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    1. PAQUES##


PAQUES. LES CONTROVERSES DU Ve SIÈCLE

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touchant la question pascale, consista en ce que les évêques des Églises du diocèse d’Orient, qui jusque-là célébraient Pâques le dimanche suivantla Pàque juive, s’engagèrent à se libérer de cette coutume et à célébrer la grande fête chrétienne le même jour que toutes les autres Églises, après l’équinoxe, comme c’était l’usage à Rome et à Alexandrie.

4. Portée de ce règlement.

Il semble bien que cet accord ne fut que verbal. En tout cas, aucun texte ne nous en a été conservé. Ce que le cardinal Pitra donne, dans le Spicileyium Solesmense, t. iv, p. 541, comme décret du concile de Nicée sur la fête de Pâques, n’est qu’une paraphrase de la circulaire de Constantin.

La contribution que le concile a apportée à la solution de la question pascale est donc très modeste, trop modeste au gré de ceux qui, dans le cours des siècles, ont voulu grossir son importance en faisant remonter au premier concile général toute une législation pascale. C’est ainsi que Petau a attribué au concile de Nicée un règlement pascal prescrivant que la fête de Pâques devait être célébrée : 1° un dimanche ; 2° toujours un autre jour que la fête juive ; 3° après la pleine lune qui suit l’équinoxe. De doctrina temporis, t. VI, c. vi ; t. V, ci. Bien que cette assertion se retrouve déjà chez Isidore de Séville, De officiis ecclesiaslicis, t. I, c. xxxii, P. L., t. lxxxiii, col, 768, et qu’elle ait été répétée par Grégoire XIII dans la bulle Inter gravis simas du 24 février 1582, qui promulguait le calendrier réformé, elle ne repose sur aucun témoignage digne de foi. Voir la bulle de Grégoire dans Clavius, Opéra mathemafica, Mayence, 1612, p. 1 sq.

En outre, si le concile de Nicée avait promulgué le règlement pascal susdit, on ne voit pas comment des controverses pascales auraient pu encore s’élever dans la suite. Or, nous verrons que l’âge d’or des controverses pascales est postérieur au concile de Nicée. Cf. Sclimid, Die Osterfestjrage au] dem erslen allgemeinen Konzil von Nizàa, Vienne, 1905, p. 111-118.

Le concile de Nicée n’a pas non plus canonisé le cycle pascal de 19 ans, tel qu’il était alors en usage à Alexandrie, bien que déjà saint Ambroise l’ait cru et que Denys le Petit l’ait répété. Voir la lettre de saint Ambroise aux évêques d’Emilie dans P.L., t.xvi, 2e édit., col. 107O sq., et la préface de Denys le Petit à sa table pascale, dans P. L., t. lxvii, col. 484 sq. En effet, si le concile avait pris cette décision, pourquoi la circulaire de Constantin, qui traite ex professo du règlement pascal conclu à Nicée, n’en dit-elle rien ? Comment expliquer que la synodique que le concile adressa à l’Église d’Alexandrie ne souffle mot de cette décision, qui devait pourtant intéresser au plus haut point les fidèles d’Alexandrie ? Enfin, si vraiment le concile de Nicée a canonisé le cycle de 19 ans, pourquoi les évêques d Alexandrie n’onl-ils jamais parlé de cette canonisation, dans les multiples divergences qu’ils eurent avec l’Église romaine par rapport à la date de Pâques, dans le courant des ive et ve siècles ?

Le Prologus paschalis, attribué à saint Cyrille d’Alexandrie, prétend que le concile de Nicée a chargé l’évêque d’Alexandrie d’annoncer, tous les ans, la date exacte de Pâques à l’Église romaine, laquelle la ferait connaître aux Églises du monde entier. Voir Prologus paschalis, c. ii, dans Krusch, Sludien zur Chronologie, p. 338. Ce prologue est un faux d’assez basse époque ; néanmoins des historiens de valeur estiment que le renseignement qu’il donne est bien fondé. Ils se basent sur une lettre du pape saint Léon à l’empereur Marcien, dans laquelle on lit : Sluduerant quidem sancti Patres occasionem hujus crroris au/erre, ornnem hanc curam (de fixer la date de Pâques) Alexandrino antistiti delegantes… per quem quotannis dies prædiciæ solemnitatis Sedi aposloticze indicaretur, cujus scriplis ad longinqniores Ecclesias indicium générale percurrcret.

P. L., t. liv, col. 1056. Ce témoignage semble bien sérieux ; mais alors comment expliquer le silence de la synodique du concile et de la circulaire de Constantin par rapport à ce point capital du règlement pascal de Nicée ?. Si le concile a déféré la fixation de la date de Pâques à l’évêque d’Alexandrie, est-il concevable qu’il n’en dise rien dans la synodique qu’il envoie aux fidèles d’Alexandrie ? Est-il concevable que la circulaire de Constantin, qui a été écrite pour faire connaître l’arrangement pascal conclu à Nicée, passe sous silence le point le plus important de cet arrangement ? C’est pourquoi l’affirmation de saint Léon nous laisse sceptique ; ce pape a très bien pu être induit en erreur sur ce point, comme ses prédécesseurs l’ont été, qui ont attribué les canons du concile de Sardique au concile de Nicée.

Sans doute, au iv D et au v c siècle, Alexandrie et Rome ont souvent négocié relativement à la fixation de la date de Pâques, mais ces négociations s’expliquent par la force même des choses, sans qu’il soit nécessaire de supposer qu’elles aient été provoquées par une décision de Nicée.

Les suites du décret de Nicée.

L’usage pascal

blâmé par le concile de Nicée ne disparut pas immédiatement. Le concile In eneseniis réuni à Antioche en 341 menaça de l’excommunication ceux qui ne se conformaient pas aux décisions de Nicée sur la fête de Pâques et qui persistaient à célébrer cette fête « avec les Juifs ». Voirie canon 1 er du concile In encœniis dans Mansi, Concil., t. ii, col. 1307.

Vers la fin du ive siècle, saint Jean Chrysostome eut encore à combattre des partisans attardés de l’ancien usage pascal du diocèse d’Orient. Voir l’homélie m Adversus Judœos de saint Jean Chrysostome dans P. G., t. xlviii, col. 861 sq. ; Schmid, op. cit., p. 79 sq. Il semble toutefois que, vers l’an 400, l’usage pascal blâmé à Nicée, avait complètement disparu.

IV. La question pascale du concile de Nicée a

LA RÉCEPTION DU CYCLE DE DENYS LE PETIT A ROME.

(325 — après 550.) — 1° Persistance au ive siècle de divergences entre Rome et Alexandrie. — En prescrivant à toutes les Églises la célébration de la fête de Pâques le même jour, avec les Romains et les Alexandrins, le concile de Nicée ne semble pas avoir remarqué la notable divergence qui existait à cette époque entre le comput pascal romain et celui d’Alexandrie.

D’abord, ainsi que nous l’avons vii, col. 1953, on se servait à Rome d’un cycle pascal de 84 ans, tandis qu’à Alexandrie, celui de 19 ans était en usage. A Alexandrie, l’équinoxe était correctement fixé au 21 mars, tandis qu’à Rome on avait l’équinoxe au 25 mars, selon l’ancien calendrier de Jules César. En outre, Rome ne croyait pas pouvoir célébrer la fêle de Pâques avant le 16e jour de la lune, voir col. 1953, tandis qu’Alexandrie admettait Pâques au 15e jour de la lune. Enfin, à Rome, les échéances pascales extrêmes étaient le 25 mars et le 21 avril, tandis qu’à Alexandrie, Pâques pouvait être célébrée du 22 mars au 25 avril. Cf. Krusch, Sludien zur Chronologie, p. 64 sq. ; Riihl, Chronologie, p. 112.

En 343, la supputatio romana vêtus fut amendée ; l’équinoxe fut fixé au 21 mars et dorénavant Pâques put être célébrée à partir du 22 mars jusqu’au 21 avril, du 16e au 22e jour de la lune. Sur cette supputatio romana amendée, voir Krusch, Sludien. p. 50 sq.

Malgré cette correction, le comput romain fut en divergence avec celui d’Alexandrie dans les années 333, 346, 349, 350, 357, 360, 387 et 417. Nous connaissons ces divergences par la comparaison du Chronographe de 354, un calendrier romain qui contient les échéances pascales romaines de312à411, avec une chronique syrienne, qui sert d’introduction à la 21 lettre festale de saint Athanase et (lui donne les échéan-