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    1. PÉCHÉ ORIGINEL##


PÉCHÉ ORIGINEL. ORIGÈNE

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homme par le fait que son âme est unie à un corps souillé, reçu d’Adam pécheur, nous oriente dans le sens de l’explication augustinienne de la transmission de la faute originelle. On a pu dire, en fait, de ces passages, qu’ils sont comme une anticipation de la théorie de saint Augustin. C. Verfaillie, La doctrine de la justification dans Origène, Strasbourg, 1926, p. 29.

En envisageant surtout ces derniers textes, Tixeront a justement apprécié la doctrine d’Origène en ces termes : « Origène nous présenterait dans ce cas une théorie bien près d’être suffisante du péché originel : il en fournit en toute hypothèse les éléments, quoiqu’il ne les ait pas assez rapprochés, ni liés ensemble. » Op. cit., p. 293.

3. Les conséquences générales du péché d’origine. — En dehors de la loi de mort et de la souillure native, commune à tous, la prévarication d’Adam entraîne une culpabilité générale : celle-ci est le fruit du mauvais exemple, du démon et de la concupiscence. Elle n’annihile point cependant la liberté et l’intelligence, qui subsiste dans le monde déchu, et ne détruit point complètement l’œuvre de la grâce divine.

a) Influences mauvaises qui ont envahi l’humanité. — C’est d’abord l’exemple funeste d’Adam qui directement, par lui-même, ou indirectement, par les générations perverses qu’il constitue, et qui deviennent à leur tour maîtresses de mal et d’erreur, entraîne l’humanité au péché. In Rom., v, 4 et 9, passim.

C’est la suggestion du démon qui continue à séduire l’humanité et à étendre sa domination sur le corps dont il est la tête, sur l’humanité entière à mesure que s’y multiplient les péchés. Ibid., v, 8, col. 1042, et v, 9, col. 1045. Cf. J. Rivière, Le dogme de la rédemption. Essai d’étude historique, Paris, 1905, p. 377-381.

C’est la concupiscence qui a son siège dans la chair et lutte contre la raison. Origène sait distinguer en elle ce par quoi elle est un appétit naturel, qui peut être satisfait dans les limites permises, et ce par quoi elle devient un danger de pécher, pour ceux qui se laissent entraîner à la satisfaire au delà de ces bornes. Naturales appetentias habet caro cibi et potus, quæ inlracertas mensuras suffteientise continentur ; quas si quis excédât, persuasionc peccali, jam non cibum caro sed luxuriant deposcil. Similimodo inest carni incitamentum naturale, quo misecri feminie causa reparandæ successionis exposcal ; sed, si ex hac occasione, persuadente peccato, declinctur a lege, et naturalis tibidinis mol us ad illicita coneilentur, peccato vivit qui in lus singulis non Dei lege setl peccali persuasionibus paret. In Uom., v, 7, col. 1035.

Dans la lutte intérieure décrite en termes si tragiques par l’Apôtre, Rom., vii, 14, Origène voit l’état de l’homme, habitué au péché (consueludinem peccandi peccatum nominavit) au seuil de sa conversion. C’est l’Infirmité de ceux qui, au début d’une conversion, veulent faire tout ce qui est bien, mais ne peuvent le réaliser tout de suiie. Il y faut le travail, l’ellnrt, les veilles, le savoir. Il y faut le temps. Ibid., vi, 9, col. lOMN C’esl surtout de ces âmes encore fragiles que sami Paul décrit les combats douloureux, et les défaites fæiles devant la séduction de la concupiscence. C’est en pensant à ces âmes faibles que saint Paul s’écrie :.Malheureux homme que je suis ; qui me ileli vrera de ce corps de mort ? Origène ne veul pas que saint Paul « lise de lui-même : Ego ipse mente servio legi Del, carne autem legi peccali, comme si la tyrannie « le la chair était telle quel’Apôt re ne puisse s’y soustraire.

Il aune mieux penser que l’anl tient ici la place de

l’Ame au commencement de sa conversion.

En commentant la phrase : Nihil ergo nunc dam nattonli rt lus qui in Christo siint JeSU, il insiste sur ce fait que le converti ne s’élève qu’avec une collaboration et un cflort constant a l’état de

complète soumission de la chairà l’esprit. Ibid., vi, 11, col. 1092.

Il y a, dans toutes ces pages, de fines remarques psychologiques, une pédagogie vraie, bien adaptée à l’éducation de la concupiscence, mais il faut avouer que cela ne cadre pas de tout point avec la description de la lutte tragique de l’homme « vendu au péché », tel que le voit saint Paul. Sous le coup de ces influences mauvaises innées, l’homme commet journellement le mal ; tous tombent sous le péché, même les saints, même les justes, le Christ excepté. Conl. Cels., 111, 69, t. xi, col. 1009, et 62, col. 1001 ; In Rom., i, 1, t. xiv, col. 840.

b) Persévérance des forces du libre arbitre et de l’intelligence dans l’homme déchu. — Origène en avait affirmé le principe : « Les puissances ennemies peuvent chercher à nous accabler sous le péché, nous ne sommes jamais nécessités soit au bien soit au mal. Les puissances supérieures peuvent nous pousser les unes au vice, les autres à la vertu, mais elles ne sauraient nous contraindre. » De princ, I, præf., 5, t. xi, col. 1 18.

Il le maintient et le démontre dans son commentaire de l’épître aux Romains. L’homme déchu reste libre de résister aux convoitises du cœur et aux puissances du démon. Si des influences mauvaises s’exercent sur sa volonté, de bonnes influences aussi, celles de Dieu et des anges, la pénètrent. Dans tous les cas, l’âme reste libre ; ce n’est ni par force, ni par nécessite que l’âme agit. In Rom., i, 17, t. xiv, col. 866. C’est l’âme libre qui se réduit en servitude par le péché. Ibid., v, 3, col. 1026. Elle peut, même chez les païens, se faire une vie honnête dans l’ensemble, ix. 24, col. 1225. « I) lui répugne souverainement d’admettre que, sous la loi naturelle ou mosaïque, personne n’ait jamais accompli une œuvre bonne. Il n’en est pas un qui fasse le bien, a dit l’Apôtre (Rom., iii, 12). Gravis sententia, remarque Origène ; elle lui paraît en effet tellement grave qu’il éprouve le besoin de l’interpréter dans un sens moins absolu. » C. Verfaillie, op. cit., p. 38.

Il admet même que ces œuvres (des juifs ou des païens) qui seront portées au tribunal du Christ auront, selon le cas, leur récompense aussi bien que leur châtiment, encore que la récompense ne puisse être la vie éternelle réservée aux seuls croyants baptisés. In Rom., iii, 7, col. 888-889.

Kn fait, nous l’avons vii, la volonté de celui qui se convertit est faible, et tous les hommes succombent plus ou moins au péché. Le païen, par les forces naturelles de son intelligence, peut savoir de Dieu ce qui peut en être connu par le moyen des créatures et, de ce fait, il peut être jugé d’après cette connaissance. Ibid., i. 16-17, col. 863-864. Il reçoit par là nne règle de vie, et des mouvements vers le bien, iii, 6, col. 938.

Tout en reconnaissant que certains hommes se sont élevés à la connaissance de la paternité et de la souveraineté de Dieu, In Gcn.. nom. vii, 2, t. XII, col. 196 197, il ne nie point les faiblesses et les erreurs des philosophes et déclare que la « nature humaine ne peut trouver Dieu sans mélange d’erreur, xaOapôiç ». Cont. Cela., VII, 12, t. xi. col. 1481. Les hommes ont besoin du magistère de celui qui a dit : « Je suis la vérité ». In Matth., tom.xii, 40, t. xiii, col. 1077.

c) L’aide divine à la nature déchue. — Les puissances d’oppression de l’humanité : démon, concupiscence, mauvais exemples du péché, n’ont été complètement brisées que par l’économie rédemptrice. Dieu, cepen

dant. n’a pas laissé sans secours les gentils et les juifs. Aux premiers il a donné la loi naturelle, aux seconds

la loi révélée.

La i"i naturelle, sans doute, ne donne qu’une Justice

humaine. In Hum., iii, 7, t. xiv. < ni, 8 I I ; elle est

valeur par rapport a la manifestation de la justlo

i >i < h. ibid. < epe ii liant. elle i rée en m m s des aptltudi