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PAUL (SAINT). LA RÉSURRECTION


parousie, ils seront transformés, comme il a été dit dans I Cor., xv, 52-53. Mais tous ne revêtiront leur « demeure éternelle > qu’à la résurrection générale et, à ce moment, tous seront jugés au tribunal du Seigneur, ꝟ. 9-10. Il s’agit bien ici, en effet, du jugement général, comme l’indique la ressemblance avec Matth., xxv, 34 sq. Mais, en attendant ce jour, l’Apôtre estime préférable d’être déjà « avec le Christ » et de jouir de la « vision » plutôt que de demeurer dans ce corps mortel.

Cet aspect du salut personnel est évidemment nouveau dans la doctrine de saint Paul ; mais il ne contredit point ce que l’Apôtre avait déjà enseigné. Il ouvre plutôt une vue sur le sort des justes défunts en attendant la résurrection, éclairant ainsi un mystère très grand et très consolant pour les fidèles.

A la lumière de ce passage ainsi entendu, les autres textes où l’on croit découvrir une évolution de la pensée paulinienne, se comprennent aisément. Lorsque l’Apôtre déclare, Phil., i, 23, qu’il a « le désir de partir et d’être avec le Christ », que c’est « de beaucoup le meilleur », là, comme dans II Cor., v, 6, il envisage le salut individuel, par l’union immédiate du juste avec le Christ, en attendant la résurrection.

Dans le passage II Tim., iv, 6-8, l’Apôtre déclare « être offert en sacrifice » : le moment de son « départ » est arrivé, il va recevoir la « couronne de justice » qui lui est préparée. Toutefois, à la fin du ꝟ. 8, il fait nettement allusion à la parousie. Ce jour-là, sa récompense sera complète et comme consacrée solennellement ; de plus, tous les fidèles seront associés au salut. C’est pourquoi l’Apôtre réunit dans la même phrase la perspective du salut individuel et celle du salut collectif.

Enfin, le texte Phil., iii, 21, n’enseigne-t-il pas une résurrection individuelle immédiatement après la mort ? Nous ne le croyons pas. Le passage marque seulement comment se fera, pour le juste, la transformation du corps, mais n’indique point à quelle époque elle aura lieu. Nous l’avons rapproché de I Cor., xv, 47-51 ; voir plus haut, col. 2402.

5° Les sanctions de la vie future. - — A la notion de jugement se rattache celle de sanction. « Chacun recevra selon ses œuvres, soit bien, soit mal. » II Cor., v, 10.

Les justes auront « le repos, avsaiv », II Thess., i, 7, c’est-à-dire verront la fin des souffrances, l’absence de maux : expression négative des biens messianiques. Cf. I Cor., iv, 8 ; II Cor., i, 6 sq. ; Phil., i, 30. Ils seront « avec le Seigneur pour toujours », I Thess., iv, 17 ; ils « vivront avec lui », ibid., v, 11 ; ils « habiteront auprès de lui », II Cor., v, 8 ; ils « seront avec le Christ », Phil., i, 23. Leur corps sera transformé et deviendra semblable au corps glorieux du Christ », ibid., iii, 21. Ils recevront « la couronne de justice », II Tim., iv, 8. Ils seront en contact immédiat avec les réalités qui sont maintenant objet de la foi. II Cor., v, 7 ; I Cor., xiii, 12.

L’Apôtre enseigne la résurrection des pécheurs explicitement dans Act., xxiv, 15, et implicitement dans II Cor., v, 10 ; Rom., ii, 5 sq. ; II Tim., iv, 1 ; cf. Matth., xxv, 31-46 ; Joa., v, 29. Eux aussi recevront leurs sanctions. II Cor., v, 10. Dans la I" aux Thessaloniciens, v, 3, le jugement est un jour de « ruine » ou de perdition, ÔXsOpoç, pour ceux qui « ne veillent pas », au sens moral. C’est le moment de « la colère », I Thess., v, 9 ; cf. Rom., ii, 5 : « le jour de la colère et du juste jugement de Dieu », cf. I Thess., i, 10.

La description, II Thess., i, 8-10, n’est pas seulement celle d’un jugement ou châtiment d’ordre historique, elle a une portée esrhatologique. « En ce jour » Dieu « rendra l’affliction » à ceux qui affligent les chrétiens. Il Thess., i, 7. Jésus apparaîtra du ciel « au milieu d’une flamme de feu », cf. Exod., iii, 2 ; xix, 18 ;

Is., lxvi, 15-16 ; Ps. l, 3 ; Dan., vii, 9 ; Apoc, ix, 11, « pour châtier ceux qui ne connaissent pas Dieu et n’obéissent pas à l’Évangile ». II Thess., i, 9. Ici, la flamme appartient à la théophanie. Mais, si l’on suit la leçon de B, èv cpXoyi rcupôç 8186vtoç èxSûcqaiv…, le feu est présenté comme un feu vengeur au service de Dieu pour punir les impies. Cette explication est rendue probable non seulement par la variante indiquée ci-dessus, mais parl’usage de l’Ancien Testament, où le feu est donné comme instrument de châtiment au service de Dieu ; cf. Is., lxvi, 15-16 ; xxix, 6 ; Deut., xxxii, 22.

Les pécheurs subiront, en outre, « la peine d’une perdition éternelle, ôXeOpov aicoviov, loin de la face du Seigneur et de l’éclat de sa puissance ». Cet éloignement définitif contraste avec la récompense des justes : « être avec le Christ ». C’est une perte irrémédiable, II Thess., i, " 9. Cf. Phil., ni, 19 : « la fin des pécheurs, c’est la perdition, àrcwXsia » ; ils ont manqué, une fois pour toutes, le but qu’ils auraient dû atteindre.

Toutefois, la destinée des méchants occupe relativement peu de place dans la pensée de saint Paul. Il n’en parle qu’incidemment, comme d’un malheur qu’il faut éviter à tout prix. Tandis qu’il insiste pour que les fidèles dirigent leur espérance et leurs efforts vers la résurrection glorieuse.

Une fois le salut réalisé, Dieu régnera d’une façon parfaite. Il sera « tout en tous », I Cor., xv, 28, et « tout » sera « réuni dans le Christ », Col., i, 16, 17 ; Eph., i, 10. Les élus feront ainsi partie de ce monde nouveau ou de cet ensemble merveilleux dont le Christ sera l’âme et le chef.

Catholiques.

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