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ORDRE. RITE DE L'ÉGLISE LATINE


cité dans le rite sacramentel. Op. cit., exercit. II, c. iii, îv, p. 19-25.

2° Dans l'Église latine. — Nous écartons de notre exposé l’enseignement des Pères, lequel, portant sur un sujet plus complexe que le rite de l’ordination, reflète plutôt les spéculations de la théologie sur le sacrement de l’ordre. Nous nous en tiendrons donc aux rites eux-mêmes, considérés dans leur évolution du Ve siècle jusqu'à nos jours. Nous suivrons ici l’exposé de J. Tixeront, L’ordre et les ordinations, p. 125-176.

1. Du Ve au viiie siècle. — Jusqu’au ve siècle, les rites d’ordination sont substantiellement les mêmes dans les Églises d’Occident. Mais à partir du ve siècle, il faut tenir compte de deux formes liturgiques qui se sont partagé ces Églises : la liturgie romaine, régnant à Rome, dans l’Italie méridionale et en Afrique ; la liturgie gallicane, dominant dans le nord de l’Italie, laGaule, l’Espagne, la Bretagne et, plus tard, l’Irlande. Dans ces deux liturgies, non seulement diffèrent la suite des cérémonies et les formules des prières de la messe, mais encore, pour tout ce qui n’est pas essentiel, les rites et les prières des ordinations. C’est la fusion de ces deux formes qui a donné les cérémonies composites du Pontifical romain actuel.

a) Rite romain. — Sources principales : 1° Sacramentaires, — léonien (déclin du vie siècle) — grégorien de la bibliothèque capitulaire de Vérone (ou mieux sacramentaire du pape Hadrien, fin du vuie siècle). Voir Duchesne, Origines du culte chrétien, 5e édit., p. 125-132 ; 143-152 ; M. Feltoe, Sacramentarium leoniannm, Cambridge, 1896 ; la P. L., t. lv, donne l'édition des Ballerini, mais la meilleure édition est celle de Fr. Bianchini, Anastasius Dibliothecarius, t. iv, Rome, 1734. La collection liturgique de Maria-Laach, Litur giegeschichtlkhe Quellen en annonce une nouvelle publication qui promet d'être définitive. Cf. dom Pierre de Puniet, Pontifical romain, Paris, 1930, p. 20, et Dict. d’archéologie, art. Léonien (Sacramentaire), t. viii, col. 2550. Le sacramentaire grégorien a été récemment édité par A. Wilson, The Gregorian sacramentarij under Charles the Great, Londres, 1915, et par Hans Lietzmann, Das Sacramentarium Gregorianum, Munster, 1921. La plus ancienne édition est de Jacques Pamélius, Littirgica Ecclesix latinse, t. ii, 1571. La P. L., t. lxxviii, donne l'édition de dom Hugues Ménard (1642) et représente un texte mitigé ; cf. Dict. d’archéologie, art. Grégorien (Sacramentaire), t. vi, col. 1776, et dom de Puniet, op. cit., p. 27. — 2° Ordines romani (cf. Ordo de Saint-Amand, dont le manuscrit est du viiie ou ixe siècle, et que Duchesne a édité en appendice, op. cit., p. 495-497), donnés par Mabillon et édités dans la P. L., t. i, xxviii, col. 9991008. Les sacramentaires contiennent surtout les prières ; les ordines indiquent les rites et la suite de la cérémonie. Sur les ordines, voir dom de Puniet, op. cit., p. 35 sq. ; cf. Kosters, Studien zu Mabillons rômischen Ordines, Munster, 1905 ; toutefois la compilation publiée par Melchior Hettorp, De divinis catholicæ Ecclesiie officiis, Paris, 1610, col. 21-178 (reproduite, dans Bibliotheca veterum Palrum, Paris, 1644, t. x, et dans Bibliotheca maxima Patrum, Lyon, 1677, t. xiii) olïre cette caractéristique, qu’au lieu de se borner aux rubriques, clic contient les formules in extenso. Voir M. Andrieu, I.'Ordo romanus anliquus et le liber de divinis officiis du Pseudo-Alcuin, dans Revue des sciences religieuses, 1925, d. 642-650. M. Andrieu prépare l'édition de cet Ordo antiquus ; cf. dom De Puniet, op. cit., p. 39 sq. II y a accord à peu près complet entre ces divers documents.

a. Ordres mineurs et sous-diaconat. — Au ve siècle, les quatre ordres mineurs ont droit de cité. Mais nous n’avons pas d’indication sur la manière dont,

au rite romain, on conférait lis trois ordres inférieurs de portier, de lecteur, d’exorciste. La cérémonie devait être absolument privée dans la Schola cantorum ; peut-être même n’y avait-il rien en dehors de la simple désignation faite par l’archidiacre. Le texte du Gregorianum de H. Ménard présente ici toute la série des prières et des rites gallicans ; mais c’est une interpolation.

Les ordinations d’acolyte et de sous-diacre n’ont guère de solennité. SOrdo ix, 1, dit qu’elles se faisaient « quand et où on voulait ». Revêtu de l’aube et de l’orarium, l’ordinand se présentait à l'évêque avec le sac de lin destiné à recevoir les pains consacrés et il se prosternait devant le pontife qui le bénissait avec cette formule : « Par l’intercession de la bienheureuse et glorieuse Marie, toujours vierge et du bienheureux apôtre Pierre, que le Seigneur te sauve, le garde et te protège. » Cf. Acolyte, t. i, col. 315. L’ordination du sous-diacre était presque semblable. La bénédiction était précédée d’un serment fait par le candidat sur l'évangile qu’il n’avait jamais commis l’un des quatre péchés énormes contre la chasteté qui excluaient l’ordination : sodomie, violation des vierges, bestialité, adultère, et l'évêque mettait entre les mains de l’ordinand un calice vide. Ordo viii, 2.

b. Diaconat. — Après le serment par les candidats relativement aux péchés énormes ci-dessus énumérés et l’invitation faite préalablement aux fidèles de dire ce qui pourrait être contre leur admission au diaconat, l’ordination se faisait le samedi des quatre temps. Après l'épître, le pontife les appelait nommément et les faisait avancer devant l’autel, puis se prosternait avec eux pendant le chant des litanies. Ensuite, l'évêque imposait la main sur la tête de chacun des ordinands et prononçait deux prières ; une prière ordinaire Deus conlator sacrarum magnifiée dignitatum et une prière consécratoire Adesto quæsumus, omnipotens Deus, honorum dator, ordinum distributor, etc., conservée en forme de préface dans le pontifical actuel. On y supplie Dieu de répandre sur les nouveaux élus le Saint-Esprit et de faire qu’ils deviennent dignes d’accéder au degré supérieur, Ordo vin. L’Ordo ix, 8, ajoute un détail, la distribution aux ordinands des orarii prises par l’archidiacre sur l’autel de Saint-Pierre où elles ont passé la nuit, et mises par l'évêque lui-même au cou des candidats.

c. Presbqtérat. — L’ensemble du rituel est absolument le même que pour le diaconat. Après les diverses cérémonies préparatoires, les candidats se présentaient, une fois les diacres ordonnés, devant le pontife, revêtus de l'étole (orarius) et de la planète. Suivait l’invitation faite à l’assemblée de prier pour les ordinands : Oremus, dilectissimi, Deum Patrem omnipotentem, puis, la prostration et la litanie. Ensuite, l'évêque leur imposait la main sur la tête récitant deux prières, une prière ordinaire Exaudi nos, Deus salutaris noster.., et le canon consécratoire Vere dignum… Deus honorum omnium… præmia consequantur (toutes deux conservées dans le pontifical actuel). Le sacramentaire grégorien, édition Ménard, est seul à dire que les prêtres présents imposent aussi la main ; on sait que la Tradition apostolique mentionnait également cette coopération des prêtres. Après ces prières, les nouveaux prêtres recevaient, comme les diacres, l’accolade du pontife, des évêques et des prêtres, présentaient leur offrande et recevaient la communion à la messe qui se continuait. Pas de porrection d’instrument.

d. Épiscopat. Les cérémonies de l’ordination à l'épiscopat sont surtout décrites par les ordines viii et ix et, en principe, sont supposées faites par le pape. Ce rituel ne différait guère, pour l’ordre des cérémonies, de celui de l’ordination presbytérale.