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PAPIAS — PAQUES. LES CONTROVERSES PASCALES


concernant l’âge de Jésus, Conl. hæres., II, xxii, 5 ; le paradis, V, v, 1 ; le nombre 666 de l’Apocalypse, V, xxx, 1 ; les joies paradisiaques, V, xxxvi, 1. Il pense même que c’est à Papias que saint Irénée doit tout ce qu’il sait de l’Antéchrist, Cont. hures., V, xxv-xxx et des fins dernières, id., V, xxxi-xxxvi. Cela n’est pas invraisemblable, mais il faut bien reconnaître que les subtiles analyses de Loofs sont loin d’entraîner la certitude.

Eusèbe, qui pouvait encore lire, dans leur intégrité, les cinq livres d’Exégèses, estime que Papias était un esprit fort médiocre. Cette opinion est sévère ; mais, dans la mesure trop restreinte où nous pouvons la vérifier, elle ne semble pas injustifiée. Les fragments nous révèlent un écrivain assez obscur malgré des efforts persévérants vers la clarté, un homme d’ailleurs fort attaché à l’Église, un esprit soucieux d’information, un chercheur zélé des traditions qu’il accueillait peut-être un peu au hasard et sans un contrôle suffisamment exercé.

De son enseignement théologique, autant dire que nous ne connaissons rien en dehors de sa croyance au millénarisme. Eusèbe pense que cette conception lui est venue de ce qu’il a mal compris les écrits des apôtres et n’a pas vu qu’ils se servaient de figures et s’exprimaient dans un langage symbolique. On peut croire qu’il a raison : mais il faut ajouter que, du temps de Papias, le millénarisme était assez répandu dansl’Église pour que saint Justin le regardât comme une croyance commune.

M. Loofs croit pouvoir préciser davantage l’enseignement de Papias. Si les douze derniers chapitres du Contra hæreses s’inspirent des Exégèses, il s’ensuit que leur doctrine reprend celle de Papias ; or, en deux endroits, V, xxviii, 1, et V, xxxvi, 2, où l’influence de Papias serait manifeste, il est question du Verbe, « et en un sens qui, au témoignage de l’Apocalypse et des monarchiens dynamistes, est archaïque en comparaison de la conception des apologistes ». Inutile d’insister sur ce point, car nous sommes ici en présence d’un tissu d’hypothèses dont aucune ne souffre un rigoureux contrôle. Tout au plus est-il vraisemblable que Papias s’est borné à exprimer, en termes courants, la foi traditionnelle, sans s’essayer à aucune spéculation sur ses formules.

Les fragments de Papias ont été publiés entre autres par F. X. Funk, Paires aposlolici, 2’édit., t. i, Tubingue, 1901, p. 346-375. Les morceaux cités par Eusèbe sur l’origine des Evangiles, sont soigneusement étudiés dans toutes les introductions auNouveau Testament. On peut voirenplus, parmi beaucoup d’autres, Th. Zalin. Apostel und Aposlelschùler in der Provint Asiens, dans les Fnrschnngen zur Geschichie des N. T. Kanons, t. VI, Leipzig, 1900, p. 1-224 ;.). Chapman, John the Presbyler and Ihe jonrlh Gospel, Oxford, 1911 ; W. S. Reilly, Les presbijtres asiates dans saint Irénée, dans Revue biblique, 1919, p. 210 ; M. J. Lagrange, Évangile selon saint Jean, Paris, 1925, p. xxix sq. ; A. Puecli, Histoire de la littérature grecque chrétienne, t. ii, Paris, 1929, p. 96-101.

L’influence exercée par Panias sur saint Irénée est étudiée d’une manière très systématique, par F. Lools, Theophilus von Anliochien Adversus Marcionem und die anderen theoloqiachen Quellen bei Ircnàus, Leipzig, 1930, p. 300-338 = Texte und Unlers., t. XLVI, tasc. 2.

G. Bardv.

    1. PAPOIM Jean##


PAPOIM Jean, célèbre jurisconsulte français (1505 ?-1590), auteur de nombreux ouvrages de droit et de pratique, a le droit de figurer ici pour son traité latin : In sextum Decalogi prweeptum, « non mœchaberis », libri IV, in-4°, Lyon, 1552.

Cet ouvrage ne figure pas dans les deux Bibliothèques françaises de du Verdier et de la Croix du Maine, qui mentionnent l’une et l’aulre notre jurisconsulte ; il apparaît dans la Bibliothèque des ailleurs de l’abbé Le Clerc, mise en tète du Dictionnaire de la langue française de Richelel, édi tion de Lyon, 1728, et dans les listes alphabétiques des auteurs des éditions ultérieures du même dictionnaire ; c’est de la que l’indication passe dans le Moréri, éd. de 1759, dans Richard et Giraud et dans Glaire.

É. Amann.
    1. PAQUES##


PAQUES. LES CONTROVERSES PAS CALES. — Les controverses.pascales s’étendent du iie au viiie siècles. Leur objet a toujours été le même : la fixation de la date de la fête de Pâques selon le calendrier solaire. Nous étudierons : I. Les premières controverses pascales : les quartodécimans. 1 1. La question pascale au nie siècle ; les premiers essais de cycles pascals (col. 1951). III. La question pascale au concile de Nicée (col. 1954). IV. Les controverses pascales du concile de Nicée à la réception du cycle de Denys le Petit par l’Église romaine, de 325 à 550 (col. 1958). V. Les controverses pascales en Gaule et dans les Iles Britanniques (col. 1963).

I. Les premières controverses pascales : Les quartodécimans. — 1° La première controverse pascale au second siècle. — La fête de Pâques, qui célèbre l’anniversaire de la passion et de la résurrection du Sauveur, est la plus ancienne et la plus importante des fêtes chrétiennes. Nous ignorons comment l’Église primitive en a fixé la date ; mais, comme Jésus est mort et est ressuscité aux environs de la Pâque juive, il s’ensuit que, dès l’origine, l’échéance de la fête chrétienne a dû être fixée en connexion avec la date de la fête juive.

Dès le début du 11e siècle, nous constatons l’existence de deux observances pascales. L’une, suivie surtout en Asie proconsulaire, célébrait la fête chrétienne le jour même de l’échéance de la fête juive, le soir du 14e jour du mois de nisan, d’où son nom d’observance quart odécimane ; l’autre, se basant sur ce fait que le Sauveur est ressuscité un dimanche, exigeait que la fête de Pâques fût célébrée un dimanche, probablement celui qui suit le 14 nisan. Nous ignorons si les tenants de l’observance dominicale célébraient l’anniversaire de la mort du Sauveur le vendredi qui précède la fête de Pâques. Quant aux quartodécimans, il semble bien que le 14 nisan ait été pour eux le mémorial non seulement de la passion, mais aussi de la résurrection du Sauveur, car, comme nous le verrons encore, ils rompaient le jeûne au soir du 14 nisan. Voir la lettre d’Irénéc au pape Victor, dans Eusèbe, H. E., V, xxiv, citée plus loin.

Méliton de Sardes est le premier qui nous parle d’une controverse pascale. Son De Pascha débute par la phrase suivante que nous a conservée Eusèbe : « Sous le proconsulat de Servilius Paulus, une grande discussion sur la Pâque s’éleva dans l’Église de Laodicée. » Eusèbe, H. E., IV, xxvi. Waddington a démontré que la leçon Servilius Paulus est fautive et qu’il faut lire Sergius Paulus. Waddington, Fastes asiatiques p. 226. Voir aussi Prosopographia imperii romani, t. iii, p. 221, ainsi que la note critique de l’édition de Schwrtz. Ce Sergius Paulus ayant été proconsul d’Asie entre 164 et 168, il s’ensuit que la première controverse pascale eut lieu vers l’an 165.

2° Objet et issue de cette première controverse pascale.

— Le De Pascha de Méliton est perdu et Eusèbe ne nous a fait connaître ni l’objet, ni l’issus du litige qui troubla l’Église de Laodicée sous le proconsulat de Sergius Paulus. Toutefois, un fragment du De Pascha d’Apollinaire de Hic’rr polis, conservé par la Chronique pascute, nous permet de ^ppléer au silence d’Eusèbe ; car, comme Laodicée et Hiérapolis étaient voisines l’une de l’autre et Apollinaire contemporain de Méliton, il est probable que le De Pascha de l’évêque de Hiérapolis viso. lui ausi, la controverse de 165. Dans ce fragment, Appollinairc blâme certains chrétiens « qui par ignorance soulèvent des querelles », qui préten-