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PAUL (SAINT). LA JUSTIFICATION, SA NÉCESSITÉ


cette coupe, on « annonce la mort du Christ », c’est-à-dire l’on représente ou l’on reproduit sa mort et on perpétue son sacrifice. Cette situation doit durer « jusqu’à ce qu’il vienne », ce qui doit s’entendre jusqu’à la fin des temps. Cet ordre de perpétuer le sacrifice serait inefficace, si le Christ n’avait donné en même temps aux apôtres la puissance de l’exécuter, c’est-à-dire le pouvoir de faire eux-mêmes ce qu’il avait fait. D’où l’on doit conclure que les apôtres reçurent le sacerdoce au moment de l’institution de l’eucharistie ; car ni l’Écriture, ni la tradition ne nous enseignent qu’ils l’aient reçu à un autre moment. Cf. concile de Trente, sess. xxii, Doctrina de sacr. missse, can. 2. Enfin, la nécessité de perpétuer le sacrifice jusqu’à la fin des temps entraîne la perpétuité du sacerdoce.

Cet enseignement de l’Apôtre est précieux pour l’Église, non seulement parce qu’il proclame la perpétuité du sacrifice et du sacerdoce chrétiens, mais parce qu’il enseigne la foi à la « présence réelle » dans l’eucharistie, comme une vérité essentielle du christianisme.

Dans les ꝟ. 27-34, où l’Apôtre indique les conditions pour recevoir l’eucharistie, nous retrouvons le même sentiment de la réalité du corps et du sang du Christ : Celui qui mangera le pain ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. » S’il ne se sent digne, l’homme doit s’examiner pour se purifier et se rendre digne, par les moyens en son pouvoir. « Celui qui mange et boit [indignement], mange et boit son propre jugement, xpï|j.a, ne discernant point le corps du [Seigneur] ». ꝟ. 29. Celui qui est indigne, qui ne « discerne point le corps du Seigneur », c’est-à-dire le traite comme un aliment profane, s’attire un châtiment proportionné à la gravité de ses fautes, soit la peine éternelle, soit des peines temporelles.

En fait, la conduite des Corinthiens, dans leurs assemblées, montre qu’ils n’ont pas assez de discernement ; car beaucoup d’entre eux se sont attiré, par leurs irrévérences, des peines temporelles : faiblesse, maladie, mort même (mort prématurée, non « perte » ou mort éternelle). Ces peines temporelles, le Seigneur les leur inflige, à titre d’expiation, pour ne pas les condamner au jour du jugement. Par suite, les fautes des Corinthiens, punies par ces diverses peines, ne sont donc point de celles qui entraînent la « perdition ». .Mais de telles fautes contre l’eucharistie peuvent exister. Si, pour leurs irrévérences, les fidèles sont frappés de peines temporelles, ils doivent redouter les peines éternelles dans le cas où ils commettraient des fautes plus graves.

Les peines temporelles mentionnées ici ne doivent point être regardées comme infligées aux Corinthiens d’une façon matérielle, en ce sens que la nourriture et^le breuvage eucharistiques auraient eu pour eux une vertu nocive à cause de leurs mauvaises dispositions. En réalité, le châtiment est infligé par Dieu à titre de peine médicinale ou expiatoire.

Voir la bibliographie de la section précédente et celle des articles Corinthiens (Êpîlres aux) et Eucharistie dans l’Écriture. Ajouter les ouvrages suivants :

Catlioliques.

J. Rohr, Paulus und die Gemeinde von

Korinlh, dans Biblische Studien, t. iv, 4, Fribourg-en-B., 1899 ; R. Gornely, Commentarius in I epist. ad Corinthios, Paris, 1890 ; Commentarius in II epist. ad Corinthios et Epist. ad Galatas, Paris, 1892 ; A. Schâfer, Erklàrung der beiden Briefe an die Korinther, dans Die Bûcher des Neuen Testaments, t. ii, Munster-en-W., 1903 ; F.-S. Gutjahr, Die 2 Briefe an die Korinther erklàrl, Grazel Vienne, 1907, 1910 ; W. Koch, Dos Abendmahl imNeuen Testament, dans Biblische Zei(/ra<7cn, IVe sér., fasc. 10, Munster-en-V., 1911, p. 384-440 ; H. Bertrams, Das Wesen des Geistes nach der Anschauung des Aposlels Paulus, Munster-en-W., 1914 ; W. Reinhard, Das Wirken des heiligen Geisles im Menschen nach den

Brie/en des Apostels Paulus, Frib.-en-B., 1919 ; J. Sickenberger, Die beiden Briefe des heiligen Paulus an die Korinther, dans Die heilige Schrifi des Neuen Testaments, Bonn, 1921 ; L. Thomas, article Agape dans le Supplément du Dictionnaire de la Bible, Paris, 1926 ; A. Lemonnyer, article Charismes, ibid., Paris, 1928.

2°.Von catholiques. — H. Weinel, Die Wirkung des Geistes, Fribourg-en-B., 1899 ; T.-M. Lindsay, The Church and the ministry in the earlg centuries, 2e éd., Londres, 1903 ; H. Gunkel, Die Wirkungen des heiligen Geistes, 3e éd., Gœttingue, 1909 ; M. Dibelius, Die Geisterwelt im Glauben des Paulus, Gœttingue, 1909 ; Ph. Bachmann, Der erste Brief des Paulus an die Korinther, dans Kommentar zum Neuen Testament de Zahn, 2e éd., Leipzig, 1910 ; Joh. Weiss, Der erste Korinlherbrief, dans Krilisch-exegetischer Kommentar iiber das N. T., 9e éd., Gœttingue, 1910 ; A. Robertson et A. Plummer, First epistle of St. Paul (o the Corinthians, dans The international critical commentarg, Edimbourg, 1911 ; A. Plummer, Second epistle of St. Paul to the Corinthians, ibid., Edimbourg, 1915, 1925 ; H. Lietzmann, Die Briefe des Apostels Paulus an die Korinther I. und II., dans Handbuch zum Neuen Testament, Tubingue, 1913, 1923 ; A. Schlatter, Die korinthische Théologie, dans Beitràge zur Forderung christlicher Théologie, t. xviii, 2, Gutersloh, 1914 ; H. Strack et P. Billerbeck, Kommentar zum N. T. aus Talmud und Midrasch, Briefe Pauli, t. iii, p. 320-535, Munich, 1926.

VII. L’Épître aux Romains. La justification

ET LE SALUT PAR JÉSUS-ChRIST. La VIE CHRÉTIENNE.

— 1° Nécessité de la justification. 2° La justice de Dieu. 3° L’œuvre du Christ : la rédemption. 4° La justification. 5° La foi : sa nature et son rôle. G Les fruits de la justification et la vie chrétienne ; le rôle du baptême.

L’Église de Rome n’était point d’origine paulinienne. Bien que l’élément pagano-chrétien y fût probablement prédominant vers l’an 58, elle se rattachait plutôt, par ses origines, au type judéo-chrétien. Aussi l’Apôtre ne veut point prendre Rome comme champ d’action ; il ne fera qu’y toucher en allant en Espagne. Rom., xv, 24, 29. Toutefois, en qualité d’apôtre des gentils, il se réjouit de prendre contact avec cette Église située au centre de l’empire et capable de rayonner dans le monde entier ; cf. Rom., i, 14. Convain^u_gu/elle était appelée à jo uer un rôle cap ital dans l’expansion du christianisme, et voyant en elle un gage d’universalité et d’unité pour la foi nouvelle, il saisit l’occasion qui s’offrait d’affermir la foi des chrétiens, Rom., i, 11, et de compléter leur instruction en leur exposant l’évangile qu’il prêche, c’est-à-dire le salut de l’humanité par le Christ. C f. Rom., i, 6, 13.

En fait, l’épltre aux Romains est un exposé général du plan providentiel relatif au salut de l’humanité.) L’importance de ses doctrines la place au premier rang parmi les livres du Nouveau Testament. L’Apôtre y réunit, dans une synthèse magistrale, le fruit de ses révélations sur la miséricorde divine et le salut. La grâce de Dieu lui app araît co mme l’unique force « ; i p a b I eTÎJTëîever l’Somme accablé sous le poids de sa culpabilité.

D’urTcoté, les doctrines et les religions du monde païen avaient montré leur vanité et leur impuissance : elles ne communiquaient ni l’énergie de faire le bien, ni la vie ; elles ne garantissaient point une existence heureuse dans un monde futur. Le titre de « sauveur », dans l’ordre politique, n’était qu’une appellation officielle, commandée par l’orgueil ou dictée par la flatterie, afin de plaire aux empereurs.’Dans les religions païennes, les » sauveurs », fussent-ils Zeus, Apollon, Esculape ou Osiris, n’étaient censés exercer qu’une vague influence protectrice dans les circonstances difficiles de la vie et au moment de la mort : leur action n’avait aucune efficacité morale pour relever l’homme déchu.- D^un autre côté, la loi de Moïse, apanage du judaïsme, était un code rigide et stérile plutôt qu’une source de vie spirituelle et religieuse.