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PAUL (SAINT). L’ÉPITRE AUX HÉBREUX


été confiée, I Tim., i, 3 ; Il Tim., iii, 13-14 ; il en est le dépositaire ; il doit la conserver intacte et la transmettre dans toute sa pureté. Il doit « conserver le souvenir fidèle des saines instructions » qu’il a reçues de l’Apôtre, « garder le bon dépôt, tt)v xccXyjv TOxpa-Orjxrjv, par le Saint-Esprit qui habite en lui », II Tim.. i. 13-14. Il doit confier les enseignements de l’Apôtre « à des hommes sûrs, qui soient capables d’en instruire les autres », II Tim., ii, 2 ; il doit « dispenser avec droiture la parole de la vérité », ibid., ꝟ. 16 ; voir encore iii, 14, iv, 1-3. Tite, de son côté, doit « fermer la bouche aux vains discoureurs », les « reprendre sévèrement afin qu’ils aient une foi saine, et qu’ils ne prêtent pas l’oreille à des fables judaïques ». Tit., i, 11, 14.

Cette insistance sur le sens de l’orthodoxie est une des caractéristiques des épîtres pastorales. Elle révèle une situation des Églises différente de celle des premières lettres. L’hérésie se fait jour et menace la foi et la vie chrétiennes. Plus d’un passage laisse entendre à quelle sorte d’erreurs les « évêques » devaient s’opposer : il y a les « mythes ineptes, ces contes de vieilles femmes », I Tim., iv, 7, sans doute des spéculations judaïques provenant de certains écrits apocryphes ; les « recherches passionnées concernant des généalogies sans fin ». I Tim., i, 4. D’autres erreurs étaient plus pernicieuses ; elles séduisaient les esprits par une ascèse immodérée, en proscrivant le mariage et l’emploi des aliments que Dieu a créés pour l’usage légitime des fidèles. I Tim., iv, 1-3. Le passage II Tim., ii, 18, nous révèle une curieuse hérésie. Hyménée et I J hylète disaient « que la résurrect ion avait déjà eu lieu » ; cf. I Tim., ii, 19. Ils l’entendaient sans doute uniquement de la résurrection spirituelle ou mystique, par une fausse interprétation de Rom., vi, 1-11 ; cf. Joa., xvii, 3. Voir Lock, The pastoral epistles, p. 99-100. En lisant les pastorales, on a l’impression que les fidèles couraient un danger incessant pour l’intégrité de leur foi. Devant ces menaces, l’Apôtre devait envisager la foi surtout comme un ensemble de doctrines religieuses et morales. C’est pourquoi l’objet de la foi considéré comme un dépôt intangible occupe une grande place dans ces épîtres : « posséder la foi et la bonne conscience » ; « faire naufrage dans la foi », I Tim., i, 19, cf. i, 2 ; « abandonner la foi », I Tim., iv, 1 ; « être nourri des leçons de la foi », I Tim., iv, 5 ; « renier la foi », I Tim., v, 8 ; « s’égarer loin de la foi », I Tim., vi, 10 ; « garder la foi », II Tim., iv, 7 ; « de nulle valeur pour la foi », II Tim., ni, 8 ; cf. I Tim., m, 9 ; vi, 12, 21 ; Tit.. i, 4, 13.

Cette manière d’entendre la foi est-elle conforme à l’enseignement des autres épîtres pauliniennes ? Plusieurs critiques indépendants ont prétendu que non. D’après eux, il y aurait là une notion tardive de la foi, postérieure à la mort de l’Apôtre.

Or, nous trouvons déjà dans les épîtres antérieures le mot « foi » pour désigner l’objet ou contenu de la prédication, auquel il faut s’attacher et qu’il faut garder intact ; les textes sont très nombreux : Rom., x, 8-9 ; xii, 6 ; Gal., i, 23, cꝟ. 20 ; ii, 5 ; vi, 10 ; Phil., i, 27 ; Col., ii, 7 ; II Thess., ii, 12-13 ; I Cor., xv, 1 sq. ; xvi, 13 ; Rom., x, 17-18 ; I Thess., i, 8 ; Gal., ni, 6 ; Rom., i, 12 ; I Thess., iv, 14 ; Gal., ii, 20. Dans tous ces passages, la foi est conçue comme une doctrine — soit un ensemble, soit une vérité particulière — qu’il faut accepter, comme une « vérité » dont on ne doit pas s’écarter, non une vérité d’ordre spéculatif ou philosophique, mais « la vérité de l’Évangile » contenue dans la prédication chrétienne. On trouve donc déjà, dans les épîtres plus anciennes, la notion de foi telle qu’elle sera employée dans les pastorales. Dans ses dernières épîtres, l’Apôtre n’avait pas à exposer l’économie de la foi en face de la Loi, mais à sauvegarder l’objet de cette foi, c’est-à-dire de l’Évangile, contre la

pénétration des hérésies naissantes. C’esl pourquoi il entend le mot « foi » surtout comme un corps de doctrines auxquelles il faut rester attaché.

Par les apôtres et leurs délégués, par les évêques, "l’Église du Dieu vivant est la colonne et le fondement de la vérité ». I Tim., iii, 15 ; cf. iii, 5. L’Église est conçue comme formant un tout et un organisme. Voir plus haut, col. 2460 sq. Chacune des communautés locales, tout en ayant sa vie propre, est partie intégrante du tout. Gouverner une Église particulière, c’est gouverner l’Église de Dieu, partiellement sans doute et sous l’autorité de l’Apôtre, mais réellement. Cf. I Tim., iii, 5 et 15 ; Act., xx, 28. Saint Paul voyant en Jésus-Christ un principe de vie pour tous les fidèles le regardait aussi comme un lien les unissant pour former un seul corps. C’est là qu’il trouve le principe d’unité et de durée pour l’Église ; cf. Eph., iii, 20-21.

Dans les pastorales, il reprend l’idée d’unité et l’accentue devant les tendances individualistes ou séparatistes qui se faisaient jour. L’Église, gouvernée par ses chefs est le dépositaire authentique de l’Évangile qui se résume dans le « mystère de la piété », c’est-à-dire le mystère du Christ : De l’aveu de tous, il est grand le mystère de la piété :

Il (le Christ) a été manifesté dans la chair ;

Il a été justifié dans l’Esprit,

Il a été vu des anges.

Il a été prêché parmi les nations,

Il a été vu dans le monde,

II a été élevé dans la gloire.

I (Tim., iii, 16.)

Nous avons là un résumé de la foi, concernant le mystère du Christ. Ce sont les grandes lignes de l’Évangile dans la prédication chrétienne : le Christ en est l’objet principal ou même unique.

Le vocabulaire essentiel de ce passage n’est point celui des pastorales. Mais nous avons là, sans doute, une citation implicite, dont la source est peut-être la même que celle de Eph., v, 14 ; cf. ibid., v, 19 ; I Cor., xiv, 26. On en trouve des réminiscences dans Ep. ad Diognel., 11 ; Ep. Barnab., 6 ; 14. On peut comparer ce morceau à la finale du second évangile, Marc, xvi, 9-20 ; il paraît inspiré de la même tradition. En tout cas, sa doctrine est dans 4a ligne de la tradition première des apôtres et de la prédication de saint Paul. Voir col. 2359 sq.

Voir la bibliographie de l’article Ordre, ci-dessus, col. 1235, et celle de l’article Évêques : Origine de l’épiscopat, t. v, col. 1700-1701, et dans W. Kôster, Die Idée der Kirche beim Aposlel Paulus, dans Nll.Abhnndlungen, t. xiv, fasc. 1, Munster-en-W., 1928. Ajouter les ouvrages suivants :

Catholiques.

Belser, Die Briefe des Aposlels Paulus

an Timotheus und Titus, Fribourg-en-B., 1907 ; F. Maïer, Die Haupiprobteme der Pastoralbriefe Pauli, Munster-en-W., 1910 ; J. Knabenbauer, Commentarii in S. Pauli epislolas ad Thessalonicenses, ad Timolheum, ad Titum et ad Philemonem, Paris, 1913 ; M. Meinertz, Die Pastoralbriefe des hl. Paulus, Bonn, 1921.

Non catholiques.

Bamsay, Historical commentarg on

the ftrst epistle (o Timothy, dans The Expositor, 1909, 1910, t. vu et viii ; G. Wohlenberg, Die Pastoralbriefe, dans Kommentar zum N. T. de Zahn, Leipzig, 1906, 4 « éd., 1923 ; M. Dibelius, Die Pastoralbriefe, dans Handbuch zum N. T. de Lietzmann, Tubingue, 2e éd., 1931 ; J. Parry, The pastoral epistles, Cambridge, 1920 ; P. N. Harrison, The probtem of the pastoral epistles, Oxford, 1921 ; M. Lock, The pastoral epistles, dans International critical comment., Edimbourg, 1924.

Voir aussi la bibliographie de l’article Charismes, dans le Supplément du Dictionnaire de la Bible.

x. l’épître aux hébreux. supériorité de la nouvelle alliance sur l’ancienne. dignité du Fils de Dieu ; excellence de son sacerdoce. Nature et rôle de la foi ; les dangers de l’apostasie. — 1° Le Fils de Dieu est supérieur aux anges,