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ORDRE. HIÉRARCHIE APOSTOLIQUE, PRÊTRES


service des tables, les Sept sont des ministres sacrés d’un rang inférieur.

Cette assertion n’est pas infirmée par l’hypothèse insoutenable de Goguel, Le livre des Actes (t. ni de l'Introd. au N. T.), p. 191-193, s’inspirant de Wellhausen et de Loisy. Cet auteur veut cpie Act.. vi, 1-7 soit une légende tardive, élaborée à l'âge apostolique, pour établir la supériorité des apôtres et des évêques sur les ministres inférieurs : les prétendus diacres auraient été les égaux des apôtres qui se les seraient adjoints en vue de les aider dans leur propre ministère. Cette hypothèse, arbitrairement élaborée, contredit les traditions anciennes les plus dignes de foi, et se heurte à la continuité historique bien établie entre les diacres de Jérusalem et ceux de l'Église postapostolique ; cf. S. Irénée, Cont. hier., III, xii, 10 ; IV, xlv, 1, P. G., t. vii, col. 904, 1013.

L’hypothèse qui assimile les « Sept » aux presbytres-épiscopes de la primitive Église de Jérusalem, H. Wendt, Die Apostolgeschichtc, 9e édit., Gœttingue, 1913, In Act. VI, 1-0, est tout aussi irrecevable. Les critiques catboliques enseignent aujourd’hui unanimement que les Sept sont les premiers diacres. Cette conclusion est également admise par C. Gore et C. H. Turner, The Church and the Ministrꝟ. 2e édit., Londres, 1919, p. 236 et par J. A. Robinson, The Christian Ministry in llw apostolic and subapostolic Age, p. 8182, Londres, 1921.

Ministres sacrés ils le sont, les Sept, car leur pouvoir dépend de l’imposition des mains et des prières qui l’accompagnent. Act., vi. 6. Et les fonctions sacrées, inhérentes à leur ordre, paraissent être la prédication, vi, 10 ; vii, 2-63 ; viii, 5, l’administration du baptême, vin, 38. Ce qui a permis à toute la tradition de voir en ces Sept les premiers diacres de l'Église. Voir Diacrk, t. iv, col. 708-709.

D’ailleurs, sans méconnaître les acceptions plus larges du mot Siaxoveïv, ce terme, employé par saint Paul pour définir son ministère spirituel, marque bien dans ce ministère un pouvoir sacré. Saint Paul, en elTet, revendique pour lui-même le même apostolat qui a été conféré par Jésus aux Douze, et il le tient de Jésus-Christ lui-même : cf. Gal., n. 7 sq. ; I Cor., ix, 1-2 ; xv, 9-10. Il agit comme possédant l’autorité nécessaire. Au point de vue de la sanctification des âmes, il est le dispensateur des mystères divins,

I Cor., iv, 1. Or, il parle aux anciens d'Éphèse, Act., xx, 24, du ministère (Siocxovîa) qu’il avait reçu du Seigneur Jésus. Il en parlera également aux Corinthiens, II Cor., iv, 1 ; xi, 18, et à Timothée, I Tim., i, 12. Le ministère (Staxovta) dont il parle. I Cor., xii, 5 ; Eph.. iv, 12, est bien d’ordre spirituel et « pour l'édification du corps du Christ » : cf. II Cor., m, 7-9 ; v, 18 ; II Cor., vi, 3.

Aussi Paul déclare-t-il qu’il a été fait le ministre Stâxovoç de Jésus-Christ, en vertu du don de la grâce de Dieu, qui lui a été donnée par l’opération de sa vertu. Eph., ni. 7 ; Col., i. 23, 25. C’est Dieu qui l’a rendu idoine à devenir « diacre » de la nouvelle alliance.

II Cor., ni, 6. Mais il étend cette dénomination à ses coopérateurs tant itinérants que sédentaires, II Cor., (v, 4 ; voir, pour Timothée, I Thess.. iii, 2 ; pour Tychique, Eph., vi, 21 ; Col., iv, 7 ; pour Épaphras, Col., i. 7.

Quelques années plus tard, la signification de Siotxovîa, Siàxov.ç se précisera sous la plume de saint Paul et ces termes seront exclusivement réservés à désigner des ministres sacrés, inférieurs aux épiscopes et presbytres, mais leurs assistants dans le gouvernement des Églises ; cf. l’hil.. i, 1 ; I Tim.. iii, 8, 12. La I re à Timothée laisse clairement entendre que les diacres appartiennent à la hiérarchie sacrée : la probation exigée pour leur ministère, ni, 10, l’in dique ; cf. H. Dieckmann, De Ecclesia, i, n. 421. Les écrits de l'âge apostolique confirment cette interprétation. La Didaché, xv, 1, 2, les nomme à la suite des épiscopes et énumère les qualités requises pour leur office de prophètes et de docteurs. Clément, dans / Cor., xlii, 4, rappelle que « les apôtres établirent leurs prémices comme évêques et diacres des futurs croyants ». Chez saint Ignace, les diacres forment le troisième rang de la hiérarchie sacrée, après les évêques et les presbytres ; cf. Eph., ii, 1 ; Magn., n ; vi, 1 ; xiii, 1 ; Trait., ii, 3 ; ni, 1 ; vii, 2 ; Phil., suscription ; iv ; vii, 1 ; x, 2 ; Smyrn., viii, 1 ; xii, 2 ; Polyc, vi, 1. Leur existence et leur autorité reposent sur le fait de l’institution divine. Trait., iii, 1 ; Smyrn., viii, 1 (voir Diacres, col. 706-707) ; voir aussi, de saint Polycarpe, la lettre aux Philippiens, v, 2, 3. Le sens du mot Siàxovoç est désormais fixé ; le diaconat signifie l’ordre sacré immédiatement inférieur aux presbytres. Aussi la Vulgate réserve-t-elle exclusivement le terme diaconus aux seuls passages où la signification d’ordre sacré est indiscutable, Phil., i, 1 ; I Tim., iii, 8, 12.

Prêtres.

Les anciens, 7rpea6ÙT£pot, sont fréquemment nommés dans les écrits du temps apostolique. Les Actes parlent des anciens à qui les disciples

envoyèrent des aumônes à Jérusalem par l’intermédiaire de Barnabe et de Paul, xi, 30. Avec les apôtres, ces anciens sont chargés de trancher la question des rites judaïques, xv, 2, 4, 6, 23 (41) ; xvi, 4. Ils s’assemblent chez Jacques, pour recevoir Paul à Jérusalem après son troisième voyage apostolique, xxi, 18. Dans tous ces textes, à la rigueur de sa signification littérale, le terme icpec6)T£poç n’indique pas nécessairement que 1' > ancien » est revêtu d’un caractère et d’un pouvoir sacré. Il pourrait simplement indiquer que l’ancien possède une réelle autorité de préséance et d’honneur, tout comme la ysp^uata d’Israël avant et après l’Exode, iii, 10 ; iv, 29, etc., ou encore au temps des Machabées, II Mac. i, 10 ; xi, 27, tout comme les anciens du peuple, gardiens chez les Juifs contemporains de Jésus, des anciennes traditions, assesseurs du grand sanhédrin à côté des princes des prêtres et des scribes ; cf. Matth., xvi, 21 ; xxi, 23 ; xxvi, 47, 57 ; xxvii, 1. 3, 12, 20, 41 ; xxviii, 12 ; et parall. ; Act. iv. 5. 8.

En réalité, les npsaèÛTepoi des premières communautés chrétiennes avaient plus qu’une préséance due à leur âge ou à leur autorité ; ils participaient au pouvoir sacré des apôtres dans le gouvernement de l'Église. Même les seuls textes que nous avons cités jusqu’ici semblent le supposer.

1. Actes : Église de Jérusalem. — Dans l'Église de Jérusalem, en effet, les anciens apparaissent constamment aux côtés de Jacques pour la gouverner. Une première mention en est faite à Act., xi, 30 : ils recueillent les aumônes destinées aux chrétiens de Judée, fout comme les apôtres le faisaient avant l’institution des Sept. Il est donc à présumer qu’adjoints à l'évêque de Jérusalem à peu près dans les mêmes conditions que les « Sept » aux apôtres, ils exerçaient un certain pouvoir sacré. « Puisque les Sept furent institués par les Apôtres avec des prières et l’imposition des mains, il n’est pas douteux que les anciens aussi aient été élevés à la participation du pouvoir apostolique par des cérémonies pareilles. Vraisemblablement, lorsque les Apôtres commencèrent à se disperser, que le nombre des lidèles s’accrut dans de grandes proportions et que la foi se répandit en dehors de Jérusalem, le besoin se fit sentir d'établir des chefs nouveaux, de préposer aux fidèles des hommes ayant reçu une large part de l’autorité et du pouvoir apostoliques, aptes par conséquent à faire la liturgie et à gouverner la communauté », Michiels, L’origine de l'épiscopat, Louvain, 1900, p. 146.