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    1. PÈCHE ORIGINEL##


PÈCHE ORIGINEL. LES ANTIOCHIENS

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col. 1006. Il faut, à son gré, que l’auteur d’une telle affirmation n’ait aucune familiarité avec l’Écriture pour soutenir de pareilles inepties. C’est de la dernière ineptie, par exemple, de croire que Dieu a créé l’homme immortel, pour qu’il le restât tout juste six heures. Ibid., col. 100(3 et 1011. Théodore sacrifie ici presque tout ce qu’il gardait de la tradition dans ses ouvrages exégétiques. Il le fait dans la logique de sa théorie des deux états de l’humanité.

Dès le commencement, l’homme a été fait mortel : Théodore veut établir cette affirmation sur l’Écriture et sur la raison. « Dieu n’a pas dit : vous serez mortels, mais vous mourrez. Dieu y menace les hommes, mortels par nature, de leur faire subir l’expérience de la mort, que, dans sa bonté, il avait différé de mettre en œuvre. Comme lorsqu’il dit : celui qui aura versé le sang de l’homme, son sang sera versé, il ne dit pas cela parce que celui qui aura tué un homme sera mortel, mais parce qu’un tel homme (mortel) est digne de la peine de mort. » Ibid., i, 2, col. 1005.

D’ailleurs, ajoute-t-il, la sentence qui suit le péché est dans le même sens : Gen., iii, 17-18. Il ne s’agit pas, par ces paroles, de faire passer l’homme « d’une nature immortelle à la mortalité », de le faire passer d’une vie non soumise aux nécessités de l’alimentation et du travail à une vie qui connaîtrait ces nécessités. Il s’agit, en punition du péché, de le priver de l’abondance du paradis et de ses délices, de le faire échanger la facilité qu’il avait en Éden à sustenter son corps mortel par les fruits qu’il y trouvait, contre la nécessité d’une recherche pénible et laborieuse des fruits de la terre. Ibid., i, 3, col. 1006.

Il ne veut pas que le défenseur du péché originel traduise : Quia terra es. et reverteris in terrain, comme s’il y avait, lerra eris ; il n’est point ici question de faire passer un immorte ! à la mortalité ; c’est la mortalité naturelle de l’homme qui est affirmée. Il faut, d’après lui, l’inexpérience de quelqu’un qui n’a pas vécu dans la familiarité de l’Écriture pour avancer cette nouveauté dogmatique : l’attribution à la colère de Dieu de la mortalité d’Adam et de la condamnation du genre humain par le péché d’un seul : qua diceret quod in ira atquc /urore Deus Adam mortalem esse pnreeperit ; et propler ejus unum delictum cunctos ctiam needum natos homines morte mulctaoerit. Ibid., ii, 1, col. 1007. La mortalité universelle n’est pas un châtiment du péché d’Adam, le contraire répugnerait à la sagesse et à la justice de Dieu.

Penser autrement, c’est attribuer à Dieu des choses qu’on n’oserait attribuer à des hommes sages ; c’est méconnaître la parole d’Ézéchicl, xviii, 23, qui veut que chacun ne rende compte que de ses propres fautes. C’est aller contre saint Paul, suivant lequel Dieu rendra à chacun suivant ses œuvres. Rom., ii, 16. Ces ! s’arrêter à cette idée inadmissible que Noé, Abraham, David, .Moïse, et tant d’autres justes ont été soumise la mort, parle péché d’un seul. Ibid., ii, 2cl 3, col. 1007, 1008. (’/est admettre qu’Abel, le premier juste, fut le premier à mourir : « Si Dieu avait fait de la mort la peine du péché, comment n’y aurait-il pas eu une extrême impiété ; i ce qu’Adam, qui fut cause du péché, et Eve, qui fui la source de la malice, vécussent

encore, el que le démon persistai dans son immortalité,

Cuidis cpic le premier juste avant tous serait frappé par la peine des pécheurs ? » Ibid, , It, 3 et 1, col. 1009, Bref. Théodore tient comme Immoral de croire que Dieu ail pu châtier tons les hommes pour la faute originelle. Il est certain, pour lui. que, si Dieu avait voulu l’homme immortel, le péché hn même n’aurait rien changé a la pensée divine ; car le diable, apri chute.n’est pas devenu mortel. Ibid., iii, , 2, co. 1011. Par la il apparat) que i héodore critique Ici, non pas ceux qui, en admettant une immortalité condition

nelle privilégiée, auraient affirmé cependant la mortalité essentielle du premier homme, laissé à sa propre nature ; il a en vue ceux qui affirmaient l’immortalité essentielle du premier homme avant son péché. (Saint Grégoire de Nysse, Méthode d’Olympe ?) Pourlui, l’état de mortalité est essentiel à, l’homme dans son premier état avant le Christ. On voit, dès lors, ce que peut devenir, dans cette perspective, le parallélisme entre Adam et le Christ, que Théodore reprend après saint Paul et saint Irénée, mais à sa façon.

Il n’y a pas pour Théodore, comme pour la tradition, une triple étape de la réalisation du plan divin : une élévation d’Adam à un état privilégié, une déchéance et une restauration ; il n’y a que deux périodes dans l’histoire religieuse de l’humanité : l’état de mortalité qu’a inauguré Adam, et l’état d’immortalité qu’est venu inaugurer le Christ. En venant, le Sauveur a revêtu les propriétés naturelles de l’homme ; il est né, il s’est développé ; en dernier lieu il a pris sur lui la mort qui est le tribut de la nature. C’est ainsi qu’en mourant selon la loi de la nature humaine, et en ressuscitant par la divine vertu d’entre les morts, il est devenu la tête de tous les hommes qui meurent selon la loi de leur nature pour ressusciter et être changés en une substance immortelle.

Après avoir participé à l’état du premier Adam, nous sommes appelés à participer à l’état du second Adam ; celui-ci, en subissant la mort naturelle à l’homme, mortem naturæ, et en ressuscitant des morts, a libéré notre nature de la movl. Ibid., ii, 7-8, col. 1009, 1010. « Ce qui appartenait à la nature, c’est-à-dire la mort, il l’a pris ; quant au péché, qui n’appartient pas à la nature, niais à la volonté, il ne l’a pris en aucune façon. Que si le péché avait été dans la nature, au dire de cel homme très sage (Jérôme), il aurait nécessairement pris le péché inhérent à la nature. » Ibid., 9, col. 1010. Ainsi, le Christ n’est pas venu guérir une nature qui porterait en elle un péché héréditaire ; en mourant et ressuscitant pour nous, il est venu, par la communication de l’Esprit, transformer notre état de mortalité en état d’immortalité. Avec la mortalité, le Christ nous a enlevé les troubles du péché. In Rom., vin, 3, col. 820.

Théodore de Mopsueste en arrive ainsi à méconnaître, dans son livre contre le péché de nature, les deux vérités que saint Paul et la tradition chrétienne à sa suite avaient enseignées : Adam a été â la fois, par sa faute, source de mort et source de péché pour ses descendants. Il y a été poussé moins par les exigences de sa formai ion antiochienne, qui n’aboutit nullement aux mêmes résultats chez Jean Chrysostome et même chez Ncstorius, que par ses préjugés rationalistes qui l’amènent à tenir plus compte des exigences de sa raison personnelle que de celles de la tradition. La comparaison de ses ouvrages montre d’ailleurs qu’il n’a abandonné que successivement les données de la tradition et développé la logique de son rationalisme. Il n’es) pas injuste de reconnaître, du moins dans son dernier livre, des vues tout à fait analogues à celles de Pelage. Cf. A. l’ueeli. Histoire de la littérature grecque chrétienne, l. iii, p. 581-582. Voir une interprétation plus bénigne, mais à notre avis inexacte, de la pensée de Théodore, dans Slomkowski, op. cit.. p. 118 131.

Ifare l’Ermite (début du c siècle.) Ce personnage mal connu est probablement disciple de saint Jean Chrysostome : d’abord supérieur d’un couvent à Aucyre, il termina sa vie dans la solitude au désert de .luda. Il est. dans ses opuscules, surtout préoccupé

d’ascétisme Voir son article.

C’est de ce point de ne que, dans le De bapiUmO et

dans la Contultaiio intellectus, Il envisage le rôle et l’efficacité du baptême dans la vie chrétlenni pai rap porl BU pci lu d « l. 1 1 1 1 et ; i ses suiles. Il réagit contre