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PÉCHÉ ORIGINEL. S. JEAN DAMASCÈNE


n’est pas seulement le malheur, mais comme une aversion de Dieu qui s’est mêlée à notre vie. » Oral., vii, 4, P. G., t. lxxxvii c, col. 3328.

Le Christ vient pour ramener notre nature, devenue mortelle et passible, à la splendeur primitive de l’immortalité et de l’impassibilité et réconcilier avec Dieu la nature ennemie et rebelle. » OraL, ii, 17, col. 3237. Il délie des liens du péché « l’homme jadis lié par le démon » ; il rend la vie à ceux qui ont reçu leur corps d’Adam, un corps soumis à la mort, parce qu’ils ont contracté et qu’ils portent la souillure du même Adam. OraL, iii, 16, col. 321)8-3299.

Par sa désobéissance, Adam a souillé et rendu peccamineuse notre première naissance. Hom. in Christi bapt., cité dans M. Jugie, op. cit., p. 21.

3° Saint Maxime le Confesseur (y 662) eut plusieurs fois à discuter et à expliquer la doctrine du péché originel. Consulté sur le langage que l’on doit tenir au sujet de la pureté morale du Christ, il répond qu’il suffit de dire « qu’il n’a pas eu dans l’esprit le péché dont Adam paraît avoir souffert le premier, et qu’il n’a pas eu dans son corps l’énergie et l’activité du mal qui vient du premier péché ». Episl. ad Marinum, P. G., t. xci, col. 136.

C’est surtout dans son petit commentaire du ps. lix, 3, P. G., t. xc, col. 861, et plus encore dans la réponse à la question lxi de Thalassius, col. 625 sq., qu’il esquisse une explication de la genèse, des conséquences et de la réparation du péché originel. Par la façon dont il conçoit le rôle de la concupiscence, dans ses rapports avec le péché d’origine, il se rapproche de saint Augustin.

Dieu, en créant la nature humaine, ne lui a point communiqué la volupté et la douleur, Y]Sovr ; y.al 68uv7] : c’est la faute d’Adam qui a amené la première par la corruption de la volonté, la seconde par la juste dissolution de la nature. Ad Thaï., P. G., t. xc, col. 641.

La volonté divine n’était pas que nous naissions de la corruption par l’union charnelle, |xï] Sià yâu, ou yevvôcaOat r, [iic ïv. « pGopâç. La transgression d’Adam, voilà la cause de l’apparition des noces et, par conséquent, de la génération, souillée par la concupiscence, de tous les descendants d’Adam, Tiâv-rtç ol te, ’' ABày. yevvwj/evoi èv àvouiouç auXXa|i.6âvovTai, Ô7U07t(7CT0VTeç Tfl toû TcptûTOTtàTopoç xaTaSfocy]. Inter., iii, col. 788.

Cette génération charnelle a, dans le plaisir qui l’accompagne, quelque chose d’injuste et de condamnable, c’est la loi du péché. Quest. ad Thaï., col. 641 ; elle embrasse les souffrances et la mort : c’est le lot de tous ceux qui naissent de cette injuste concupiscence. Ibid., col. 632.

Le seul moyen de nous arracher à la corruption de noire entrée et de notre sortie de la vie. c’était que le Verbe incarné purifiât l’une et l’autre, et par une conception à l’abri de la concupiscence, et par une mort qui ne fût point nue délie contractée par suite d’une génération naturelle souillée par la concupiscence. Tandis qu’en Vdam, par la génération charnelle el concupiscente, nous avons trouvé la condamnation à la mort de la nature, dans le Christ ne d’une vierge, la nature trouve la condamnation du péché. Ibid., col. 633-636.

Bref, a la concupiscence s’attache le caractère d’injustice inorale qui explique comment nous naissons dans le péché, èv ivouiatç, et sommes des condamnés à la douleur et a la mort ; noire réparation s’explique par conl raste, el par l’incarnai ion virginale <u Verbe, <-t par la régénération du baptême qui remplace p grâce d’adopt ion la souillure de notre pr m ra tion dans L, concupiscence (ibid., col. 636) Le péché est alors condamné dans la chair.

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Trullo, réuni à Constantinople, donnait son approbation officielle à la collection canonique des canons africains et faisait entrer ainsi, dans le droit byzantin, ces canons du concile (dit) de Milève où est proclamée la nécessité du baptême pour les nouveau-nés. à cause du péché d’Adam. Cf. M. Jugie, op. cit., p. 23.

iv. saint jean dauascène († 749). — Le dernier des Pères grecs, sur la question de la justice primitive et du péché originel, résume, plus qu’il ne le développe et l’approfondit, l’enseignement de ses prédécesseurs. A ce titre, il est particulièrement représentatif. Il a d’ailleurs, sur l’état de justice originelle, une doctrine nettement caractérisée : à côté de l’incorruptibilité, de l’impassibilité ci de l’immortalité, il reconnaît en Adam la présence de la grâce divine. Voir art. Jean Damascène, col. 720.

Possède-t-il, sur le péché originel et ses suites, un enseignement aussi précis ? La chose est discutée : les historiens du dogme sont d’accord pour reconnaître que, selon le Damascène, Adam, par suite de son péché, fut privé de la grâce, devint sujet à la.corruption et à la mort, connut la concupiscence et la tyrannie du corps sur l’âme. Mais ils se divisent pour savoir si notre auteur admet aussi la transmission d’une souillure morale aux descendants d’Adam. « Si saint Jean, remarque Tixeront, nous représente comme héritant de notre premier père les misères de la vie. il ne parle pas d’une souillure morale proprement dite qui serait transmise avec la vie. » Op. cit., t. iii, p. 494. De même, J. Frcundorfer, op. cit., p. 123.

On a soutenu le contraire ici même, art. cité col. 727 : « Jean, affirme clairement l’existence d’un péché inhérent à la nature humaine par suite de la transgression d’Adam. » Et, pour le prouver, on a cité ce passage de Jean, estimé avec raison capital : « Jésus-Christ a délivré la nature du péché du premier père, de la mort et de la corruption… De même qu’en vertu de notre naissance d’Adam nous lui avons été assimilés, héritant de lui la malédiction et la corruption, de même, en naissant de Jésus-Christ, nous lui sommes assimilés et nous héritons l’incorruptibilité, la bénédiction et la gloire. » De pde orth., IY, xiii, P. G., t. xciv, col. 1137 BC. Ici, nous trouvons affirmée notre assimilation à Adam non seulement dans la mort et la corruption, suites du péché, mais dans le péché lui-même dont Jésus délivre la nature.

C’est bien, en effet, d’après le Damascène, la nature humaine elle-même qui a été constituée pécheresse et corrompue en Adam et qui est relevée dans le Christ. L’incarnation a eu pour but de permettre à la nature qui avait péché, à(£apr/)aa<Ta, qui était tombée et corrompue, de vaincre le tyran corrupteur et d’être ainsi délivrée de la corruption.

[ci encore, notre auteur distingue bien le péché d’Adam et ses conséquences : par suite de ce péché, la nature n’est pas seulement tombée, corrompue, mais coupable. C’est bien de l’homme en général et non pas seulement d’Adam tout seul qu’il faut entendre le [rassage suivant : « L’homme trompé par la séduction du prince du mal, le démon, n’observa pas le précepte du Créateur, fut dépouillé de la grâce, perdit la confiance de i iieu et fut enveloppé par l’aspérité d’une vie pécheresse ; (’est ce que signifiaient les feuilles de figuier. II fut aussi entouré de la mortalité et de l’épaisseur île la chair, ce que signifiaient les vêtements de peau. Il lui chassé du paradis pal la jusl iee de I)ieu. condamné a la morl et a la corruption. Cependant. I)ieii qui lui avait donné l’être et le bien être ne I abandonna pas, et le ramena, par différents moyens, a la vie bienheureuse. De fuie orilwd., III. t, col. 981.

Jean décrit alors les nombreux secours que Dieu apporta au coins des si’-eles a l’humanité déchue.

Ici h même homme qui a pèche, qui subit les