Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/210

Cette page n’a pas encore été corrigée
405
406
PÉCHÉ ORIGINEL. L’OCCIDENT AUXVe ET Vie SIÈCLES


la peine de la mort par ces péchés. Il y a cependant ceux qui n’ont pas péché à la façon d’Adam ; leur peine s’explique par l’unité de nature ; comme un arbre attaqué à sa racine ne peut qu’être flétri dans ses rejets, ainsi la nature humaine corrompue dans sa racine, ibid., col. 785 A, et 788 A, ne peut que corrompre ceux qui sont issus d’elle. Ibid., col. 785 A et 788 A. « En vertu de sa désobéissance, Adam a été condamné à mort ; dans cet état il a procréé, et ainsi nous qui sommes issus d’un mortel, nous sommes devenus mortels. Voilà comment nous sommes héritiers de la condamnation en Adam. » Adv. anihrcp., vin, P. G., t. lxxvi, col. 1092 B.

Mais il ne s’agit pas seulement d’expliquer l’extension de la peine de mort à toute l’humanité ; le péché a corrompu toute la nature humaine et nous avons été constitués pécheurs : « Sans doute Adam est tombé, et son inépris du commandement divin Ta fait condamner à la corruption et à la mort ; comment s’ensuit-il que nous ayons été constitués pécheurs à cause de lui ? Que nous importe à nous ses péchés personnels ? Comment avons-nous été condamnés avec lui alors que Dieu dit : les pères ne mourront pas pour leurs enfants ni les enfants pour leurs pères ? Que répondrons-nous à cela ? Il est bien vrai que c’est celui qui péchera qui mourra ; or, nous sommes devenus pécheurs à cause de la désobéissance d’Adam de la façon suivante : Adam avait été créé incorruptible et immortel. Sa vie dans le paradis de délices était sainte ; sans cesse son esprit était occupé à contempler Dieu ; son corps, à l’abri de tout plaisir honteux, jouissait d’un calme parfait et ignorait le trouble des mouvements désordonnés. Mais, après qu’il fut tombé dans le péché, les plaisirs impurs envahirent la chair… La nature contracta donc la maladie du péché, vôvJcr, >csv’j-i-i 9’W.ç T7)V à^aprlav, à cause de la désobéissance d’un seul ; et ainsi tous les hommes ont été constitués pécheurs, non qu’ils aient péché avec Adam, puisqu’ils n’existaient pas encore, mais parce qu’ils sont tous de la même nature que lui. nature qui est tombée sous la loi du péché. Comme la nature a trouvé en dam l’infirmité de la corruption et les liassions, ainsi cette même nature fut libérée dans le Christ. » In Rom, , i, 18, col. 788 789.

Même souci dans l’Adv. >mth., vin. d’écarter la solidarité par participai ion au péché même d’Adam, comme explication de la solidarité dans la peine. Ie n’est point pour avoir enfreint avec lui le commandement qu’il avait reçu que nous sommes punis, mais C’est parce que, devenue mortelle, sa génération a transmis sa condamnation a sa race : nous naissons mortels d’un mortel. La nature humaine dépouilh sa mm i cn Jésus, car le premier homme (’tait devenu corruptible. Les parents ne peuvent transmettre leur a leurs di scendants lorsqu’ils ont reçu l’Esprit Saint : il n’y a que Jésus Christ pour sanctifier, justilier. conduire a l’incorruptibilité. Autre chose es ! la rémission du péché, autre chose est la délivrance « le la mort ; chacun, Éfxaoroç, reçoit la rémission de sis propres péchés, dans le Christ par l’Esprit Saint : mais C’est Ions ensemble cpie nous sommes délivres de la punition antiqui c’est adiré de la mort.. Ibid., col. 1092 (Sur l’attribution à Cyrille de ce traité, voir 0. Uardenhewer, Altkirchl. Literatur, t. i. 1924, p. 55. i.es passages allégués ici oui chance d’être authentiques i

il faut hi connaître, Cyrille ne remonte pas comme Augustin de la punition commune a la culpabilité commune en Adam ; il ne prononce pas le moi de péché. mai-, celui d’inclination au péché, pour lériser l’étal du genre humain déchu ; c’est quc doute, pai péi hé. il entend le péché personnel. Nous héritons de | a malédiction d’Adam en tant que

nous recevons de lui sa nature dans l’état où elle a été mise par son péché : état de mortalité, de concupiscence, de lutte contre les mouvements de la chair dont nous pouvons sortir vainqueurs par l’effort, la méditation, le travail, les mortifications, et surtout par l’aide de l’Esprit divin ; même avec l’aide divine, la concupiscence demeure en nous à des degrés variés suivant le degré de notre résistance et de notre crainte de Dieu. Adv. anth., xi, col. 1096-1097. Voir Tixeront, op. cit., t. ii, p. 212.

Plus tard. Sévère d’Antioche utilisera l’autorité de saint Cyrille dans VAduersus anthropomorphitas, aussi bien que celle de saint Jean Chrysostonie. pour affirmer que nous n’avons absolument aucune part au péché du père de notre race. Quoi qu’il en soit des divergences de saint Cyrille et de saint Augustin dans l’explication de notre commune condamnation en Adam, il ne faut point oublier leur concordance substantielle dans le rejet de la doctrine de Célestius et de Pelage. Elle s’affirme dans la lettre synodale des Pères du concile d’Éphèse qui contient une réprobation très nette du pélagianisme et une adhésion complète aux derniers actes du Saint-Siège contre cette hérésie.

A Éphèse, le concile général de 431 confirme, en effet, les condamnations précédentes et se rallie aux mesures prises jusque-là contre les pélagiens. Sur cette condamnation voir l’art. Pélagianisme.

Cette convergence des décisions des conciles africains, des papes Zosime et Célestin. avec celles du concile d’Éphèse, eut assez vite raison de l’hérésie pélagienne. Saint Léon (440-461), Epist., i, ii, P. L.,

I. liv, col. 593 sq., et ensuite Gélase (102 196), Epist., v, vi, vii, P. L., t. lix, col. 30 sq., et aussi col. 11(5137, eurent encore à s’en occuper. Mais, à partir de 130, le pélagianisme « avait un peu adouci ses négations ; il ne rejetait plus guère la chute originelle proprement dite ; il repoussait seulement le péché et la grâce ». Tixeront. op. cit., t. ii, p. 159.

V.LA DOCTRINE ENTRE LE CONC ILE D’ÉPHÈSE

et la fin du viiie siècle. l.e développement

dogmatique reste d’abord assez intense en Occident, puis toute l’activité théologique s’y éteint pour ne garder d’importance qu’en Orient. I. En Occident.

II. En Orient (col. 113).

I. En Occident : nouvelles précisions doctrinales, DÉVELOPPEMENT DE l’AUQUSTINISME. — Ail

main de la mort de l’évêque d’Hippone, l’existence du [léché originel n’est plus guère contestée et plus n’est besoin d’insister sur sa démonstration. Ce qui s’impose alors à l’Église, c’est de défendre l’autorité d’Augustin contre ceux qui l’accusent d’avoir excédé, dans son enseignement sur le péché el la nécessité de la grâce, ou qui cherchent à minimiser sa doel rine. L’Église va le faire en plusieurs documents officiels : Lettre du pape Célestin ( 131 l : Capitula cités au vr siècle ; Canons du concile d’Orange. I l’autre part, ses docteurs (saint Fulgence, saint Gré présentent dans leurs écrits la doctrine traditionnelle sous la forme qu’elle a prise dans les ouvrages du grand docteur.

I" L’/ lettre du pape Célestin l’et 1rs capitula un

(cf. art. Augustin, col, 2463, et Auoustinisme, col. 2518 ; art. <a i i si in. col. 2052-2059). Texte de la lettre dans P. L., I. i. col. 528 ; les Capitula sont à la

suite, cf. Denz.-Bannw., n. 129-1 12. Sans revenir ici sur l’éloge d’Augustin par le pape Célestin, sur i origim ci l’autorité des < : <ii>iiui<i. il suffira de marquer

les précisions apportées dans ce dcinici document

touchant les suiies iu péché originel.

i n’est point I existence du péchi pie l’on a

ici en vue, mais la nature d’une de ses suites l’allai

titissi nient du libre arbitre <m reconnaît la doctrine