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    1. PAUL (SAINT)##


PAUL (SAINT). LE BAPTÊME

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tous sont « constitués » pécheurs ; par l’obéissance d’un seul (cf. Phil., ii, 8 : obéissant jusqu’à la mort de la croix), tous seront désormais constitués justes. Le péché a régné pour la mort : la grâce régnera maintenant « par la justice, pour la vie éternelle, par Jésus-Christ Notre-Seigneur », ꝟ. 21.

Tout ce passage éclaire vivement l’œuvre rédemptrice et salvifique du Christ. Le principe de la solidarité apparaît comme la raison profonde qui a rendu sa mort efficace pour le salut de tous les hommes : l’obéissance du Christ et son mérite est devenu comme le bien de tous.

Il faut rattacher ici les autres passages où saint Paul compare l’œuvre d’Adam à celle du Christ, et d’abord I Cor., xv, 21, 45 : « Puisque c’est par un homme qu’il y a mort, c’est par un homme aussi qu’il y a résurrection des morts. De même, en effet, qu’en Adam tous meurent, de même aussi dans le Christ tous revivront »… < Le premier homme, Adam, devint âme vivante (être vivant, psychique), le second Adam, lui, devint esprit vivifiant. »

Quelle est la pensée de l’Apôtre au ꝟ. 21 : la mort vient « par un homme », tous meurent « en Adam » ? Faut-il entendre : par la faute d’un homme, par la prévarication d’Adam, tous les hommes sont devenus sujets à la mort ? Ou bien : le corps de l’homme, tel qu’il est par le fait de la descendance d’Adam, est actuellement sujet à la mort, abstraction faite de ce qui a pu se passer auparavant ? A ne considérer que ce seul texte, il est difficile de répondre ; Si’àvGpcÔTrou pouvant signifier « par l’intermédiaire d’un homme » aussi bien que, « à cause d’un homme ».

D’autre part, au v. 45. l’Apôtre, en présentant Adam comme un « être psychique », par contraste avec le Christ principe de résurrection et de vie spirituelle, parle du corps qu’Adam reçut de Dieu au moment de la création. La mort serait donc toute naturelle à l’homme et, pour l’expliquer, il n’y aurait pas besoin de faire intervenir la faute d’Adam, puisque l’homme aurait été créé ainsi dès l’origine.

Mais, ailleurs, saint Paul affirme très clairement que c’est le péché qui a introduit la mort dans le monde, cf. Rom., v, 12 sq., et il savait que la peine de mort avait été portée contre Adam à cause de sa désobéissance. Cf. Il Cor., xi..’{ ; Sap., ii, 23 ; Apoc, xii, 9 ; xx, 2. Or, s’il dit que le corps d’Adam, en vertu de sa nature, était mortel, et que par nécessité de nature, nous avons hérité ce corps psychique, il ne veut point se contredire, mais il y a, dans sa pensée, un sous-entendu ; le péché d’Adam a ramené l’homme à sa seule nature, tandis qu’auparavant il jouissait de priuilèges surnaturels qui lui conféraient l’immortalité. Cf. Gen., ii, 17 ; Sap., ii, 23.

Citons également le passage de l’épître aux Éphésiens : « Par nature çûaet, nous étions enfants de colère, comme les autres ». Eph., ii, 3. Ici, l’Apôtre ne paraît point faire allusion directement à la culpabilité d’origine : les Juifs, comme les gentils, sont enfants de colère, car la nature les porte au mal ; le texte ne parle pas de l’origine de cette mauvaise nature. Saint Jean Chrysostome l’entend des pèches actuels qui ont mérité la colère. "Voir aussi saint Jérôme, h. I.

3. La vie chrétienne : rote du baptême. — La justification a opéré la destruction du « vieil homme « et l’affranchissement du péché. Rom., vi, 1-23. Mort au péché, le chrétien ne doit plus vivre en lui. Il a été

baptisé dans le Christ », baptisé « dans sa mort », enseveli avec lui » pour ressusciter comme lui. Il a été uni à lui comme une greffe l’est au tronc », ꝟ. 5 ; il participe à sa vie spirituelle et c’est là un gage de résurrection, puisqu’une fois ressuscité le Christ ne meurt plus ꝟ. 9. Tel est l’effet merveilleux du bap tême. Ce rite est la représentation de la mort et de la sépulture, du Christ ; et c’est le chrétien lui-même, qui, en se soumettant au rite, vit en quelque sorte ce drame de salut. Rom., vi, 2-6 ; cf. Gal., ni, 27, cf. P.) ; Phil., iii, 10 ; Col., ii, 12-20 ; iii, 1-4 ; Rom., vii, 5 ; vin, 9. II lie sa propre destinée à celle du Christ. En effet, le baptême unit le chrétien au Christ glorieux, Rom., vi, 5, 11, comme « une greffe à l’arbre » pour vivre de sa vie. Cf. Gal., ii. 18-20 ; I Cor., xii, 13, 27 ; vi, 15 ; Eph., iv, 3-6 ; 15-16 ; Rom., xi, 15, 17 ; Joa., xv, 1 sq. ; I Joa., v, 11, 12. Le baptême est le sceau, açpayîç, ou la marque de la justice dans l’économie de la foi, comme la circoncision l’était dans celle de la Loi, Rom., iv, 11 ; cf. Shemolh Kabba, 19 ; J.-J. Wetstein, Novum Testamentum ynecum, in h. t. ; le baptisé est marqué d’un caractère, atppaytaâpLEVoç, qui le fait appartenir au Christ ; cf. II Cor., i, 21-22 ; Eph., i, 13 ; iv, 30.

Ainsi, le baptême n’est pas un pur symbole de la justification ou de la purification. Il a un rôle, une efficacité dans l’acquisition de la justice. Cependant, il n’opère point à la façon d’un rite magique, d’une manière nécessaire et absolue ; car c’est l’Esprit-Saint qui agit par le rite, et le rite vient du Christ lui-même. A la différence des actions magiques, c’est un rite efficace produisant un effet surnaturel d’ordre moral, et exigeant la foi à titre de disposition. D’ailleurs, le fidèle n’arrive au salut qu’en exerçant lui-même sa propre activité sous l’influence de l’Esprit-Saint. Les exhortations qui commencent au c. vi, ꝟ. 12, et se poursuivent, mêlées à l’exposé de la doctrine, jusqu’à la fin du c. viii, le montrent suffisamment.

Sans doute, la signification première du baptême est celle d’un bain purificateur. I Cor., vi, 11 ; Eph., v, 26 ; Tit., iii, 5. Mais son symbolisme mystique, qui consiste à traduire en acte, dans la personne de l’initié, la mort et la résurrection du Christ, n’est point une création de l’Apôtre. Ce symbolisme était connu des fidèles, le texte Rom., vi, 3, ne laisse aucun doute : « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés dans le Christ-Jésus, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés » ? Les fidèles de Rome savaient donc déjà que le baptême était un rite d’initiation et ils ne l’avaient point appris par saint Paul. Ils savaient également que l’Esprit opère dans le baptême. L’union au Christ et l’action de l’Esprit par le sacrement étaient donc deux données traditionnelles que l’Apôtre ne fait que développer en les harmonisant avec sa doctrine sur la foi.

Affranchi du péché, le tidèle l’est aussi de la Loi. La Loi en elle-même était bonne ; si elle a fait commettre des fautes, c’est parce que l’homme était « chair et sang, vendu à l’esclavage du péché ». vii, 14. Le « péché », comme un tyran, habitait en lui. D’un côté, la chair est l’esclave du péché, d’un autre côté « l’homme intérieur », ou la raison, ꝟ. 22, 23, 25, aspire au bien, mais d’une volonté qui n’a pas la force de le réaliser. L’Apôtre traduit cette détresse de l’humanité en s’écriant : « Qui me délivrera de ce corps de mort ? » ꝟ. 24 ; mais aussitôt il indique le remède : Pour ceux qui sont « dans le Christ-Jésus », il n’y a aucune condamnation. « La loi de l’Esprit de vie, dans le Christ-Jésus, m’a délivré de la loi du péché et de la mort. » Rom., viii, 1-2. Pour délivrer l’homme de la Loi et de la chair, Dieu a envoyé son « propre Fils, dans la ressemblance de la chair du péché et à cause du péché ; il a condamné le péché dans la chair, afin que la justice demandée par la Loi soit accomplie en nous qui ne vivons pas selon la chair, mais selon l’esprit », ꝟ. 3-4. En d’autres termes, par l’incarnation, le Fils de Dieu a pris une chair sans péché, mais semblable pour le reste à la chair de péché ; il est venu à cause du péché, pour le condamner, pour supprimer