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ORDRE. PIERRE LOMBARD


non pas simplement un office, mais un pouvoir spirituel et, avec lui, la grâce du Christ, part. II, c. v, col. 423… Seuls le diaconat et la prêtrise sont des ordres sacrés, c. xiii, col. 430. La tonsure n’est pas un ordre, mais une préparation aux ordres, c. v, col. 423. Le sacerdoce et l'épiscopat ne sont pas des ordres distincts : l'épiscopat est le sacerdoce dans sa plénitude, le presbytérat est le sacerdoce dépourvu de certaines fonctions, c.xii, xiii. col. 428, 430. Dans tous ces rites, il y a un élément sensible analogue à la matière des sacrements ; c’est la porrection des instruments, accompagnée de paroles, qui signifient le pouvoir reçu ; le diaconat et le sacerdoce comportent, en outre, l’imposition des mains, c. xi, xii, col. 427, 429. Hugues trace les règles disciplinaires relatives aux ordinations, c. xx-xxiv, col. 431437. et combat énergiquement la simonie, part. X, col. 477-480. Il développe le symbolisme des vêtements sacerdotaux, part. IV, col. 433-438, ainsi que celui des sacramentaux divers que l'évêque et le prêtre font dans l'église, part. IX, col. 471-478, et de la dédicace des églises, part. V, col. 439-442. » Ici t. vi, col. 282. On retrouve, dans le Spéculum de mi/steriis Ecclesise, P. L., t. clxxvii, bien des idées d’Hugues sur les ordres (c. v), les vêtements sacrés (c. vi), etc., col. 349-356 ; cf. De ojficiis ecclesiasticis, c. xxxii-lvii, col. 399-406.

L’exposé du Maître des Sentences.

On doit

s’arrêter spécialement sur Pierre le Lombard, car son exposé doctrinal, emprunté en grande partie au Décret de Gratien et à Hugues de Saint-Victor, devient, du xiir au xve siècle, le thème des développements théologiques sur le sacrement de l’ordre. Ce thème est renfermé dans les dist. XXIVe et XXVe du livre IVe des Sentences. Sur la dépendance possible du Lombard dans la question de l’ordre, à l'égard des Sentences de Gandulphe, voir J. de Ghellinck, Le mouvement théologique du XIIe siècle, p. 200-213.

1. Dist. XXI V. — Elle débute par un court préambule, où l’auteur, d’après l’enseignement traditionnel, rappelle l’existence des sept ordres, dont JésusChrist lui-même a rempli les offices. Le nombre sept est en raison de la grâce septiforme que doivent posséder les ministres qui sont revêtus des ordres.

L’ordre ne peut être conféré qu'à celui qui est digne d’en remplir les fonctions. Mieux vaut peu de ministres qu’un nombre considérable d’inutiles.

La tonsure cléricale fait entrer dans la cléricature. Elle n’est pas un ordre ; elle est une couronne, un emblème royal, l’emblème de la royauté dont parle saint Pierre, I Pet., ii, 9.

L’auteur énumère ensuite les sept ordres, en rappelant pour chacun d’eux l’objet de leur fonction et les cérémonies de l’ordination.

Les portiers président à l’entrée des temples. Jésus a rempli cet office en chassant les vendeurs du temple. A ce titre, on peut lui appliquer Joa., x, 9 : Ego sum ostium.

Les lecteurs ont pour fonction de chanter leçons et psaumes. Le Christ lisant et commentant les Livres Saints au milieu des anciens a rempli cet office.

Les exorcistes sont ainsi appelés à cause des objurgations qu’ils adressent aux mauvais esprits pour les expulser. Le Sauveur a rempli cet office quand il chassa le démon du corps du sourd-muet, dont il toucha avec de la salive la langue et les yeux, Marc, vu, 34 ; quand il guérit toutes sortes de démoniaques. Après Hugues de Saint-Victor, Pierre le Lombard insinue que cet office remonte à Salomon ; cette insinuation s’appuie sur Josèphe, Ant. jud., VIII, ii, 5 (voir Exorciste, t. v, col. 1780).

Les acolytes (céroféraires en latin) allument et portent les luminaires dans les offices, symboles de

la joie que donna au monde celui qui est la vraie lumière, Joa., i, 9. Le Christ s’est appliqué à lui-même cette fonction, Joa., viii, 12, dont on trouve le type jusque dans l’Ancien Testament, Ex., xxvii, 21-22 ; Lev., vi, 12.

Le cinquième ordre est celui des sous-diacres, c’est-à-dire de ceux qui servent les diacres. Après avoir décrit leurs fonctions, Pierre le Lombard rap pelle la pureté qu’exigent ces fonctions et qui se traduit pour les sous-diacres par la loi de la continence. Le Seigneur a rempli cette fonction en lavant les pieds de ses apôtres.

L’ordre des diacres vient en sixième lieu. On appelle également les diacres lévites, du nom de la tribu de Lévi, qui était consacrée au service du culte divin. En grec, diacre signifie ministre : leur ministère est d’assister le prêtre dans toute la liturgie sacrée. Cet ordre fut institué par les apôtres, Act., vi, 3, 6. Avant leur ordination, ils doivent être éprouvés, afin d’accomplir leur ministère sans être souillés d’aucun crime ; cf. I Tim., ni, 13. Le Seigneur a rempli cet office, lorsque, après la Cène, il distribua à ses apôtres son corps et son sang et quand, au jardin de l’agonie, il les excita et les engagea à la prière : vigilale et orate, ut non intretis in tentationem, Luc, xxii, 28.

Le septième ordre est celui des prêtres, en grec, vieillards, en latin, anciens, non à cause de leur âge avancé, mais à cause de l’honneur et de la dignité qui leur reviennent, et des qualités de prudence et de maturité dont ils doivent faire preuve. Ils ne tiennent pas, comme les évêques, le sommet du 'sacerdoce ; ils ne marquent pas les fronts avec le saint-chrême et ne donnent pas le Saint-Esprit, fonctions réservées aux évêques, Act., viii, 15 ; xix, 6. Primitivement évêques et prêtres étaient les mêmes personnages. L’auteur fait ensuite l'étymologie de sacerdos = sacra dans ; d’antisles = anle stat : le prêtre, dans l'église, se tient le premier. Après avoir rappelé les cérémonies de l’ordination et commenté leur symbolisme, le Maître des Sentences expose que le sacerdoce a son origine lointaine dans le sacerdoce aaronique : Aaron était le souverain prêtre, ses fils, les prêtres inférieurs. Le Christ s’est choisi douze disciples, qu’il a appelés apôtres, Matth., x, 2 ; les évêques tiennent leur place dans l'Église. En outre, le Christ désigna soixante-douze disciples, dont les simples prêtres sont les successeurs. Parmi les apôtres, l’un fut le chef, Pierre, dont le souverain pontife est le remplaçant : on le nomme apostolique ou pa*pe, c’est-à-dire père des pères. De quelles qualités doit être revêtu celui qu’on choisit pour prêtre, l’apôtre le déclare dans sa lettre à Timothée, I Tim., iii, 2 sq., car là, évêque est synonyme de prêtre. Jésus-Christ a rempli l’office sacerdotal, lorsqu’il s’est offert lui-même sur l’autel de la croix, prêtre et hostie, et quand à la dernière Cène, il a changé le pain et le vin en son corps et en son sang… Dans la primitive Église, nous ne trouvons que deux ordres sacrés, le presbytérat et le diaconat ; sur ceux-là seuls nous possédons les prescriptions de l’Apôtre, I Tim., ni, 2 sq. Mais ensuite, les apôtres ordonnèrent dans chaque église des évêques et des prêtres ; nous savons également qu’ils ordonnèrent des diacres, Act., vi, 6. Ce n’est que plus tard que l'Église s’est constitué à ellemême des sous-diacres et des acolytes.

Pierre le Lombard donne ensuite la définition de l’ordre : sane dici potest, signaculum esse, id est, sacrum quoddam, quo spiritualis potestas traditur orditiatio et officium. Ce signaculum est d’abord le rite consécratoire prescrit par l'Église, qui signifie et produit le pouvoir spirituel et la grâce de sanctification. Mais ce peut être aussi le caractère. Voir plus