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ORDRE. DEVELOPPEMENT DU RITE

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q. xciii, 2j P. /… t. xxxv, col. 2287. Gratiam dari… per prophetiam et manuum impositionem… manus vero impositiones verba sunt mystica quibus ad hoc opus confirmatur electus accipiens aactoritatem, teste conscientia sua, ut audeat vice Domini sacrifîcium Léo ofjerre. In 1 77m., iv, 14. P. L., t. xvii, col. 475 ; cf. Lucifer de Cagliari, loc. cit. Au moment de la controverse antiprotestante, les auteurs catholiques, notamment Bellarmin, s’empareront de ces autorités et de quelques autres pour établir la thèse du sacerdoce, sacrement de la Nouvelle Loi. Cf. Bellarmin, De ordine, t. I, c. ni.

II. DÉVELOPPEMENT DU RI TE PRIMITIF. NOUS le

suivrons d’abord dans les Églises orientales, puis dans l'Église latine.

Dans les Églises orientales.

Dans les Églises

orientales, le développement de la liturgie du sacrement de l’ordre ne modifie pas essentiellement les rites essentiels que nous avons trouvés dans les anciens documents.

Les Constitutions apostoliques nous représentent ce qu'était au iv° siècle, dans l'Église orientale, surtout syrienne, la cérémonie de l’ordination. Vers le début du vie siècle, le Pseudo-Denys l’Aréopagite donne une nouvelle description, fort sommaire, du rite d’ordination pour les trois ordres supérieurs, De ecclesiastica hierarchia, c. v, n. 2, 3, P. G., t. iii, col. 509. Cette description, qui n’indique que les rites, sans donner le texte des prières, concorde sensiblement avec celle des Constitutions apostoliques. Dans chaque ordination, les ordinands se prosternent devant l’autel et reçoivent l’imposition de la main de l'évêque, pendant que celui-ci prononce les épiclèses qui les consacrent. A tous, le consécrateur imprime le signe de la croix, ir, aTaupo£.iS/ ; ç trcppaylc, puis il les proclame promus à tel ou tel ordre, 7) àvâpp7]<71.ç, et enfin il leur donne le saint baiser, TsXsiwTixàç àaKOLGxôç qu’ils reçoivent aussi des ecclésiastiques présents. A l'évêque ordinand, on place sur la tête, pendant que l'évêque consécrateur impose la main, le livre des évangiles ; le futur diacre, en se prosternant, ne fléchit qu’un seul genou, alors que l’ordinand-prêtre ou évêque fléchit les deux genoux ; cf. Rouet de Journel, Enchir. palrist., n. 2287. Il semble impossible, d’ailleurs, de tirer du Pseudo-Denys une doctrine ferme et précise. Voir J. M. Hanssens, La forme dans les ordinations de rite grec, dans Gregorianum, 1925, p. 65 sq. Il vaut mieux se reporter aux Scholies de saint Maxime de Constantinople, et au De sacris ordinationibus de Syméon de Thessalonique, P. G., t. clv. Hanssens, id., p. 69, 73.

Sans vouloir descendre dans tous les détails des liturgies orientales, il sera suffisant d’indiquer ici les rites principaux des Églises orientales : grecque, arménienne, syriaque, copte. On en trouve une description assez confuse et imparfaite par Renaudot, dans Perpétuité de la foi, édit. Migne, t. iii, col. 943-966.

1. Église grecque.

En suivant le texte du plus ancien manuscrit de l’eucologe grec (ixe siècle, biblioth. Barberini), J. Morin a publié les rites de l’ordination de l'Église grecque, dans son Commentarius de sacris Ecclesiæ ordinationibus, Paris, 1655, part. II, p. 17 sq.

a) Ordination (XetpoTOvîa) de l'évêque. — Le consécrateur lit une formule : Que la divine grâce, etc., en tenant la main sur le haut de la tête. On dit trois fois Kyrie eleison. Il impose sur la tête et le cou du consacré le saint évangile. Il marque trois fois du signe de la croix la tête de l’ordinand ; lui impose de nouveau la main en récitant l’oraison, Seigneur Dieu et Maître. Suivent différentes invocations. Nouvelle imposition des mains avec l’oraison, Seigneur Dieu, etc. Au nouveau consacré on impose le pallium et on lui donne le baiser.

b) Ordination (}(£i, poTOvîa) du prêtre. — Les dons sacrés étant replacés sur l’autel, l'évêque qui confère les ordres lit, après l’hymne angélique, la formule : Que la divine et céleste grâce ('H 6eia ^âpiç). L’ordinand se présente ensuite ; l'évêque trace sur lui trois fois le signe de la croix et lui impose les mains avec la prière, Dieu, qui n’avez ni commencement ni fin… ('0 6soç àvocpxoç)- Suivent les invocations, puis nouvelle imposition des mains, avec l’oraison, Dieu, qui êtes puissant… ('0 9sôç ô (jtiyotç). L’ordinand est revêtu de Vorarium (étole), du phelonium (chasuble) ; l'évêque lui donne le baiser et enfin, avant la sainte communion, le pontife remet un pain consacré entre les mains du nouveau prêtre qui incline sur lui sa tête et se penche ainsi sur l’autel jusqu'à ce qu’on chante le Sancta sanctis.

c) Ordination (^(.poTovta) du diacre. — Après l’oblation, l’ordinand se présente et l'évêque récite la formule Divina gratia. L’ordinand fléchit le genou ; l'évêque lui marque la tête d’un triple signe de croix, lui impose la main en récitant l’oraison : Seigneur, notre Dieu, etc. Suivent quelques invocations. Nouvelle imposition de la main avec l’oraison, Dieu, notre Sauveur. L’ordinand est revêtu de Vorarium, et, après le baiser, on lui donne le flabellum (chassemouches). Après avoir participé à la communion au corps et au sang du Christ, il reçoit du pontife un calice et il distribue le précieux sang à ceux qui se présentent.

On retrouve les mêmes cérémonies d’ordination dans le codex de l’eucologe grec de l’abbaye de GrottaFerrata (xe siècle), cité par Morin, p. 60 ; dans deux codex de la bibliothèque vaticane, vraisemblablement du xiie siècle, Morin, p. 78 ; dans un codex de la bibliothèque royale (xive siècle), Morin, p. 67 ; dans un antique codex de la bibliothèque des clercs réguliers de Saint-André délia Valle, à Rome, Morin, p. 74 ; dans un codex que Morin attribue à Allatius et a publié, p. 85. On trouvera également les mêmes rites dans Martène, De antiquis Ecclesiæ rilibus, Rouen, 1700, t. I, c. viii, art. 11, ord. 19.

Les mêmes cérémonies, avec des différences insignifiantes, se retrouvent dans l’eucologe publié par Goar, Euchologion sive rituale Grœcorum, Paris, 1647, lequel concorde totalement avec les textes publiés par Isaac Habert dans son Archieratikon, Liber pontificalis Ecclesiæ græcæ, Paris, 1643. Quelques modifications de peu d’importance sont à relever dans la remise du pain consacré au nouveau prêtre après la communion : l'évêque prononce une formule et le prêtre, après avoir baisé la main de l'évêque, tient la main, avec le pain consacré, sur l’autel jusqu'à ce qu’il remette ce pain à l'évêque au chant du Sancta Sanctis.

L’eucologe grec approuvé par la S. C. de la Propagande et imposé aux Grecs unis par Benoît XIV (Constitution Ex quo primum, 1 er mars 1756), encore en usage aujourd’hui, n’apporte aucune modification à ce qui précède.

2. Église arménienne.

Sources : Clément Galano,

(cf. ici, t. vi, col. 1023), dans son ouvrage Conciliationis Ecclesiæ armenæ cum romana ex ipsis armenorum patrum et doctorum testimoniis…, pars prima, Rome, 1650 ; pars altéra, 2 vol., Rome, 1658 et 1661 ; Giovanni de Serpos, Compendio storico di memorie cronologiche, 3 vol., Venise, 1786 ; Denzinger, Ritus orientalium, coptorum, syrorum et armenorum in administrandis sacramentis, 2 vol., Wurzbourg, 1863, 1864, t. ii, p. 274 sq. Nous compléterons simplement ce qui a été dit au t. i, col. 1957.

Le rite arménien, tel qu’il est actuellement pratiqué, est un véritable florilège des cérémonies orientales et occidentales ; il a beaucoup emprunté au rite ro-