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PATRIARCATS. ORGANISATION DEFINITIVE


century, dans Constructive Quarterly, décembre 1916, p. 645-673 ; Pargoire, art. Apocrisiaires, dans JJict. d’arch. chrétienne, t. I, col. 2542 sq. Juslinien dans la Novelles 6, c. 3, du 16 mars 535, défend aux évêques qui viendraient à Constantinople, de s’adresser directement à l’empereur, mais ils doivent passer ou par le patriarche de Constantinople, ou par l’apocrisiaire de leur patriarcat respectif ; cf. Pargoire, loc. cil. Sur les pouvoirs et privilèges des apocrisiaires, on trouvera dans ce même article, col. 2547-2549, plusieurs précisions.

Nous terminerons ce chapitre en signalant la conception patriarcale des canons arabes, attribués au concile de Nicée, mais qu’il faut reporter à une époque postérieure. On trouvera ces canons dans Mansi, t. ii, col. 993 sq. L’évêque de Jérusalem n’a pas le titre de patriarche, c. 37. Constantinople d’abord n’est pas mentionnée, et sa place est prise par Éphèse ; sur cette substitution, cf. Duchesne, L’Église au VIe siècle, p. 264, note 1 ; Thomassin, op. cit., part. I, t. I, c. vii, n. 6. Cependant, un autre canon corrige : Transjeratur patriarchatus Ephesi ad Urbem regiam ut honor sit reyno et sacerdotio simul. Quant aux droits patriarcaux, ils sont mentionnés dans plusieurs canons, et d’une manière assez intéressante ; canons 44, 46, 49. Nous ne faisons que le signaler.

II. Les grands sièges patriarcaux de Justinien a 1453. — 1° Évolution historique. — Li division de l’Église en cinq patriarcats, organisation somme toute assez simple, ne s’est pas maintenue longtemps dans sa pureté primitive ; diverses causes l’ont vite altérée. Nous étudierons les vicissitudes par lesquelles sont passés les sièges patriarcaux d’Orient, en synthétisant ici brièvement ce qui a été dit aux articles : Alexandrie (Église d’), t. i, col. 786-798 ; Antioche, t. I, col. 1399-1433 ; Constantinople (Église de), t. iii, col. 1374-1402 ; Maronite (Église), t. x, col. 27-50 ; Monophysite (Église copte), t. x, col. 2251-2258. Nous renvoyons à ces articles pour toutes les données historiques.

L’hérésie a été la première à saper l’organisation patriarcale ; le siège d’Antioche eut le plus à en soulTrir. Les luttes qui suivirent le concile de Chalcédoine aboutirent à une sorte de dédoublement du titred’Antioche. Dès après le concile, se succédèrent sur ce siège, des prélats tantôt attachés, tantôt opposés à la foi chalcédanienne. Parmi les opposants, un des plus remarquables fut l’évêque Sévère. Installé patriarche le 6 novembre 512, b mni le 20 septembre 518, ses partisans lui restaient fidèles et le reconnaissaient toujours pour le vrai patriarche. A sa mort, ils lui donnaient un successeur d ms la personne de Serge de Telia (538-540). Ce dernier ne vécut que peu de temps et les monophysites seraient probablement restés sans évoque ni patriarche, si, par lafaveur de l’impératrice Théodora, Jacques Bar Addai n’avait point reçu en cachette la consécration épiscopale. Jacques, une fois évêque, établit une hiérarchie hérétique à côté de la hiérarchie catholique et, en 543-514, il imposa les mains à Paul de Beit Oukamin, qui devenait ainsi patriarche syrien monophysite d’Antioche. Le siège d’Antioche avait dès lors deux titulaires : l’un, catholique, reçut bientôt avec ses fidèles le nom de melkite parce qu’attaché à la foi de Byzancc ; l’autre fut le chef de l’Église monophysite jacobile, dénommée ainsi du nom de son vrai fondateur, Jacques Bar Addai.

Ce n’était point assez des deux titulaires, il en vint bientôt un troisième. Au vin » siècle, alors que, à cause des invasions arabes, l’Église melkite d’Antioche était veuve de son chef, les maronites résolurent de se donner un patriarche. Cette innovation, d’aprèsl’article Maronite (Église), t. x, col. 27-28, remonterait même aux dernières années du vu » siècle. Quoi qu’il en soit, le

nouveau venu prit lui aussi le titre d’Antioche et, quand se renoua la série des patriarches melkites, l’on eut trois patriarches du même titre. Mais, de par l’origine même du patriarcat syrien jacobite et du patriarcat maronite, il apparaît nettement que ni l’un, ni l’autre ne continuent ce que j’appellerais l’ancienne tradition patriarcale d’Antioche. Le vrai successeur des Eustathe, des Mélèce, des Flavien, ne se trouve point dans les Églises jacobite ou maronite, mais d ms l’Église restée en communion de foi avec Byzance, l’Église melkite. Cf. L. Duchesne, Origines du culte chrétien, Ve édit., Paris, 1889, p. 65 en note ; Karalevskij, art. Antioche du Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, col. 626.

Alexandrie subit des vicissitudes semblables à celles par où passa Antioche. Après diverses péripéties que l’on trouvera exposées aux articles Alexandrie et Monophysite (Église), deux titulaires se partagèrent la succession de saint Marc, l’un monophysite, le patriarche copte, l’autre attaché à la foi de Chalcédoine et à Byzance, le patriarche melkite, dont les fidèles n’étaient plus qu’une minorité. Ici encore la légitime succession de saint Athanase et de saint Cyrille, ce n’est point l’élément copte, mais l’élément melkite qui la représente.

Les luttes monophysites n’épargnèrent ni Constantinople, ni Jérusalem ; mais elles n’aboutirent cependant pas à un dédoublement de ces patriarcats. Les deux sièges n’eurent chacun qu’un titulaire « melkite au sens historique du mot, c’est-à-dire attaché à la foi de Byzance.

Le schisme de Cérulaire n’atteignit pas immédiatement les patriarcats melkites de Jérusalem, d’Antioche et d’Alexandrie ; mais quand, plus tard, la séparation d’avec Borne sera devenue générale, on aura en germe une nouvelle cause de multiplication des patriarcats. Car, quand, à Antioche et en Syrie, par exemple, des éléments melkites se feront catholiques, il faudra leur donner évidemment un patriarche melkite catholique, et le patriarcat melkite sera, comme il l’est de nos jours, partagé par un titulaire schismatique et par un titulaire catholique.

Enfin un autre événement est venu encore compliquer la situation. Les croisés, quand ils eurent occupé Antioche, Jérusalem et Constantinople, installèrent d ms ces villes des patriarches latins. Antioche eut son premier titulaire vers 1100 ; dès l’année 1270, il cessait de résider effectivement et le patriarcat latin d’Antioche devenait — ce qu’il est encore de nos jours — purement titulaire. Jérusalem fut dotée, en l’an 1099, de son patriarcal latin ; dès 1291, la résidence n’était plus effective, elle ne le redeviendra que le 22 juillet 1847, par le rétablissement du patriarcat latin. Bulle de Pie IX, Nulla celebrior, dans Jus pontificium de prop. fld., t. vi a, édit. de Martinis, Borne, 1894, p. 40-45. Alexandrie, Constantinople, eurent aussi leur patriarcat latin qui subit des vicissitudes analogues. Les croisés en sont arrivés à cette mesure, parce qu’ils n’entendaient nullement se soumettre à un patriarche oriental, même catholique. En outre, non seulement ils se donnèrent une hiérarchie latine, mais ils voulurent y subordonner la hiérarchie orientale, ne lui plus laisser qu’un rang inférieur, en vertu du principe que, dans un lieu donné, il ne pouvait y avoir qu’une hiérarchie, au moins principale et indépendante ; cf. Karalevskij, Histoire des patriarcats melkites, Rome, 1911, p. 424-429.

Il est évident que le patriarcat latin ne continuait point, lui non plus, l’antique tradition patriarcale. Mais les patriarches « melkites de Constantinople, Jérusalem, Antioche, Alexandrie, chassés parfois de leurs sièges, voyant leur titre partagé par d’autres, avaient beau être les légitimes successeurs des patriarches