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ORDRE. RITE DE L’EGLISE LATINE

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cérémonie distincte de celle qui la suit, et dans laquelle l'évêque et les prêtres tiennent la main étendue sur les ordinands. C’en est plutôt une précision et un développement (introduit peut-être à la suite de la décrétale de Grégoire IX, voir Denz.-Bannw., n. 445 ï. Il était impossible, en elïet, à l'évêque de toucher matériellement à la fois la tête de plusieurs ordinands en récitant la prière commune à tous. La coopération des prêtres est, en tout cas, un rite gallican, bien qu’on la retrouve dans l’ancienne Tradition ecclésiastique. » Tixeront, op. cit., p. 165. L’invitatoire Oremus, fratres carissimi, et la prière qui suit, Exaudi nos, quR’Sumus, sont les anciennes formules du rite romain ; 4° l’oraison consécratoire en forme de préface, Vere dignum… honorum auctor et dislributor, est l’ancienne formule romaine ; 5° l’imposition de l'étole et celle de la chasuble se rencontrent dans plusieurs mss. du ixe et xe siècles ; cf. P. L., t. Lxxvrrr, col. 223 ; van Rossum, op. cit., n. 296-297 ; 6° La prière de bénédiction qui suit, Deus sanctiflcationis omnium auctor, est simplement l’ancienne formule consécratoire gallicane. I

Deuxième partie : 1° l’onction des mains a amené le chant du X’eni Creator, invocation à celui qui est Spiritalis unctio. L’onction est plus ancienne que le chant de l’hymne ; on la trouve indiquée dans le manuscrit de Ratold (xe siècle) ; le chant doit être reporté peut-être au xiir 3 siècle. La formule du pontifical est à peu près la formule ancienne. L’onction des mains est suivie de la porrection des instruments, calice contenant le vin et l’eau, patène supportant une hostie. Cette cérémonie a dû être introduite vers le xe siècle ; cf. J. Morin, Commentarium, part. III, p. 132 sq. ; van Rossum, op. cit., p. 135 sq., n. 323 sq. ; D. Chardon, op. cit., dans Theol. cursus compl., t. xx, p. 867-868. La formule était la même qu’aujourd’hui. La concélébration des nouveaux prêtres avec l'évêque officiant est un usage romain qui ne remonte pas au de la du xive siècle et qui s’est répandu peu à peu dans les autres Églises, Chardon, loc. cit., p. 869 ; 2° après la communion et la profession de foi des nouveaux prêtres, le pontifical indique une nouvelle imposition individuelle des mains, avec la foimule : Accipe Spiritum sancti’m ; quorum remiseris peccata, etc. Cérémonie relativement récente, inconnue des anciens manuscrits, qui a commencé au xme ou xive siècle et ne s’est généralisée qu’au xvie ; cf. D. Chardon, loc. cit., p. 869872 ; Martène, De antiq. Eccl. rilibus, t. I, c. viii, a. 9, n. 12 ; van Rossum, p. 145 sq. On rencontre toutefois des traces isolées de la cérémonie au xie siècle ; 3° le déploiement de la chasuble est un complément de l’imposition de cet ornement. Sicard en signale déjà la formule, comme ajoutée par quelques-uns à la formule Accipe jugum Domini, de la remise de l'étole, mais il ne marque pas la cérémonie elle-même. L’ordination s’achève sur un dernier monitoire et une bénédiction : monitoire récent, mais texte de la bénédiction ancien. Il suit, dans le sacramentaire grégorien édité par Ménard, l’imposition de la chasuble, P. L., t. lxxviii, col. 223 ; van Rossum, p. 125.

e) La consécration d’un évêque est calquée sur l’ordination sacerdotale. Comme elle, elle comprend un prélude (demande de l'évêque premier assistant, lecture du mandat, formule du serment prêté par l'élu, examen de celui-ci, toutes cérémonies représentant d’anciens usages notablement amplifiés et modifiés) ; une première partie qui va du premier monitoire Episcopum oportet judicare jusqu'à la reprise de la messe ; une deuxième partie, qui, indépendamment de la concélébration, comprend l’imposition de la mitre et des gants et l’intronisation du nouveau prélat.

Première partie : 1° monitoire Episcopum oportet, d’allure ancienne ; 2° invitation à la prière et litanie

qui suit, toutes deux anciennes cérémonies romaines ; 3° l’imposition du livre des évangiles, sur la tête et les épaules de l'élu est un rite d’origine gallicane, qui se pratiquait aussi dans l'Église grecque. Galiicane aussi l’imposition des mains des deux évêques assistants. La formule Accipe Spirilum sanctum est récente et ne remonte pas au delà du xive siècle ; cf. Martène. op. cit., loc. cit., n. 14. Sans doute ne trouvaiton pas la forme déprécatoire de l’oraison qui suit assez impérative ; 4° la prière Propitiare et la préface consécratoire Vere dignum… honor omnium dignitatum sont toutes deux romaines. Cette dernière est séparée en deux par le Veni Creator, et l’onction. Elle se continue ensuite, Hoc, Domine, copiose, etc. ; 5° l’onction de la tête n’existait ni dans le rite romain, ni dans le plus ancien rite gallican. Amalaire la signale, De ecclesiasticis ofjiciis, ii, 14, P. L., t. cv, col. 1092, et elle est marquée dans le manuscrit du sacramentaire grégorien, édité par H. Ménard. L’onction des mains est l’ancienne cérémonie gallicane ; la formule qui l’accompagne est aussi l’ancienne formule gallicane. L’onction spéciale du pouce droit, usitée au plus tard au xiie siècle, a disparu, mais l’oraison qui l’accompagnait s’est conservée dans la prière Deus et Pater Domini Xosiri Jesu Christi, qui te ad pontificatus, etc. ; 6° la tradition de la crosse et de l’anneau est cérémonie ancienne, qui remonte au moins au vne siècle en Espagne ; cf. S. Isidore, De ecclesiasticis ofjiciis, II, v, 12, P. L., t. lxxxiii, col. 783 ; IVe concile de Tolède, can. 28, Mansi, t. x, p. 627 ; la querelle des Investitures montre que l’usage en était devenu général au xie siècle. Toutefois, les formules variaient ; cf. Hallier, op. cit., dans Migne, Theologisc cursus completus, t. xxiv, col. 1513. La formule actuelle remonte au moins auxe siècle ; le manuscrit de Ratold la contient en partie, P. L., t. lxxviii, col. 498. Le même manuscrit donne la formule de bénédiction de l’anneau ; les formules de porrection variaient beaucoup. La présentation du livre des évangiles est une cérémonie bien plus récente, quoiqu’elle remonte au xiie siècle.

Deuxième partie : 1° Concélébration de l'évêque avec son consécrateur : voir ce qui a été dit de la concélébration des nouveaux prêtres ; 2° l’usage de la mitre n’est pas antérieur au xie siècle, et Sicard qui en développe la signification mystique n’en mentionne pas l’imposition au nouvel évêque, pas plus qu’il ne mentionne l’imposition des gants ; 3° l’intronisation consiste à faire asseoir le nouvel évêque dans le fauteuil du consécrateur, à moins qu’il ne soit consacré dans sa propre église. La cérémonie est alors plus solennelle.

Conclusion. — Cet excursus dans la liturgie du sacrement de l’ordre était nécessaire à un double titre. Tout d’abord, elle nous fixe sur le fait de l’apparition successive dans l'Église des ordres inférieurs au diaconat, ceux-ci se réduisant dans l'Église orientale au sous-diaconat et au lectorat. Ensuite nous sommes obligés de constater que si, d’une part, l’imposition des mains s’est constamment et uniformément conservée dans l’ordination des évêques, des prêtres et des diacres, elle s’est accompagnée, au cours des siècles, de cérémonies nouvelles qui s’affirment comme des rites sacramentels. De cette double constatation surgiront, entre théologiens, des controverses aujourd’hui encore non résolues. On trouvera plus loin le résumé de ces discussions théologiques.

Sur l’imposition des mains, rite d’ordination, voir J. Belim, Die Handaujlegung im Urchristentum, Leipzig, 1911 ; P. Galtier, art. Imposition des mains, t. vii, col. 1302, spécialement col. 1331-1334 ; 1408-1425 ; F. Cabrol, Imposition des mains, dans le Diclionnaire d’archéologie et de liturgie, t. vii, col. 391, spécialement col. 395-398 ; 406-