Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/284

Cette page n’a pas encore été corrigée
553
554
PÉCHÉ ORIGINEL. L’AUGUSTI NISME DU XVIle SIÈCLE
« les tourments perpétuels », selon saint Grégoire, au

rapport du même P. Petau : perpétua lormenia percipiunt, dans la géhenne, selon saint Avit. » L. V, c. ii, p. 167. C’est dans ces sentiments qu’il dénonçait au pape Innocent XII l’ouvrage posthume du cardinal Célestin Sfondrate, Nodus prædestinationis dissolutus, I, i, 23, p. 171 ; I, i, 13, p. 69, et I, ii, 16, p. 234, où il était question du bonheur des enfants non baptisés et de l’opinion soutenue par de Lugo et Suarez, selon laquelle la foi explicite aux dogmes de la Trinité et de l’incarnation n’était pas tenue comme nécessaire au salut.

On sait que l’ouvrage ne fut pas condamné. C’est sans doute que le pape tenait mieux compte que Bossuet du courant général de la tradition. Nous avons dit précédemment ce qu’était ce courant, voir art. Limbes. Il manque à Bossuet de l’avoir envisagé dans son ensemble ; il a voulu tout ramener à la théologie d’Augustin. C’est ce qui explique son rigorisme personnel, voir art. Bossuet, col. 1079, et encore l’attrait qu’il a ressenti pour les hommes les plus éminents du jansénisme, sans parler du peu d’attention qu’il a donné au pessimisme luthérien : « Il est remarquable, par exemple, que Bossuet, si habile à relever les erreurs et les contradictions des protestants, ne dise pas un mot, dans son Histoire des variations, de leurs doctrines sur le péché originel. La matière en valait pourtant la peine. Car elle est à la base de la conception protestante sur l’état et la nature de l’homme, sur son impuissance radicale à rien faire de bien et sur l’impossibilité d’une rénovation intrinsèque, incompatible avec la corruption essentielle de la nature. Mais Bossuet, tout pénétré des expressions de saint Augustin, n’a pas assez vu peut-être qu’en ce point, comme en beaucoup d’autres, il fallait expliquer saint Augustin par saint Thomas. Il n’y a pas, en effet, de contradiction entre eux. Mais ce qu’Augustin énonce en fait, Thomas explique comment il faut l’entendre en droit : l’un complète l’autre. » J. Bainvel, Nature et surnaturel, p. 218.

Petau.

Tout comme Bossuet, au fond pour les

mêmes raisons d’attachement exclusif à saint Augustin, cet admirable historien n’a pas voulu distinguer entre, damnation au sens strict ou privation de la vision béatiflque seulement, et damnation au sens de condamnation aux tourments de la géhenne. C’est accidentellement, pour établir la thèse de la prédestination ante mérita, que Petau est amené à exposer l’opinion augustinienne sur la condamnation des enfants morts sans baptême à la géhenne. I.e fait que, parmi les enfants non baptisés, incapables de tout mérite propre, les uns vont au ciel, les autres, au contraire, sont précipités en enfer, en constitue une preuve inéluctable. De lice. I. IX, c. x. § 1.

Il ne se contente pas d’exposer la th. augustinienne, 1. IX. c. x, § 1-2, il repousse le système pélagien d’un lieu intermédiaire pour les enfants morts sans baptême, Jbi/I.. c. xi, § 1-3 ; De pelagianorum et semtpelagianorum tuerai, c. v, ii 1-3, et c. vi. i :  ;. Pour lui, l’enfer n’est rien autre que le lieu de la

géhenne où se trouvent les damnés. De incaru.. I. I I I. e. xv, | 3, El sa I he.se ne conduit pas seulement à exclure la solution pélagienne, mais lonle idée d’un lieu ou d’un étal Intermédiaire, quel qu’il soit, même l’idée des limbes telle que se la représeiil aient (atharin et saint Thomas Dr Deo, I. IN. c. XI, f 1.

Il va prouver que saint Augustin a condamné les petits enfants aux llammes de l’enfer : ParVUlOB iqitur

ni su luis ortgtnalls, $1 qui tunt alit, culpm reot omnes, non iolum rnrere Del cotupectu, ’/" « f" pirnam damni vm ont. si-ii rtium cructarl torqueriqut démontrai kugut tintis allquot in locls. lie lien, l. l. c. x. § 6 7, ner iilnui est (gnii alernut quam mlerna combuntio, § 8 ;

il aligne alors de nombreux textes tirés, en général, des ouvrages composés dans la dernière décade de la vie du grand docteur, et apporte aussi un certain nombre d’autres textes, tous tirés de Pères disciples de saint Augustin. Il en appelle aussi à la fameuse décision du concile de Carthage (418) sur le locus médius. Cf. De pelagianorum et semipelagianorum hæresi, c. vi, § 3 ; De Deo, I. IX, c. xxi, § 5, et enfin à la définition du concile de Florence, Denz., n. 464, qu’il commente ainsi : « La peine de l’enfer est la même pour ceux qui meurent avec le seul péché originel et ceux qui meurent avec des péchés actuels. Cette peine, c’est, comme le dit Augustin, la peine du feu. Encore donc que la peine ne soit pas identique pour les uns et les autres, c’est néanmoins pour les uns et les autres la peine torturante de la flamme, una est cruciantium pœna flammarum, ita parvuli insequali quidem flammarum cruciatu torquentur, sed torquentur tamen. Nam disparitas pœnarum corum naturam et qualilalem non tollit. » De Deo, t. IX, c. x, § 12 ; c. xi, § 5.

Ainsi, Petau, dans toute cette argumentation, ne veut tenir compte que de la pensée de saint Augustin ; il ne cite que des disciples d’Augustin, méconnaît les hésitations, les reprises, les adoucissements justifiés par une meilleure conception de la nature du péché originel et de la justice de Dieu que nous révèle la tradition intégrale ; il ne lit le texte du concile de Florence qu’à la lumière d’Augustin, alors qu’il faut l’expliquer par les conceptions courantes de l’époque. Ici, l’histoire aussi bien que le souci théologique de la tradition intégrale, auraient dû le guider dans l’interprétation de son autorité ; le souci d’être fidèle à la lettre d’Augustin a fait tort au critique et au théologien.

Le cardinal Noris.

Il se révèle dans ses Vindiciæ

augustiniana (reproduites dans P. L., t. xlvii, col. 575-882) comme l’un des disciples les plus fidèles à la lettre de l’évêque d’Hippone. En comparant la pensée du maître avec celle des écrivains plus récents, il est frappé beaucoup plus de l’écart qui les sépare que de la continuité substantielle qui les unit. Il explique cet écart non point par une variété de points de vue et un progrès dans la clarté des notions, mais par le défaut chez les scolastiques d’une connaissance précise des documents de l’ancienne tradition. Loc. cit., col. 6 11, cꝟ. 651.

Dans ces conditions, Noris n’admet aucun développement dans l’intelligence du péché originel depuis Augustin ; les témoignages divergents des Pères antérieurs ou contemporains et des écrivains postérieurs sont traités connue des tâtonnements, des objections, ou encore des déformations de la vraie pensée traditionnelle. Col. 660-670, 745-862. l.a doctrine de saint Augustin, au contraire, sur la nature peccamineuse de la concupiscence, col. 600-616, sur la preuve du péché

originel par l’expérience, col. 616-620, sur les vertus des Infidèles, col. 620-631, sur la peine du sens chez les enfants morts sans baptême, col. 621-670, est présentée, dans la forme austère on l’a enseignée l’évêque d’Hippone, comme Identique de tout point à la pensée unanime des papes, des synodes et des Pères, col. 670, comme le dernier mot, par conséquent, sur la doctrine du péché originel. On répudie ainsi (ont l’adoucis sèment apporté, par la scolastique, a la pensée M’Vugust in.

relire cependant les sèches analyses des Vindictes, le théologien moderne trouve encore grand profil : elles lui donnent nue Intelligence profonde des principales thèses d’AugUStin contre les pela] i< us. Mais la position <|e Noris ne laisse pas de lui apparaître archaïque, l’ane que, Cependant, elle n’a point let

outrances systématiques de Balus et de Jansénius, l’œuvre de Noria n’a Jamais « -té frappée par uni