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PÉCHÉ ORIGINEL. MÉTHODE D’OLYMPE


que le christianisme vient Fécondera. C. Verfaillie, p. 45. Elle fait les gentils capables d’être jugés.

Origène reconnaît à la loi mosaïque non seulement un rôle préparatoire à l’Évangile, mais une certaine valeur pour le salut des Juifs : Per leijem enim purificatio peccatorum cœpit aperiri et ex aliqua parle tyrannidi ejus obsisti. In Rom., v, 1, col. 1017 C.

Origène ne veut point certes nier par là que la grâce, départie à l’humanité déchue, dérive de la rédemption du Christ ; cf. ibid., v, 10, col. 1053. La valeur de la Loi, à ses yeux, n’est que relative, imparfaite, provisoire. L’expérience l’a révélée impuissante à résister à la domination du péché ; les prophètes n’ont pu qu’appeler au secours le Rédempteur : Quoniam tunta ejus (peccati) erat dominalio qua> vires Legis excederel, mittuntur in auxilium Legis prophetæ. Sed et ipsi pervidentes supra vires suas esse tyranni potentiam, adventum ipsius régis exorant. v, 1, col. 1017.

Seul le Christ a pu briser les puissances de mort qui pesaient sur l’humanité depuis le péché d’Adam : démon, péché, mort de l’âme et du corps ; il a répandu dans les âmes les forces de l’Esprit, capables de remédier à la fragilité humaine et de donner la véritable vie. La puissance de rayonnement de la rédemption l’emporte sur celle du péché : dans les deux cas, la liberté humaine, loin d’être méconnue, intervient. Ibid., v, 2, col. 1021-1026.

En résumé, la doctrine d’Origène sur le péché d’origine offre bien des éléments conformes à la doctrine paulinienne et à la pensée commune de l’Église. Il enseigne clairement l’existence d’une souillure originelle et la nécessité du baptême pour l’effacer. Si les explications qu’il donne de cette souillure ne sont pas toujours conformes à la tradition, c’est qu’alors, sous prétexte d’approfondissement du dogme et par manière d’hypothèse, il donne trop de confiance à Platon ou à Plotin, et confond leur théorie de la descente des âmes dans la nature corruptrice avec l’idée chrétienne de la solidarité de tous en Adam pécheur, ou du moins propose timidement d’expliquer celle-ci par celle-là.

Ce qu’il veut surtout, c’est repousser l’erreur des hérétiques qui imputent l’iniquité au Très-Haut et l’accusent d’injustice. Pour cela, il en appelle à toutes ses lumières : à celle de Platon qui admettait une chute universelle, aussi bien qu’à saint Paul et à Moïse. Sans doute, il n’a pu réussir à les réduire à l’unité : « Ici, c’est la doctrine chrétienne que l’auteur prend comme base de son enseignement ; là, la théorie philosophique dont il emprunte les éléments aux écoles grecques et qu’il s’efforce de construire sur le fondement du dogme chrétien. » Freppel, Origène, t. i, 1868, p. 414. N’oublions pas que ce qu’il estimait le plus dans sa pensée c’était « la doctrine chrétienne ». La tradition postérieure saura garder et développer cette doctrine, et laissera tomber les éléments caducs que le grand Alexandrin y mêlait.

/II. SATNT MÉTHODE D’OLYMPE († 311-312). —

Cet évêque eut à prendre deux fois, vers la fin du me siècle, la défense de la doctrine traditionnelle de l’Église sur l’origine du mal moral : contre les spéculations hasardeuses du gnosticisme valentinien et contre celles d’Origène.

Contre Valentin, qui trouvait le principe du mal dans l’existence d’une matière éternelle, indépendante de Dieu, le De autexusio montre la source du mal moral dans le libre arbitre. L’homme est caractérisé par la liberté, soumise au précepte avant comme après le péché d’origine, De aut., xvi, 1-6, éd. Bonwetsch, p. 186 sq. ; cf. J. Farges, Méthode d’Olympe. Du libre arbitre, traduction, Paris, 1929, et les Idées morales et religieuses de Méthode d’Olympe, Paris, 1929.

L’Aglaophon, ou De la résurrection, ne contient pas seulement une large réfutation de l’hypothèse d’Ori gène sur la chute dans des corps charnels des âmes préexistantes pour y expier une faute commise dans le monde des esprits ; il lui oppose une interprétation cohérente de la doctrine courante du péché d’origine, qu’Épiphane, un siècle plus tard, jugera digne d’être transcrite et approuvée. Bonwetsch, ibid., p. 21$1-$22 1 ; Épiphane, Heeres., lxiv, éd. Holl., t. ii, p. 421-499.

1° Critique de l’interprétation origénisle d’une chute dans le monde des esprits. — Origène avait interprété ces « tuniques de peau » que Jahweh donna à Adam et à sa compagne après la faute, comme s’il s’agissait du corps matériel dont Dieu a revêtu les âmes humaines en punition d’une faute antérieure à leur existence corporelle.

L’évêque d’Olympe n’a pas de peine à montrer que l’Écriture ne favorise nullement cette conception pessimiste du corps humain, vraie prison de l’âme, ni dans la Genèse, iii, 21-22, ni dans Jérémie, Lam., iii, 34, ni dans le psaume cxi.v, 7. Aglaophon, I, i.vi, 4, p. 316. Il établit d’ailleurs largement l’incohérence philosophique d’une telle hypothèse : comment soutenir en même temps que le corps est l’unique cause du péché, et affirmer une faute des âmes non encore incarnées ? D’ailleurs, saint Paul n’enseigne-t-il point que l’homme a le pouvoir de soumettre ses membres à la vertu ou de les abandonner au péché ? C’est l’âme seule qui, librement, fait du corps un instrument de vice ou de vertu. Agi., i, lvii-lx, p. 317-325.

2° Doctrine traditionnelle de la déchéance originelle.

— A l’hypothèse d’une chute dans le monde des esprits, Méthode oppose l’idée traditionnelle d’un état primitif parfait d’où l’homme est déchu par suite d’un mauvais usage de sa liberté.

1. État primitif parfait.

La raison aussi bien que l’Écriture attestent que l’homme est, dès son origine, non point un esprit déchu dans la matière, mais un composé naturel, bien fait, de corps et d’âme. Sorti immédiatement des mains de Dieu, seul entre toutes les créatures fait à l’image du Créateur, il ne peut être qu’immortel à son état natif, exempt de toute corruption ou maladie. Ainsi le veut, selon Méthode, la logique du réel. Dieu, le vivant, l’incorruptible, ne peut avoir comme œuvre immédiate qu’un homme immortel. D’ailleurs, < tandis que le principe vital de l’ensemble de la création lui vient du souffle de l’air, celui de l’homme lui vient d’une substance immortelle et excellente : c’est Dieu qui lui a insufflé un souflle de vie ». Agi., i, xxxv, 2, p. 273 ; xxxvi, 2, p. 276 ; xxxi v, 3, p. 272 ; lii, 3, p. 308. Ainsi créé, Adam n’a point été rejeté du ciel, mais placé dans le jardin de l’Éden, avec un corps semblable au nôtre, même avant de pécher. Ibid., i, lv, p. 313.

2. L’épreuve et la chute.

Créé libre comme les anges, l’homme, comme eux, fut soumis à une épreuve : il pouvait choisir entre l’obéissance et, par suite, la confirmation de son état de bonheur et de familiarité avec Dieu, ou la désobéissance et la punition qu’elle entraîne. I, xxxvii, p. 277 sq.

Méthode éclaire la psychologie de la chute par le texte de l’Apôtre : Ego vero sine lege vivebam aliquando, en l’appliquant à nos premiers parents. Avant de recevoir le précepte défensif, ils vivaient à l’abri de tout désir et de tout élan déraisonnable vers le mal ; la loi ne leur avait point encore révélé la concupiscence. Avec le précepte de ne point manger du fruit défendu, le désir commença. Le diable, par envie, l’attisa, et amena le désir à produire un fruit mauvais. Ainsi, la loi, qui était faite par Dieu pour conduire l’homme à un état de joie et de bonheur éternel, amena le premier homme — et en lui l’humanité — à la mort et à la condamnation. De ce jour, le diable, artisan du péché, fut identifié au péché. Ibid., II, i, ii, p. 329-333.

3. Conséquences de la chute.

C’est le péché qui