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PATARINS

PATERNIENS

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Cette crise allait orienter la Palaria dans une nouvelle direction. Après avoir lutté contre le nicolaïsme, puis contre la simonie, elle allait maintenant s’opposer à l’investiture laïque. La démission de Guy posait, en eilct, la question de la nomination de son successeur. Le roi de Germaine, qui, de temps immémorial, nommait et investissait les archevêques de Milan, n’entendait pas renoncer à son droit. Le sous-diacre Gotfried, désigné d ailleurs par Guy, reçoit l’investiture du jeune roi Henri IV. Rome veut au contraire que le nouvel archevêque soit élu canoniquement. Erlembald, qui la représente à Milan, fait si bien que la ville se soulève contre l’élu du roi, et se refuse à le laisser prendre possession. Quand l’archevêque Guy meurt, le 23 août 1071, ou ne veut pas davantage accepter Gotfried, et l’on essaie de procéder à l’élection du successeur de Guy. Malneureusement, la division est au comble dans la ville, où les procédés de la Palaria sont loin de rallier tous lt ; s sulïrages. Le jour de l’Epiphanie, 1072, les membres de la Palaria élisent le clerc Atton ; mais leurs adversaires surviennent, maltraitent le nouvel élu et le contraignent à renoncer, sous la foi du serment, à la dignité qui vient de lui être conférée. Là-dessus, intervention d’Alexandre II, qui excommunie Gotfried, et somme Henri IV de reconnaître Atton. Cf. Jafîé, Regesta, n. 4701. C’est en somme le début de la querelle des investitures, car le jeune roi. passant outre aux injonctions romaines, fait consacrer Gotfried par les éveques de Lombardie. Mais Erlembald mène la vie dure à la créature du roi ; Gotfried ne peut pénétrer dans Milan et Alexandre II, au synode du carême de 1073, excommunie les conseillers du roi. Jalïé, Regesta, post n. 4765. L’accession de Grégoire VII au trône pontifical (22 avril 1073) n’était pas faite pour décourager Erlembald et la Palaria. On sait toutefois qu’au déout de son règne Grégoire essaya de résoudre paciliquement la question de Milan. Voir sa lettre à Erlembald du 9 octobre 1073. Jalïé, n. 4797. Erlembald ne paraît pas avoir secondé ces vues. Quoi qu’il en soit, sa domination à Milan devenait avec le temps insupportable. Une contre-ligue se forma ; vers Pâques 1075, dans une échaullourée entre patarins et antipatarins, Erlembald fut tué. Ce fut la fin de la Palaria, quels qu’aient été les encouragements donnés par Grégoire VII à divers personnages qui s’efforçaient de maintenir à Milan un parti fidèle à l’Église romaine. Voir les lettres, Jalïé, n. 4989 (an. 1076) ; 5007 (31 octobre 1076). Des résultats positifs avaient d’ailleurs été obtenus. Si, dès le début de la querelle du sacerdoce et de leinpire, on voit Milan, la puissante cité lombarde, passer du côté du pape, c’est aux elïorts de la Palaria, qu’il faut l’attribuer. Quelque violents qu’aient été les moyens employés par ce groupement, ils avaient été mis au service de la réforme de l’Église.

Sources.

Pierre Damien, Opusculum, t. v, P. L.,

t. cxlv, col. 80-98 ; Bonizo de Sut i i, Liber ad amicum, I. VI et VII, P. L., t. cl, col. 82I-S45 ; Arnulf, Gesla archiepiscoporum Mediolanensium, du I. III, n. 10, à la Pin, P. L., t. cxi. vii, col. 309-332, bien qu’hostile a Ariahl, l’auteur, contemporain des événements, s’efforce de rester impartial ; Landulle le Vieux, Hisloria Mediolanensis, du t. III, n. 5, à la tin, ibid., col. 907-951, adversaire passionné d’Ariald, il manque de la plus élémentaire impartialité ; André de Vallomureuse, Saneli Ariatdi vita, P. L., t. CXI.HI, col. 14371-182 (reproduit Acta sanrlorurn, juin t. v, 1709, p. 281-302), disciple et admirateur enthousiaste d’Ariald ; J. P. Puricelli, au xviie siècle, a réuni tous les textes anciens relatifs à lirlembald, et a tenté une reconstitution de sa vie dans pe SS. inarluribus Arialdo Alciato et Herlembaldu Colla, A/adiclunensibus, neriliti ar luci reslitutis libri 1 V, Milan, 1657, t. IV, p. 100-497, on trouvera les passages principaux dans Act, t sanct., ibid., p. 303-315 ( = P. L., ibtd., co. 1485-1501) ; le même Puricelli donne, op. cit., p. 132-157, une Passio B. Arialdi marlgris, qu’il attribue (faussement) à Landulte de Saint-Paul (auteur d’une llistoria Mediolanensis de 1095

à 1137) ; ce texte anonyme serait, à l’estimation de Pellegrini de la fin du xiie ou du commencement du xme siècle. Pellegrini a d’ailleurs fourni quelques corrections intéressantes, Fonde memorie siuriclie de S. Arialdo, dans Archivio slorico lombardo, sér. III, t. iv (1900), p. 209-236.

Trauaux.

Les histoires générales d’Allemagne, d’Italie,

les histoires de la querelle du sacerdoce et de l’empire ; la plus récente est celle de Hauck, Kirchengeschiclile Ueulxchlands, 3 -4e édit., t. iii, p. 091-697, 748-750 ; et, du point de vue catholique, A. Ffiche, La réforme grégorienne, 2 vol., 1944 et 1923, voir les tables alphabétiques aux mots Ariald, Erlernbaud, Patares, etc.

Il y a quelques monographies : H. Pæcli, Die Palaria in Mailand, Sondershausen, 1872 ; A. Kruger, Die Palaria in Mailand, deux programmes du gymnase de Breslau, 1873 et 1874 ; G. Pellegrini, / sanli Arialdo ed Erlembaldo, sloria di Milano nella 2 a nielà del sec. XL, Milan, 1897 ; voir aussi G. Mirbt, art. Palaria, dans Prol. Reulency dopàdie, t. xiv, 1901, p. 76t-76t ; R. Aigrain, art. Ariald (Saint) du Dicl. d’Iiist. et de géographie ecclés., t. iv, col. t)9.

Palarins-calhares.

Indications sur l’origine du

mot dans Du Gange, Glossarium inedua et infirme lalinilatis, éd. Favre, t. vi, 1886, aux mots Patarea, Palaria, Paterlnus ; pour le reste voir Albigeois et Cathares.

É. Amann.
    1. PATERNIENS##


PATERNIENS, secte hérétique de l’antiquité.

— Saint Augustin dans son De hæresibus, composé vers 428-429, signale parmi les hérésies de son époque des’paterniens » : Paterniani inferiores parles hurnani corporis non a Deo sed a diabolo fadas opinantur, el omnium ex illis partibus flagitiorum licentiam tribuenles impurissime oiuunt. Hos eliam Venustianos quidam vocant. De hær., 85, P. L., t. xlii, col. 46. Cette notice vient en droite ligne de Julien d’Éclane, qui, faisant le procès des idées d’Augustin sur la concupiscence sexuelle, les lui avait reprochées comme infectées de manichéisme. Ce texte de Julien, antérieur à 421, est conservé par Augustin lui-même, Conl. Julianum pelagianum, V, vii, 26 : Sed Paterniani, disait Julien, iidemque Venustiani hæretici, similes manich’Eis, dicunt a lumbis usque ad pedes diabolum fecisse corpus hominis, superiores vero parles Deum. velul supra basem aliquam collocasse ; addunlque nihil ab hominis sludio requiri quam ut anima quam in slomaclio et capile habilare dicunt, munda servetur ; pubem vero si omnium flagitiorum sordibus oblinatur, aiunt ad suam non pertinere curam. P. L., t. xliv, col. 800. Il va sans dire qu’Augustin n’a pas de peine à dissiper la confusion que Julien cherche à créer. Quant à savoir d’où Julien tenait son renseignement sur les sectaires en question, c’est une autre alïaire. L’ex-évêque d’Éclane’assimile ceux-ci aux manichéens ; c’est très vraisemblable ; c’est au fond la même idée des « deux âmes » qui se retrouve chez les uns et les autres. Le nom de paterniens sera venu de quelque propagandiste, celui de vénusliens s’explique de lui-même. Si saint Augustin avait dépouillé au comp et le Panarion d’Épiphane, il aurait remarqué que celui-ci prêtait aux « sévériens une doctrine analogue. D’après eux, « de l’homme la moitié supérieure, à partir du nombril, est de Dieu, la moitié inférieure du diable. Heeres., xlv, 2, P. G., t. xli, col. 833. Ils tiraient, il est vrai, de cette idée une conclusion tout opposée à celle des paterniens, car c’étaient des encratites, qui regardaient < l’œuvre de chair » comme une œuvre de Satan. Épiphane les rapproche des disciples de Tatien. — La notice d’Augustin est passée dans le Prædestinatus, qui l’a transcrite intégralement, en y ajoutant que le pape Damase (366-384), ayant découvert à Rome de ces vénustiens, en avait avisé l’empereur Valentinien I er († 375), et que celui-ci aurait porté contre ces sectaires impurs, in scelere lurpissimo delectos, une loi spéciale, ut ubicunque essent reperli. vindice gladio agerentur. Precd., hær., 85, P. L., t. lui, col. 616. Il ne s’est pas conservé de traces de cette loi spéciale (/ex spe[ cialis egressa est) qui, sans doute, ne doit l’existence