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    1. PÈCHE ORIGINEL##


PÈCHE ORIGINEL. DOCTRINE DE S. AUGUSTIN

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ne peuvent constituer le péché originel : elles ne s’identifient avec lui qu’autant et aussi longtemps qu’elles sont en nous un désordre volontaire causé par notre participation à la faute d’Adam.

En droit, saint Augustin l’a affirmé toute sa vie, la concupiscence et l’ignorance auraient pu se trouver dans une nature qui n’ait point été indigne de Dieu. C’est donc qu’en elles-mêmes elles n’impliquent point de malice intrinsèque.

En fait, dans la nature telle qu’elle est sortie des mains de Dieu, ces imperfections sont toujours, par rapport à la perfection de la création, un mal, un vice de la nature, une iniquité : Bene utitur malo, concupiscentiam reslringens connubio. De pecc. mer., i, xxix, 57. t. xliv, col. 112 : Opus imperf., II !, 167. t. xlv. col. 1317 : Conl. Jul., Il, v, 12. t. xliv, col. 682 : iniquum esl ut caro concupiseat advenus spiritum.

Pourtant, ce mal, qui ne vient pas de Dieu dans la nature déchue, mais du péché, n’est pas nécessairement coupable. Il faut distinguer entre ce mal et sa culpabilité. Dans le baptême, la culpabilité est enlevée, le mal reste : Qui baptizatur… omni iieccalo caret, non omni malo. Cont. Jul., VI, xvi. 19, t. xliv, col. 850.

Augustin proteste contre ceux qui lui font dire que le baptême ne fait que raderc crimina et ne les détruit pas complètement ; il entend bien que, la concupiscence restant, il ne subsiste cependant aucun péché, car la concupiscence, telle qu’elle est dans le baptisé, n’est point un péché, mais elle s’appelle un péché parce qu’elle est effet et cause du péché. Cont. duos epist. I., xiii. 26, 27, t. xliv, col. 562. Voir aussi. De nupt., i, xxv. 28. col. 430 : La concupiscence n’est plus imputée à péché, il est vrai, dans ceux qui sont régénérés, mais elle n’existe en nous que par le péché. Aussi c’est cette concupiscence (le la chair, fille du péché, et quand on la laisse agir, mère du péché, qui fait que l’enfant participe au péché originel. Que si l’on recherche comment cette concupiscence reste dans le régénéré dont tous les péchés ont été remis…, que si I on cherche pourquoi elle est un péché dans l’enfant, alors qu’elle ne l’est plus dans les parents baptisés, je réponds que, par le baptême, la concupiscence est remise, non en ce sens qu’elle cesse d’exister, mais en us qu’elle n’est plus imputée a péché. Elle est comme une affection de mauvaise qualité et comme une langueur. Les autres péchés demeurent jusqu’à ce qu’ils aient été remis. Comment demeurent ils alors qu’ils sont passés’.' Ce qui est passé, c’est l’acte ; ce qui demeure, c’est la culpabilité, reatus. Ici, c’est le con l’acte demeure, la culpabilité, rca/us, es1 passée. Même langage dans les Rétractations : concupiscentim reatus m baptismo solvitur, inftrmitas manet, I. xv, 2, t. XXXII, col. 611’. C’est donc que la concupiscence, dans sa réalité physique, ne suffit point ; i constituer le péché originel : celui-ci consiste dans la culpabilité qui s’ajoute i elle dans les non baptisés et qui est détruite toul entière par le baptême.

Dans les non baptisés, la concupiscence et I rame sont non seulement un effet, mais une C8U

. mais un péché, un désordre volontaire qui pin

vient du libre arbitre d’Adam, (.’est uniquement par

pporl.’la volonté d’Adam que ces imperfections

ni un caractère de culpabilité : Concupiscentia…

parvulos non baptizatos reos innectil, ri lanquam ira

////os. ad condemnationem trahit. De pecc. mer.. II. iv, l.

col. 152, , S7e est autem hoc peccatum ni ail et pana

peccati. Ihnl.. xxii, 36, col. [l’.].(Fit)ut quidquid homl nu/n nasceretur per carnis concupiscentiam, liberum non

flerel a reatu. <>i>. imperf.. IV. 95, col 1394 ; cf. aussi

le même sens. Cont.lui.. VI, x, 29, col. 839 ;

enfin, même tinte.. m. h. col. 787. où la concupis et l’ignorance sont désignées sons leur triple’de peccatum, prena et causa peccati.

Bref, c’est parce que la concupiscence et l’ignorance ne sont point en nous des résultantes de la nature, mais bien des désordres que nous avons causés solidairement avec la volonté d’Adam, que ces désordres sont coupables aussi longtemps que nous ne sommes point régénérés par le baptême. De lib. arb., III. mx. t. xxxii, col. 1297. Le châtiment ne se sépare plus de la culpabilité dans la nature déchue, aussi longtemps qu’elle n’est pas restaurée : « La concupiscence porte donc avec soi une culpabilité qui contient toute la dépravation de l’acte libre qui la causa. » Kors, op. cit., p. 19. Les désordres introduits par la faute d’Adam dans la nature déchue sont des péchés, comme le fut l’acte dont ils découlent ; ils soûl le péché originel même, se prolongeant dans les conséquences qu’il a engendrées et qui. en ce sens, sont donc encore lui ». Et. Gilson, op. cit., p. 189.

Du fait que, selon saint Augustin, nous avons péché en Adam, et opté avec lui contre l’ordre pour le désordre, il s’ensuit que la culpabilité du péché originel en nous contient toutes les dépravations du péché d’Adam : orgueil, sacrilège, homicide, etc. Encli., 45, t. xi., col. 254. L’évêque d’Hippone n’est point frappé de la différence profonde qui sépare la responsabilité d’Adam, issue d’une faute pleinement volontaire, et la responsabilité des membres de la famille unis seulement à lui par la solidarité de nature. I ne vue confuse de notre culpabilité entraîne chez lui une exagération de celle-ci, et l’amène à exiger pour elle des peines positives dans l’autre vie.

3. Les conséquences du péché originel pour la induré humaine. - La volonté d’Adam a opéré une transformation profonde dans la nature humaine qu’elle a viciée et rendue vicieuse tout entière. Opus imperL. IV, 104, t. xlv. col. 1401.

a) Des ici-bas, l’homme déchu est change en mal dans son corps comme dans son âme : à la possibilité de ne pas mourir a succédé, pour la nature, la nécessité de mourir ; à l’inexistence de l’attrait du plaisir de la chair, ou du moins à la soumission de cet attrait à la volonté, a succédé l’insubordination de la concupiscence : Cette guerre qu’éprouvent les personnes chastes, soif qu’elles vivent dans la continence, soit qu’elles vivent dans le mariage, voilà ce qui n’a pas existé dans le paradis avant le péché. Cont. Jul.. III, xxv. 57, t. xliv, col. 732 ; voir aussi Deciv. Dei, l.

xxiii, xxiv, t. xi.i, col. 1311 ; q.

L’ignorance présente est. elle aussi, une suite du péché. Opus imperf., VI, 17. I. xlv, col. 1539. La nature déchue connaît non seulement les luttes intérieures et les troubles de l’intelligence, mais la faiblesse de la volonté. Tandis qu’Adam possédait la

libellas, c’est-à-dire le pouvoir de ne pas pécher, la nature déchue par sa faute a perdu le bon usage de la liberté : elle ne possède en propre que le pouvoir de mal faire, le mensonge et le péché ». In Joan.. tr. Y. I. t. xxxv. col. 1111. Voir aussi Serm.. CLVI, 12, I. xxxviii, col. 856 : Cum dico libi. sine adjutorio Dei nihil agis, nihil boni dico, nom ail maie agendum haltes sine adjutorio Dei liberam nilunlidem : qnam

quam non est libéra. On remarquera l’opposition du

liberam VOluntatem a non e^l libéra ; c’est foute la théorie de saint VugUStin sur la mesure de la liberté appartenant à l’homme déchu qui est la exprimée en quelques mots ; l’homme, laisse a lui même, conserve intact son libre arbitre pour vouloir librement le mal. liberam uoluntatem, et. cependant, il n’est plus libre au sens complet du mol ; il n’a plus la liberté que possédait Adam de bien user du libre arbitre pour mériter ;

pour recouvrer cette liberté il lui faut la grâce qui

confère au Mine arbitre son efficacité en vue <i saint ;

Il v a une liberté qui a péri pal I’péché, mais c’est

seulement celle qui, dans le paradis, mettait l’homme