Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/401

Cette page n’a pas encore été corrigée
1935
1936
PAPE. RECRUTEMENT DE L’ÉPISCOPAT ORIENTAL


de confirmation ne varie pas sensiblement d’une Église à l’autre. Après l’élection, les membres du synode d’où celle-ci procède communiquent au pape le résultat des opérations et lui demandent de l’approuver ; de son côté, l’élu écrit au souverain pontife une lettre où il formule sa profession de foi catholique et sollicite le pallium. Cet insigne, que le pape accorde solennellement en consistoire, est en effet le témoignage sensible de l’agrément pontifical. Sur le symbolisme et l’histoire du pallium, voir Thomassin, Ancienne et nouvelle discipline de l’Église, I r0 partie, t. II, c. liii-i.vii, éd. de Bar-Ie-Duc, t. ii, p. 84-111, et L. Duchesne, Origines du culte chrétien, 3° éd., 1903, p. 384.

La confirmation de l’élection patriarcale représente le minimum de l’ingérence romaine. Nous allons constater que celle-ci va quelquefois beaucoup plus loin.

1. Elle se borne à cela chez les Maronites. Le synode du Mont-Liban de 1736 a minutieusement réglé le mécanisme de l’élection du patriarche : IIIe partie, c. vi, n° 7, dans Collectio Lacensis, t. ii, col. 310. Seuls les membres de l’épiscopat prennent part au vote, à l’exclusion du reste du clergé et des laïcs. Il appartient au métropolite (ou à son défaut, à l’évêque) le plus ancien de convoquer le synode et de le présider. Les scrutins commencent le dixième jour après le trépas du patriarche défunt et se succèdent jusqu’à obtention d’une majorité des deux tiers des voix. Le vote par correspondance ou par procureur n’est pas admis : les électeurs absents se contentent d’adhérer d’avance, par écrit, au résultat final. Ne peut être choisi qu’un candidat d’au moins quarante ans, prêtre, et même, en règle générale, évêque. Aussitôt obtenu, le résultat est proclamé ; si l’élu est présent et qu’il accepte les suffrages, on l’intronise incontinent et l’on fixe la date de la consécration. Celle-ci a lieu, d’ordinaire, le dimanche suivant ou un jour de fête s’il s’en trouve un à date rapprochée. C’est seulement après cette cérémonie que s’expédient à Rome la lettre synodale et l’autographe du nouveau patriarche, l’une et l’autre sollicitant la confirmation et le pallium.

Aux termes du même synode du Mont-Liban, IIP partie, c. iv, n° 15, ibid., col. 300, les évêques tiennent leur nomination du patriarche, qui n’y procède qu’avec le consentement des autres évêques, requis à la majorité des voix. Le clergé et le peuple de l’éparchie vacante sont préalablement consultés, mais ils ne formulent qu’un simple vœu. Aucune intervention du pape. Cf. art. Maronite (Église), t. x, col. 123 et 126.

2. Chez les Melkiles, le pape intervient immédiatement après la mort du patriarche, pour nommer un vicaire apostolique, choisi parmi les évêques du rit, (lui administre le patriarcat pendant la vacance. Il appartient à celui-ci de réunir et de présider le synode a moins que le Saint-Siège ne confie cette mission au délégué apostolique de Syrie ; à ce sujet, la pratique manque d’uniformité.

Le synode doit être convoqué dans le plus bref délai possible. Seuls les évêques ont droit de vote ; ils peuvent porter leur sulïrage soii sur l’un d’entre eux, soit sur un simple prêtre. Les scrutins se succèdent tant que n’est pas obtenue la majorité absolue. Si l’élu est présent et accepte l’élection, on l’intronise sur-le-champ ; le lendemain il officie pontificalement entouré de tous les évêques qui concélèbrent avec lui. Les électeurs expédient alors à Rome les actes de la procédure synodale, en demandant au Saint-Père de ratifier leur choix et d’accorder le pallium à l’élu. Celui-ci écrit en même temps pour solliciter les mêmes faveurs et émettre sa profession de foi. De son côté, le délégué apostolique de Syrie envoie un rapport à la Congrégation de l’Église orientale. Voir, dans les Acta

ap. Sed., t. xviii, p. 249, le consistoire du 21 juin 1926, où Sa Béatitude le patriarche Cyrille IX Moughabghab fut préconisé par Sa Sainteté Pie XL

Pour l’élection des évêques ou archevêques, le patriarche propose aux suffrages de l’épiscopat trois candidats, qu’il choisit indifféremment parmi les religieux ou les prêtres séculiers et qui doivent obtenir la majorité absolue des voix épiscopales. Il prend ensuite parmi eux qui bon lui semble. Jusqu’en 1920, cette terne était présentée aux laïcs de l’éparchie vacante, le clergé n’ayant aucune part au vote. En principe, il s’agissait des seuls notables, mais quiconque jouissait d’un peu d’aisance prétendait à cette qualité. L’élection se faisait à la majorité relative : était élu celui qui obtenait le plus de voix. Comme cette pratique donnait lieu à des tumultes et provoquait des retards, le patriarche Dimitri I er Qâdî l’a supprimée et sa mesure, si elle fut accueillie avec stupeur, n’a cependant provoqué aucune rébellion

La provision de la métropole d’Alep donne lieu à une procédure spéciale. Sur convocation du patriarche ou du vicaire nommé par lui pour administrer l’éparchie vacante, le clergé séculier, à l’exclusion des moines, s’assemble à la cathédrale sous la présidence de son doyen. Douze notables laïcs, convoqués de la même façon, assistent à la réunion à titre de témoins. Est élu le candidat qui obtient la majorité absolue des voix. Le procès-verbal de l’élection, signé de tous les prêtres et des douze notables, est adressé au patriarche, qui examine les qualités canoniques de l’élu et soumet son nom au jugement de l’épiscopat. La majorité absolue des évêques doit lui être favorable. Cependant, le clergé ne dispose que de deux tours de scrutin : si le second n’a pas donné de résultats, l’élection est dévolue au patriarche, qui nomme un prêtre de son choix, toujours avec le consentement de la majorité des évêques.

Pour tous les sièges, y compris celui d’Alep, le nouvel évêque tient sa nomination du patriarche : le pape n’intervient à aucun titre. C. Korolevskij, Histoire des patriarcats melkites, t. iii, p. 394 et 551 ; art. Antioche, dans Dict. d’hist. et de géogr. ceci., t. iii, col. 678 et 680. 3. Pour les Syriens purs, le droit actuel touchant l’élection du patriarche et des évêques résulte des dispositions du dernier synode national de Charfë, célébré en 1888. Les actes de cette assemblée, approuvés par le Saint-Siège, ont été publiés à Rome en 1897, par les soins de la typographie de la Propagande.

Élisent le patriarche les seuls membres de l’épiscopat, convoqués en synode par l’évêque auxiliaire du patriarche défunt, qui assume, à la mort de celui-ci, la fonction de vicaire patriarcal. Tous les archevêques et évêques qui ne sont point suspens de l’usage des pontificaux doivent prendre part à l’élection, à moins de raisons légitimes qu’ils doivent faire connaître par écrit au vicaire. Dans ce cas, ils déclarent adhérer d’avance au résultat des scrutins. Ceux-ci commencent le dixième jour après le trépas du patriarche décédé. Outre les évêques, sont éligibles les simples prêtres, pourvu qu’ils aient atteint quarante ans. La majorité des deux tiers des voix est exigée. L’élu est intronisé immédiatement après son acceptation, et consacré le dimanche suivant. Cette dernière cérémonie achevée, le synode et le nouveau patriarche écrivent au pape, chacun de leur côté, pour solliciter à la fois la confirmation et le pallium. Synodus Sciar/ensis Syrorum… anno 1888, c. viii, art. 2, p. 218. Voir, dans les Acta ap. Sed., t. xxi, p. 458, le consistoire du 15 juillet 1929, où fut préconisé le patriarche actuel, S. B. Gabriel Tappouni.

Quand un archevêché ou évêché devient vacant, le patriarche nomme aussitôt un vicaire pour l’administrer provisoirement. Dans le délai de trois mois, il écrit