Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/456

Cette page n’a pas encore été corrigée
2045
2046
PAROUSIE


du jour de Dieu, xrjv Ttapouaîav vîjç toù ©eoij rjfxépaç, expression équivalente à l’avènement du jour de Jaliweh, avènement qui se confond avec la parousie glorieuse du Christ.

L’Antichrist, l’adversaire des justes, du règne de Dieu et du Messie, aura, lui aussi, sa manifestation ; par la puissance de Satan il aura sa parousie : ou (àvôu.ou) èaTW q KXpouGia. xax" èvspysiav toù aaxavâ. II Thés., il. 9. C’est le triomphe de la Bête dans l’Apocalypse, mais un triomphe suivi d’une défaite définitive.

La Vulgate rend bien les différentes acceptions du mot TTapouCTÎa, sauf une seule fois dans II Pet., i, 16, où elle a præsentia, tandis que advenlus serait mieux. Dans I Cor., xvi, 17 ; II Cor., x, 10 ; l’hil., ii, 12, elle traduit par prsesentia ; dans II Cor., vii, 6, 7 ; Phil., i, 26, par adventus. Comme les monnaies de Corinthe et de Patras, c’est encore par adventus qu’elle exprime le sens spécial de parousie, celui de visite solennelle, d’arrivée officielle et glorieuse. Mat th., xxiv, 3, 27, 37, 39 ; I Cor., xv, 23 ; I Thess., ii, 19 ; iii, 13 ; iv, 15 ; v, 23 ; II Thess., ii, 1, 8 ; Jac, v, 7-8 ; II Pet., iii, 4 ; I Joa., ii, 28 et aussi II Thess., ii, 9 ; II Pet., iii, 12.

Peut-être lors de la parousie d’un Ptolémée ou d’un diadoque aimait-on offrir une couronne, comme dans le casrapportépar le papyrus de Flinders Pétrie que nous avons cité plus haut. Si cet usage a existé, il a pu amener saint Paul à associer l’idée de la couronne et celle de la parousie : quelle est, en effet, notre espérance, notre joie, notre couronne de gloire ? N’est-ce pas vous, devant Notre-Seigneur Jésus, dans (le four de) sa parousie ? I Thess., ii, 19.

Le sens spécial du mot parousie a fini par prévaloir, si bien qu’aujourd’hui quand on parle de la parousie, il s’agit toujours de l’avènement glorieux du Christ.

Il suffira de donner ici quelques indications sur les signes et le temps de cette parousie.

IL Les signes de la parousie. — Dans le discours sur la ruine du temple et la tin du monde présent, Notre-Seigneur décrit sa parousie en termes apocalyptiques : Matth., xxiv, 21-30 : « Car il y aura alors une grande détresse, comme il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant, et comme il n’y en aura plus ; et si ces jours ne devaient être raccourcis, aucune personne vivante ne pourrait être sauvée ; mais, à cause des élus, ces jours seront raccourcis. Alors si quelqu’un vous dit : « Voyez, le Christ est ici » ou : « C’est ici », ne le croyez pas ; car il surgira de faux Christs et de faux prophètes, et ils fourniront de grands signes et des prodiges, de façon à induire en erreur, s’il était possible, même les élus. Voyez, je vous ai dit d’avance. Si donc ils vous disent : « Voici qu’il est au désert », ne sortez pas. « Voici qu’il est dans les celliers », ne le croyez pas ; car ainsi que l’éclair sort de l’Orient et brille jusqu’au couchant, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme. Où est le cadavre là se rassembleront les vautours. Mais, aussitôt après la détresse de ces temps, le soleil sera obscurci, et la lune ne donnera pas sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. Et alors apparaîtra le signe du Fils de l’homme dans le ciel, et alors toutes les tribus de la terre se lamenteront, et ils verront le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec grande puissance et gloire. » Trad. Lagrange, L’Évangile selon saint Matthieu, p. 463 sq. Cf. Marc, xiii, 19-26 ; Luc, xxi, 25-27 ; Luc ne parle pas de la chute des étoiles, mais seulement de signes dans les astres, soleil, lune, étoiles.

Saint Paul insiste en termes très obscurs sur le signe de l’Antichrist, qu’il appelle « l’homme du péché, le fils de la perdition, l’adversaire, l’impie ». II Thess., n, 3-12. Nous n’avons pas à expliquer ici la notion d’Antichrist ; il suffit de rappeler que l’Apocalypse

l’entend dans le sens d’une puissance politique et philosophique adverse, et la Prima Johannis dans le sens d’hérétiques. I Joa., ii, 18, 22.

L’obscurcissement et la chute des astres sont dans l’Ancien Testament des images qui désignent une puissante intervention de Dieu. Lors de la ruine de Babylone, les étoiles et les constellations ne font pas briller leur lumière, le soleil s’obscurcit, la lune ne donne plus sa clarté, 1s., xiii, tO ; au début du jugement exercé contre Édom, les étoiles tombent comme les feuilles de la vigne et du figuier, Is., xxxiv, 4 ; dans Ézéchiel, le ciel prend le deuil lors de la défaite de l’Egypte, les astres s’obscurcissent. Ez., xxxii, 7-8. On trouve des images analogues dans Amos, viii, 9 ; Joël, ii, 2 ; Sophonie, i, 14, 15 ; Jérémie, IV, 23. Les auteurs bibliques aimaient associer la nature aux événements de l’histoire. Quand Israël sort d’Egypte, les montagnes bondissent comme des béliers et les collines comme des agneaux. Ps. cxiv, 4.

Notre-Seigneur reprend les expressions dont se servaient les prophètes pour désigner d’une manière écla tante les interventions de Dieu, soit de leur temps, soit dans l’avenir, « au jour de Jahweh ». Le bouleversement des astres demeure sans doute une image, il n’est pas un prodrome de la parousie, mais en fait partie. Le ciel s’ébranle et le Fils de l’homme vient. Comme signes avant la parousie il reste la détresse et les faux prophètes, les faux Christs. Mais ces signes sont très vagues ; on a plutôt l’impression d’un événement subit : « Car il en sera de l’avènement du Fils de l’homme comme du temps de Noé. Car, de même que, dans le temps qui précéda le déluge, on mangeait et on buvm’t, on épousait et on donnait en mariage, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche, et ils ne se doutèrent de rien jusqu’à ce que vint le déluge et il les emporta tous, ainsi en sera-t-il de l’avènement du Fils de l’homme. Alors deux se trouveront dans les champs : un est pris et un est laissé ; deux femmes moudront à la meule : une est prise et une est laissée. » Matth., xxiv, 37-41, trad. Lagrange. Suit une exhortation à veiller, il faut être prêt comme le serviteur qui attend son maître sans savoir quand il viendra. Matth., xxiv, 42-51. Marc a aussi toute une péricope sur l’incertitude du temps de la parousie, xiii, 32-37. Le discours sur la parousie dans Luc, xvii, 22-37, indique aussi un événement soudain. Alors que l’état de la Judée serait le signe de la ruine prochaine du temple et qu’on aurait le temps de fuir, Matth., xxiv, 4-20 ; Marc, xiii, 6-18 ; Luc, xxi, 8-24, la parousie arrivera à l’improviste, comme un voleur, ou comme le cataclysme du déluge.

III. Le temps de la parousie.

Pour plus de clarté, nous distinguerons ici les évangiles et les autres écrits du Nouveau Testament, épîtres, Apocalypse, où il est parlé des temps de la parousie.

Dans les évangiles.

Toute une école critique a

prétendu que Notre-Seigneur avait enseigné l’avènement prochain et presque immédiat du règne de Dieu. Jésus aurait accepté les idées eschatologiques de son temps. D’après J. Weiss, Die Predigt Jesu vom Reiche Gottes, Gœttingue, 1900, il aurait attendu un avènement subit du règne de Dieu, une intervention miraculeuse qui aurait transformé le monde et inauguré un règne de justice dont lui-même aurait été le chef. M. Albert Schweitzer pense trouver dans le messianisme cschatologique la meilleure explication de la vie du Christ : Jésus attendait la manifestation imminente du règne de Dieu dont il croyait être le Messie : il l’attendait même pour le temps de la moisson. Le fils de David deviendrait alors le Fils de l’homme annoncé par Daniel. Comme le moment approchait, Jésus envoie ses disciples en mission pour presser les gens de se convertir ; ils n’auront pas achevé de parcourir les villes d’Israël que le Fils de l’homme sera venu (cf.