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PÉCHÉ ORIGINEL. L’ORIENT AU Vile SIÈCLE


de l’homme (souffrance, mort) qu’il admel dans le Christ aussi bien qu’en nous, passionea reprehensione minime dignæ corruptio quee a morte est, et les passions

qui portent la trace du péché et impliquent un déshonneur, passiones macula pccculi inquinalw, rorruptionis vesligium quod a peccato provenit, qui ne se trouvent que dans les hommes issus d’Adam par la génération charnelle. Critique, du tome, édit. Mai, p. 181.

C’est maintenir que l’état de l’enfant non baptisé, s’il n’est point un état de péché, du fait même de la naissance, reste cependant un état déclenché dans la nature par suite du péché. La faute d’Adam lève l’obstacle qui empêchait la manifestation des défauts de la nature, souffrances, mort, concupiscence ; mais il y a plus : cette corruption matérielle, si elle n’est point liée à un péché immanent à la nature, reste cependant un état déshonorant, marqué de la trace du péché dans certaines de ses manifestations, parce qu’il a une relation extrinsèque avec la faute d’Adam dans ceux qui sont issus de lui par une génération charnelle.

En résumé, Sévère a une concept ion moins exacte et moins complète que Julien sur la doctrine de la transmission de la culpabilité originelle, lui condamnant Julien, il réprouve des formules qui étaient très proches de celles qu’on recevait en Occident à la même époque et qui faisaient mieux droit aux définitions des conciles. Peut-être avait-il emprunté son point de vue inadéquat à l’École d’Antioche qui, dans le passé, avait eu difficulté à dire pécheresse la nature déchue en Adam. Il reste que, malgré ses imprécisions et ses négations, le patriarche monophysite d’Antioche offre, par sa distinction entre nature et surnaturel, et son affirmation que l’homme déchu, privé de la grâce, est rendu à sa nature philosophique, comme une anticipation de la théologie de saint Thomas.

G Pseudo-Denys. — A l’époque de la controverse julianiste circulaient déjà sous le nom de Denys l’Aéropagite des écrits connus et cités par Sévère, où se trouve consignée, touchant le mal moral en général et ses suites, particulièrement le péché des anges, une doctrine qui se rapproche de celle du patriarche d’Antioche sur les conséquences du péché originel. (Nous utilisons la traduction de Mgr Darboy.)

Le mal moral ne vient pas de Dieu ; il vient du libre arbitre de l’homme et il n’abolit pas, dans les êtres où il se trouve, les propriétés naturelles qui les constituent. De div. nom., iv, 20-35, P. G., t. iii, col. 717-736.

Le mal n’est que l’imperfection dans le bien. Même les démons ne sont pas mauvais par nature : « Il est faux que les choses se détériorent en tant qu’elles sont essence et nature ; mais, par la violation de la loi qui les constitue, s’affaiblit en elles l’harmonieux accord de leurs puissances et elles subsistent en cet état. Le désordre, alors, n’est que partiel… On ne trouve pas ici un mal absolu, mais un bien imparfait, iv, 23, col. 724-725.

C’est ainsi que les démons, malgré les fautes qu’ils commettent, ne sont pas dépouillés de tout bien « puisqu’ils existent, vivent, comprennent et qu’ils sont agités par quelque désir ; mais on les nomme mauvais parce qu’ils ne sauraient plus agir selon leur destination primitive. Pour eux, le mal c’est la déviation, la transgression de l’ordre établi, l’inanité de leurs efforts, l’imperfection, l’impuissance ». Ibid. Ils sont vraiment mauvais non en raison de ce qu’ils sont, mais à raison de ce qui leur manque. « Donc le mal ne subsiste, ni chez les démons, ni en nous, comme réalité, mais comme privation des biens que nous devrions avoir. » Ibid., 24, col. 728.

Dans la logique de cette conception, le péché originel ne peut être une destruction ou une altération qui frappe l’essence. La nature, dans ses éléments

essentiels, subsiste, mais elle est privée de cette rectitude, C’est-à-dire de cet harmonieux accord des facultés et de cette excellence originelle que Dieu avait mise gratuitement en elle. Le péché laisse l’homme aux imperfections de sa nature et lui enlève le bienêtre divin. Voilà, posés des le vi 6 siècle, chez le pseudo-Denys, les principes qui inspireront la conception privative du péché originel chez saint Thomas : le bien de la nature, c’est-à-dire ses principes constitutifs et les propriétés qui en découlent, n’ont pas été diminués par le péché.

/II. AD VIIe SIÈCLE. — 1° Anastase le Sinaïte (630700), s’est posé la question : pourquoi, solidaires d’Adam, mourons-nous tous avec lui, pourquoi, devenus solidaires du Christ, nos pères ne nous engendrent-ils point dans la sainteté du Christ ? Il répond :

Adam, devenu corruptible après son péché, n’a pu engendrer que des fils corruptibles ; nous héritons ainsi de la malédiction, nous ne sommes pas punis comme si nous avions violé avec lui le précepte divin, mais parce que, devenu mortel, il a lui-même transféré le péché à sa race. Nous naissons mortels d’un mortel. La condamnation universelle portée contre nous, c’est T) ç60pà xai ô Gâvoeroç. Dans le Christ, notre nature s’est dépouillée de la mort.

Nos pères, qui ont reçu l’esprit, ne nous transmettent pas leur don ; autre chose est la rémission du péché, autre chose la rédemption de la mort. Chacun reçoit la rémission de ses péchés dans le Christ par l’Esprit. Mais c’est tous ensemble que nous sommes libérés de l’antique corruption.

Anastase se réfère alors au premier canon du concile (dit) de Milève et conclut : d’après ce canon, les infants qui n’ont pu, par eux-mêmes, commettre de péchés, sont baptisés vraiment in remissionem peccatorum, afin que, par la génération nouvelle, soit purifié ce qu’ils ont contracté par l’antique génération. Quæst., cxLirr, P. G., t. lxxxix, col. 796-797. Ailleurs, In Hexameron, t. VI, col. 937-938, il attire l’attention sur la doctrine d’Olympiodore touchant la parfaite incorruptibilité du premier homme, et sur sa doctrine du baptême qui efface complètement la sentence et le péché originel d’Adam. Comme le remarque M. Jugie, op. cit., p. 20, il partage évidemment ces idées et dit lui-même dans un de ses sermons : « Comme nous avons été constitués pécheurs à cause de la désobéissance d’Adam, ainsi le Christ lui-même, par son obéissance, nous a restitués à la justice. » Serm., ni, col. 1177 D.

Dans YHodégos, c. xiii, ibid., col. 236 CD, il écrit : « Dieu ayant fait Adam à l’image et à la ressemblance de Dieu, déposa sur son visage, par son souffle, la grâce, l’éclat et le rayon du Saint-Esprit. Ensuite, après que, par sa désobéissance et son péché, cette grâce eut été éteinte et effacée de son visage, Adam engendra Caïn, il engendra Abel. » On serait tenté d’en conclure que YHodégos nous donne une claire formule de la doctrine traditionnelle ; mais il ajoute aussitôt que « lorsqu’Adam engendra Seth, il avait recouvré et transmis à ce fils sa beauté primitive avec la grâce de l’Esprit-Saint : les fils de Seth furent participants de la grâce de l’Esprit-Saint, jusqu’à ce que le Seigneur dit : Mon Esprit ne demeurera plus sur ces hommes. Ibid., col. 236, 237.

Quoi qu’il en soit de ce dernier texte. Anastase le Sinaïte, tout en rejetant l’idée d’une solidarité avec Adam dans la transgression même, ne laisse pas de reconnaître qu’Adam, devenu mortel, a transmis le péché à sa race.

2° Saint Sophrone, patriarche de Jérusalem (t i est un témoin des conséquences non seulement malheureuses, mais peccamineuses, de la faute originelle. « Par la sentence portée contre notre nature, ce