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PAUL (SAINT). LE SACERDOCE DL CHRIST


cienne Alliance, iii, 1-6..Jésus est « fidèle à celui qui l’a fait » (c’est-à-dire établi, 7ro(.7)aav-u aùxôv, comme dans I Reg., xii, 6 (LXX), cf. Marc, iii, 14, xai èrtoÎT, aev ScôSexa), comme Moïse l’avait été. Mais il est au-dessus de Moïse pour une double raison. D’abord, il est le constructeur ou l’organisateur de la » maison de Dieu », la société dont Dieu est le chef, cf. Ex., xl, 16 ; 1 Tim., iii, 15 : I Petr., iv, 17 ; Eph., ri, 21 ; tandis que Moïse n’était qu’un membre de cette maison. Puis, Moïse a été fidèle dans la maison de Dieu », èv oXco tco ol’xco ocùtoû, à titre de « serviteur », wç GepâTrcov, v. 5, tandis que Jésus-Christ a été fidèle « en qualité de Fils, à la tête de sa maison ». ènl tôv oïxov aÙTOÛ. La nouvelle Alliance, dont le Fils est médiateur, est donc plus parfaite que l’ancienne.

2° Le Fils de Dieu est le grand prêtre par excellence ; le ministre du « véritable » sanctuaire. Le sacerdoce du Chiist fournit le thème essentiel de l’épître. Il est présenté comme un sujet complexe et difficile à traiter, ttoXùç ô Xéyoç xai Suc£ l op..’)veuToç, v, 11, qui dépasse « l’enseignement élémentaire sur le Christ », et appartient à « l’enseignement parfait ». vi, 1 ; cf. v, 12-14. Les développements qui s'> rattachent comprennent la section IV, 14-x. 18, sauf la digression homilélique, vi. 4-JP. Ils se divisent assez naturellement en deux parties : 1. Le sacerdoce du Christ considéré en lui-même, c’est-à-dire le Christ-prêtre comparé aux prêtres de l’ancienne Loi. iv, 1 1-vn, 28. — 2. Les fonctions sacerdotales du Christ, ou son sacrifice comparé aux offrandes et aux sacrifices de l’ancienne Alliance, vin, 1-x, 18.

1. Le sacerdoce du Christ considéré en lui-même (iv, 14-vn, 28). — Jésus-Christ possède un sacerdoce supérieur au sacerdoce lévitique. En effet, un grand prêtre, étant homme, connaît la faiblesse de l’homme et il doit offrir pour lui-même, comme pour le peuple, des « sacrifices pour les péchés ». C’est pourquoi Jésus-Christ, grand prêtre, peut nous secourir, car il a fait l’expérience de toutes nos infirmités excepté le péché. < Dans les jours de sa chair, ayant offert, avec de grands cris et avec des larmes, des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort et ayant été exaucé pour sa piété, il apprit, tout Fils qu’il était, par ses propres souffrances, ce que c’est que d’obéir ; et maintenant, rendu parfait (c’est-à-dire devenu glorieux), il sauve à jamais tous ceux qui lui obéissent, Dieu l’ayant déclaié < grand prêtre selon l’ordre de Melchisédech. » v, 7-10.

La nature humaine du Christ, sa prière, ses souffrances, son obéissance sont mises en relief ici plus que nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament. Les

prières et les supplications » du Christ ont-elles pour objet de demander l’éloignement de la souffrance et de la mort, dans la scène de l’agonie, au jardin de Œthsémani ? C’est l’opinion de saint Jean Chrysostome, suivie par beaucoup de modernes. Dans ce cas, comment le Père l’a-t-il exaucé’? En le faisant triompher de la mort par la résurrection. Par sa mort il se soumit à la volonté du Père, ce qui lui mérita la glorification ou la « perfection ». Cf. Phil., ii, 5.

De plus, un grand prêtre doit être « appelé par Dieu » à sa fonction, comme Aaron. Ainsi en est-il du Christ, puisqu’il a été déclaré « prêtre selon l’ordre de Melchisédech », cf. Ps. ex, 4. Melchisédech, prêtre du Très-Haut, est bien la figure de Jésus-Christ. En effet, il bénit Abraham qui lui donna la dîme de tout ce qu’il avait de meilleur. Or, c’est l’inférieur qui est béni par le supérieur ; et Lévi lui-même (c’est-à-dire les prêtres), qui perçoit la dîme en Israël, l’a payée à Melchisédech, dans la personne d’Abraham. Par suite, Jésus étant prêtre selon la manière de Melchisédech, son sacerdoce a été institué, non selon les ordonnances

d’une loi charnelle », mais selon la « puissance d’une

vie qui ne Pmil point ». vu. 16. lui d’autres tenues, Jésus-Christ est prêtre d’un sacerdoce universel et éternel, tandis que le sacerdoce lévitique était particulier et temporaire. Le sacerdoce selon l’ordre de Melchisédech a été promis à Notre-Seigneur issu de Juda, dont Moïse ne fait point mention quand il parle des prêtres.

Or, le sacerdoce étant changé entraîne un changement de loi. Ainsi, la Loi, liée à un sacerdoce inférieur, n’a rien amené à la « perfection ». Elle doit donc faire place à un autre moyen « d’approcher de Dieu » ou d’aller à lui. Ce moyen nouveau, c’est la foi et le culte de la nouvelle Alliance. Le sacerdoce du Christ fait ainsi la perfection de la nouvelle Alliance.

lui outre, à la différence des prêtres de l’ancienne Loi, Jésus-Christ a été constitué prêtre avec serment : « Le Seigneur l’a juré… », Ps. ex, 1. Son sacerdoce est donc la garantie d’une alliance meilleure que l’ancienne.

Enfin, le sacerdoce du Christ est unique et éternel. Les prêtres de l’ancienne Loi, étant mortels, étaient éphémères et se succédaient en formant une longue série. Le Christ, au contraire, étant toujours vivant, demeure éternellement. Il peut donc sauver toujours, d’une « manière parfaite », ceux qui s’approchent de Dieu par son intermédiaire.

Cette première partie sur le sacerdoce du Christ se termine par l’apothéose du Fils de Dieu glorieux. Il est grand prêtre sans souillure, séparé des pécheurs, élevé au-dessus des cieux, n’ayant point, comme les prêtres de l’ancienne Loi, à offrir d’abord des victimes pour ses péchés personnels puis pour ceux du peuple. Une /ois pour toutes, il l’a fait en s’offrant lui-même, sacrifice unique et permanent, pour le « peuple », non pour lui, puisqu’il n’avait point de péchés à expier. La Loi avait comme prêtres des hommes fra ! /iles ; le serment venu après la Loi, a établi prêtre un Fils rendu par/ail à jamais.

2. La /onction sacerdotale du Christ ; son sacrifice comparé aux sacrifices de l’ancienne Loi (vin, 1, x, 18).

— La fonction sacerdotale du Christ est un sujet très important, xecpdcXoaov 8è ènl toiç Xtyoïiéw.i ;. viii, 1. D’abord, le Christ exerce ses fonctions dans le * tabernacle » ou le sanctuaire « véritable », établi par le Seigneur et non construit de main d’homme. Ces fonctions, il ne les exerce point sur terre, où il ne pourrait être prêtre. En effet, en vertu de la Loi, il n’y a ici-bas que des hommes rendant un culte qui est « une image et une ombre des choses célestes ». vin, 5.

Le Christ-prêtre remplit, en outre, le rôle de médiateur d’une alliance nouvelle ; car l’ancienne a dû être remplacée par une œuvre plus parfaite, témoin le texte de Jérémie, xxxi, 31 sq. Cette alliance nouvelle est fondée sur de meilleures promesses ; elle est alliance de rémission des péchés, de purification intérieure, de renouvellement de la conscience.

Dans l’ancienne Alliance, le grand prêtre entrait une fois chaque année dans le sanctuaire avec du sang, qu’il offrait pour l’expiation de ses péchés et de ceux du peuple. Ainsi, la voie du sanctuaire n’est pas encore libre tant que dure l’ancienne Alliance. C’est une figure qui montre l’impuissance des sacrifices anciens jusqu’à la venue d’une alliance meilleure. Le grand prêtre accomplissait des rites incapables de rendre parfait, dans sa conscience, l’adorateur.

Au contraire, le Christ passe par la « tente » céleste qui n’appartient point à « cette création ». Avec son propre sang il entre une fois pour toutes dans le sanctuaire, après avoir acquis (obtenu) une rédemption éternelle. Alors que les rites de l’ancienne Loi réalisaient seulement une purification de la chair, le Christ, par le moyen d’un esprit éternel (cf. vii, 16-24 ; Rom. i, 4), s’est offert lui-même à Dieu, victime sans