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ORDRE. LES DEGRÉS INFERIEURS


conférés par l’imposition de la main de l'évêque, /stpoTOvia ou ^eipoOscfia, et les dignités ou fonctions ecclésiastiques conférées aux clercs déjà constitués dans les ordres, soit par une simple nomination, soit même par un rite auquel parfois l’imposition des mains est jointe, mais sans collation d’ordre proprement dit, simples npoyeipéasiç. Il faut donc s’en tenir à la conclusion de J. Morin : en Orient la hiérarchie est à cinq degrés, ne comptant en dessous du diaconat que le sou^diaconat et le lectorat. De sacris Ecclesim ordinationibus, Paris, 1655, part. II, exercit. xiv, c. ii, p. 192-194.

1. Les sous-diacres.

Les sous-diacres sont mentionnés dans plusieurs lettres de saint Cyprien, notamment viii, 1 ; ix, 1 ; xxix ; xxxiv, 4, édit. Hartel. A Rome, nous avons vu par la Tradition apostolique et la lettre de Corneille qu’ils existaient dès le m c siècle ; mais leur institution peut être antérieure. La Didascalie, ix, 34, 3 nous apprend qu’ailleurs on en créait le nombre nécessaire au service de l'Église. Mgr Duchesne explique ainsi l’origine des sous-diacres de l'Église romaine : « Fabien, le prédécesseur de Cornélius, avait constitué les sept régions ecclésiastiques et les avait réparties entre les sept diacres… Il faut noter, du reste, que le nombre des régions, non seulement est égal, dès l’origine, à celui des diacres et des sous-diacres, mais qu’il a évidemment influé sur celui des acolytes. Quarante-deux acolytes, cela fait six par région. Ajoutez le sous-diacre, vous avez, dans chaque région, sept clercs inférieurs au diacre, les six acolytes et le sous-diacre, qui est comme l’acolyte en chef. Il y a donc lieu de considérer les fonctions de sous-diacre et d’acolyte comme un développement de celles de diacre. Du reste, ces trois catégories de clercs ont ceci de commun qu’elles sont attachées au service de l’autel, ce qui n’est pas le cas pour les clercs inférieurs. » Origines du culte chrétien, p. 332. Sur cette dernière remarque, voir le diacre Jean. Epist. ad Senarium, 10. P. L., t. i.ix. col. 405.

On trouve mention des sous-diacres en Espagne, au concile d’Elvire (303), can. 30 ; et. plus tard, au I" concile de Tolède, can. 2, 3, 5, 20. En Orient, ils sont nommés dans les Canons des Apôtres, can. 43 (42), au concile d’Antioche (341), can. 10 ; au concile quinisexte, can. 4, 6, 13, 15. Voir F. Lauchert, Die Kanones der wichtigsten altkirchlichen Concilien, Fribourg-en-B., 1896. Les Constitutions apostoliques déclarent que le sous-diacre est le ministre des diacres, Û7r/)p£T0ti yâç> eîaiv Staxôvwv, VIII, xxviii, 8. Cette expression, qu’on trouve également dans saint Basile. Epist., liv, P. G., t. xxxii, col. 400, indique qu’il est question d’eux dans le concile de Laodicée, can. 21, 22, 24, 25.

L’office des sous-diacres variait selon les besoins des Églises qui les avaient instituées. Les textes anciens montrent que leur principale attribution était d’aider les diacres au ministère de l’autel ; ils prenaient les oblations des mains de ceux qui les offraient, les posaient sur l’autel, veillaient sur les tombeaux des martyrs, prenaient soin du luminaire et des préparatifs nécessaires aux offices, se tenaient avec les diacres à la porte de l'église pendant la communion pour empêcher les entrées et les sorties, étaient employés comme messagers dans les temps de persécution. Ces offices inférieurs montrent que le sousdiaconat ne fut primitivement pas compté parmi les ordres majeurs. Sur tous ces points et sur l'évolution du sous-diaconat, voir Sous-diacres.

2. Acolytes.

Voir ce mot, t. i, col. 312 sq. Il faut observer, comme on l’a dit, que l’Orient ignora cet ordre, en tant qu’ordre. L’origine de l’acolytat est vraisemblablement romaine. Pourtant la Tradition

apostolique l’ignore encore. Avant Nicée, on ne signale guère l’acolytat qu'à Rome et à Carthage. La lettre du pape Corneille, le Liber pontificalis, édit. Duchesne, t. i, p. 161, les lettres de saint Cyprien, cf. Epist, t lxxvii, 3, Hartel, p. 835, assignent aux acolytes Une place après les sous-diacres.

A partir de l'édit de Constantin, les témoignages relatifs aux acolytes se multiplient et deviennent plus clairs. Voir Acolyte, dans le Dictionnaire d’archéologie, t. i, col. 350. Les acolytes orientaux ne doivent pas être considérés comme appartenant à un ordre ecclésiastique : on ne trouve pas trace de rite d’ordination, sauf chez les Arméniens. H. Denzinger, Ritus orienlalium… Wurzbourg, 1863, t. ii, p. 282.

Sur leurs fonctions, on consultera les deux articles ci-dessus signalés, et Tixeront, L’ordre et les ordinations, Paris, 1925, p. 92-93. On notera seulement que la fonction de porter l’eucharistie dans un sac de lin semble confirmée par un texte de Jean diacre (vie siècle), où il est question des sacramentorum portanda vasa, Epist. ad Senarium, 10, P. L., t. lix, col. 405. Et cette fonction les distingue des exorcistes : Hoc ordine difjerunt quod exorcistis porlandi sacramentel eaque sacerdotibus ministrandi negata potestas est. Id., ibid. En ce qui concerne la fonction d’accompagner l'évêque en portant l’huile du saintchrême, on notera également un texte romain nouvellement exhumé par M. Andrieu, Revue des Sciences religieuses, 1925, p. 242. Nunquam absque chrismate pergere. ut ubicumque ad pontificem se junxerit et ipse aliquam confirmationem facerc voluerit, semper paratus sit ad ministerium suum implendum. L’Orrfo romain d’où ce texte est extrait est vraisemblablement du viie siècle.

3. Exorcistes.

Voir ce mot, t. v, col. 1780, et, dans le Dictionnaire d’archéologie, les art. Exorcisme, Exorciste, t. v, col. 964. Voir également ici Épigra PHIE CHRÉTIENNE, t. V, COl. 322.

4. Lecteurs.

C’est l’ordre mineur sur lequel nous possédons les plus anciens témoignages. Voir Lecteur, t. ix, col. 117. — Il faut noter, au sujet du lectorat, que cet ordre, seul parmi les quatre inférieurs au sous-diaconat, est compté comme un ordre par les orientaux. Voir art. cité. col. 119-120. Constitutions apostoliques, VIII, xxii.

5. Portiers.

Chez les Grecs, les portiers étaient les officiers chargés de garder la porte du côté des hommes ; ils ne comptaient pas parmi les clercs, Const. apost., II, lvii, 10. En Occident, ils sont peu nommés. On en trouve mention dans la lettre de Corneille (voir ci-dessus), et, en Orient, sans que cependant cette fonction constitue un ordre, dans les Const. apost., II, xxvi, 3 ; xxviii, 5, les canons de Laodicée, can. 24. Le concile in Trullo laisse entendre que le portier ne fait pas partie de la hiérarchie sacrée : c’est la discipline observée généralement en Orient.

Les fonctions principales du portier étaient, comme le nom l’indique, d’ouvrir les portes de l'Église, de surveiller ceux qui entraient afin d'écarter les indignes, ce qui suppose des qualités physiques exceptionnelles. A cette fonction s’est ajoutée, après le ve siècle, la charge d’annoncer les offices par le son des cloches ; cf. De septem ordinibus Ecclesiæ, ii, P. L., t. xxx. col. 152, et Revue bénédictine, t. viii, p. 97-104 ; t. xl, p. 310. Voir Portier. Sur l’apparition progressive des ordres mineurs, consulter Fr. Wieland, Die genêt. Eniwicklung der sog. « ordines minores » in den drei ersten Jahrhunderten, Rome, 1897 (supplément à la Rômische Quartalschrift).

Dès la fin du ive siècle (10 février 385). le pape Silice, écrivant à Himérius. évêque de Tanagone, trace les règles relatives à la promotion des clercs