ont pas à faire grief à llîglise d’une opinion de théologie. P. 408 sq. C’est aussi comme une opinion de théologien tout à fait discutable qu’il rejette l’inclusion de nos volontés dans celle d’Adam.

Perrone est aussi un témoin de cette évolution psychologique qui amène les esprits à interpréter les faits davantage en fonction du principe de l’universalité de la vocation au salut, et à songer que Dieu, comme dirai ! Leibnilz, est plus philanthrope que les hommes, même à l’égard de I humanité déchue. C’est ainsi que, lorsqu’il traite des conditions de salut, il fait remarquer que la promulgation suffisante de L’Évangile est chose relative, continuellement progressive, régionale. Dès lors, « les nations, et même les individus qui sont dans une ignorance invincible, ne sont p ; is tenus par un précepte positif de croire explicitement les mystères de la sainte Trinité et de l’incarnation ». De virt. fidei, c. vi, § 3, n. 325, p. 115.

I>) Mœhler, trouve, en face de lui, un protest Mutisme divisé : d’un côté, le protestantisme rationaliste supprimait la grâce de Dieu et exaltait l’homme ((mine le seul artisan du bien ; de l’autre, le protestai ! Usine piétiste niait la liberté humaine et exaltait Dieu comme l’ouvrier unique et capricieux du salut de l’Âme. En face de ces deux fractions du christianisme réformé, le docteur de Tubingue, en possession d’une connaissance vraie de la tradition catholique, dont il

avait retrouvé le sens profond au contact des l’ères et des grands théologiens du Moyen Age, avec une expérience du protestantisme qu’il avait puisée dans les facultés du nord de l’Allemagne, a conscience, dans s ; i Symbolique (1832), d’apporter aux deux fractions dlvl lées la vérité synthétique et paclflcal rice. C’est la doctrine formulée par le concile « le Trente sur le péché originel et la justification. L’Église est appelée à conterver Intacte la doctrine du Christ et des apôi res, non .i décider des questions libres. Aussi, le concile a l 11 été surtout préoccupé de définir ce que le péché « ni i n’esl p ; is. c’esl ; « dire de nier « pic le péché « >ri ginel supprimai le libre arbitre et de nier que toutes les actions de l’homme déchu lussent nécessairement des péchés.

La tache originelle, telle « pie la décrivent les doc

teurs catholiques, est la perte des dons surnaturels et une profonde blessure infligée aux qualités naturelles. Si les facultés naturelles ont été affaiblies, néanmoins, l’image divine a survécu au naufrage ; les dons naturels, l’esprit humain n’ont pas péri ; l’aptitude à s’élever vers le Seigneur sommeille, mais elle subsiste à l’état de virtualité pour la vie pieuse susceptible d’entendre la voix du Rédempteur, de ressusciter au contact de sa main divine et de parvenir, fortifiée, jusqu’à son plein épanouissement.

tandis qu’au point de vue luthérien on ne peut pas même concevoir l’homme acceptant une offre divine, dans le système catholique, l’aptitude religieuse, la faculté de s’élever à la connaissance et à l’amour de Dieu, est accordée, à l’homme ; elle a besoin toutefois d’être réveillée par l’opération du Seigneur, par la participation à la vie divine. Voir Neue Untersuchungen, p. 60 et 66-08 ; Symbolik, p. 57-94, traduction résumée dans G. Govau, Mœhler, Paris, 1904, p. 161174 et 51.

En disant aux rationalistes qu’une part doit être faite à Dieu, aux piétistes, qu’une part doit être laissée à l’initiative humaine, Mœhler relevait opportunément l’âme de vérité qui se trouve dans chaque système, et en montrait dans le catholicisme la synthèse vivante. Sa critique portait surtout, reconnaissons-le, sur le vieux luthéranisme, mais se préoccupait moins du rationalisme de Schleiermacher.

c) Scheeben (1835-1888). — La synthèse de la doctrine du péché originel qu’expose Scheeben, soit dans sa Dogmatique (tr ad. lielet, t. iv, p. 216-400), soit dans ses Mystères chrétiens publiés en 1865, édit. de Mayence eu 1925 : Die Mysterien des Christenlhums, p. 224-288, s’inspire de principes analogues ; mais offre une spéculation plus organique et plus approfondie. Touchant la théologie de l’essence du péché originel, il sait que la doctrine catholique laisse place à une assez grande divergence d’opinions ; personnellement, il incline à concevoir la constitution spécifique de cette essence, comme saint Thomas, en faisant une place à la concupiscence dans la définition du péché d’origine.

2° Les décisions du magistère ecclésiastique. 1. Les papes.

En face des erreurs diverses du xixe siècle, les papes eurent l’occasion de rappeler ou de préciser plusieurs fois la doctrine traditionnelle sur le péché originel.

Grégoire XVI, dans son bref Duni acerbissimas. 1835. en condamnant les œuvres d’Hermès, y signalait des erreurs : circa protoparentum statum, peccatum originale, ac hominis lapsi vires. Denz.-Ban., n. 1620. Pie IX. en son allocution Singulari quadam, 1854, dénonce la confiance excessive des rationalistes dans les forces de la raison, et la méconnaissance dont ils témoignent par là relativement à la doctrine sur les suites du péché originel. Denz.-Ban.. n. 1643, 10 11. Dans le même discours, après avoir rappelé le principe que, en dehors de l’Église apostolique romaine, personne ne peut être sauvé, il ajoute cependant : Il faut tenir également pour certain que les hommes qui ignorent la vraie religion d’une ignorance Invincible n’en portent point la taule aux yeux du Seigneur. » Denz.. n. 10 17. fin 1803, dans l’encyclique Quanta con/icia mur motrore, il s’exprimait dans le même sens. Denz., n. 1077.

i.e même pape, en proclamant le dogme « le l’immaculée conception, en déclarant ainsi Marie seule exempte de la contagion universelle du péché originel, eu ne des mérites du Sauveur du genre humain, at estai I. une fois de pins, eu face d’un siècle naturaliste, en même temps que l’universalité « le la rédemption, l’uni* vénalité de la propagation du péché originel dans la famille d’Adam, ci J V. Balnvel, Sature et sumu

lui cl. p. 3 1(1.