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PANARETOS


le compilateur orthodoxe ; cf. Échos d’Orient, loc. cit., p. 406. A noter surtout que cet ouvrage de Panarétos est la source la plus ancienne où apparaissent réunis les actes des deux dernières sessions (vie et vii c). Cette observation est capitale pour la solution d’un problème épineux et toujours pendant : l’authenticité de ces documents dans leur rédaction actuelle. Quoique fortement porté à en douter, nous ne pouvons pour autant mettre ces faux présumés au compte du polémiste qui nous les a conservés, car — la preuve est au moins absolument faite pour la vi c session - ils lui sont bien antérieurs ; cf. Échos d’Orient, ibid., p. 412, 413. — - c) Trois lettres de Photius à trois évêques latins, Marin de Cère, Gaudéric de Vélétri et Zacharie d’Anagni. Ces lettres sont extraites de l’ouvrage cité de Beccos, seul auteur qui nous les ait transmises. On les trouve également éditées à part, entre autres dans D. Evelpidès, SroxpTiov ëvrpixov, Constantinople, 1874, p. 211-219, et A. J. Papadopoulos-Kérameus, Ownaxâ, Saint-Pétersbourg, 1897, p. 5-7. — d) La fameuse lettre de Jean VIII à Photius. Inc. Oox « yvoeiv au|j.6atvst, yj^Sç. Non contingit nos crrare. La meilleure édition que l’on en ait est celle de Papadopoulos-Kérameus (cf. OcûTfou… tô 7tepl toô Tâcpou x. t. X. p. 174-176) qui a utilisé le travail de son devancier ; M. Jugie, Theologia dogmatica chrisiianorum orientalium, t. i, 1926, p. 248, 249, reproduit le texte moins correct de Beveridge, ZuvoSixôv, p. 306, 307. Toute la pièce est un faux de belle allure. Consulter l’art. Jean VIII, t. viii, col. 610, 6Il et, pour d’amples détails, M. Jugie, op. cit., p. 251254. Il ne doit pas être antérieur au xiv° siècle. Peut-on dès lors, avec M. Jugie, ibid., p. 256, n. 1, soupçonner Panarétos d’en être l’auteur ? Bien ne le permet et le fait même que la lettre était connue de Nil Cabasilas (| 1363) semble plutôt un indice que l’un et l’autre ont dû puiser à une source commune.

III. Doctrine polémique.

A en croire la suscription générale mise en tête de ses œuvres, Panarétos se serait proposé de réfuter toutes les erreurs des Latins écrites ou orales. Cette tâche était naturellement au-dessus de la capacité d’un fonctionnaire et le programme conçu semble bien n’avoir jamais été rempli. On comprendrait à peine l’engoùment porté par des tiers à des querelles périmées, si l’on ne savait que c’était là encore servir la grande cause officielle du palamisme (voir ce mot), dont le premier adversaire avait été un moine latin. Mais ce qui directement provoqua et soutint le zèle de notre auteur fut, d’une part, la réaction causée dans les milieux orthodoxes ppr les initiatives unionistes de Jean V Paléologue (consulter désormais le beau livre de O. Halecki, Un empereur de Byzance à Borne, Varsovie, 1930) et, de l’autre, l’apparition à Constantinople des œuvres de saint Thomas traduites en grec. On ne saurait trop relever l’importance de cet événement qu’une prochaine publication de Mgr B. G. Mercati, Studia Cydoniana (dans les Sludie Testi) doit mettre en pleine lumière. Voir, en attendant, l’article déjà cité des Échos d’Orient, t. xxvii, 1928, p. 385-402, et G. Cammelli, Démétrius Cijdonès. Correspondance, 1930, p. xv et sq. Il fut de mode à la cour, qui à Byzance a toujours fait ses délices des disputes théologiques, de prendre parti pour ou contre Thomas d’Aquin. Il est remarquable que Panarétos, à l’encontre de la presque totalité de ses émules, donne dans l’exposé des arguments de la thèse adverse une grande preuve d’objectivité. Aussi la vogue de ses ouvrages dans le clan de Marc d’Éphèse († 1444) à l’époque du concile de Florence s’explique par le fait que les Grecs hostiles à l’union y trouvèrent, une fois aux prises avec les Pères occidentaux, un exposé fidèle de la doctrine professée par ceuxci et, chose appréciable, les premiers éléments d’une réponse. D’autre part, le nombre de ses manuscrits

conservés nous atteste qu’on ne cessa jamais de le lire.

Ce serait naturellement exagérer l’importance doctrinale de notre auteur, que de lui supposer un système original. On trouve cependant, ici et là, dans se^ œuvres publiées, l’exposé de certaines doctrines ou l’expression de certains griefs antilatins aujourd’hui courants, mais que le Moyen Age avant lui a ignorés L’apologétique orthodoxe dut, sous le choc des idées thomistes, faire une sérieuse mise au point de sa méthode de défense ; il est naturel que, dans cet examen, elle ait poussé l’olTensive sur des points libres jusquelà, afin de disperser les forces de l’adversaire. Bien qu’il nous soit impossible de déterminer dès maintenant la part prise par Panarétos dans ce travail d’élaboration, il ne sera pas inutile, pour l’histoire des relations gréco-latines, de relever ici les parties les plus saillantes de son enseignement.

lo Le cas de Photius et le synode de 879-880. — Contrairement à la thèse mise en circulation par Jean Beccos et défendue, au xive siècle, par Manuel Caleras et un empereur byzantin, vraisemblablement Jean Paléologue (cf. Échos d’Orient, t. xxix, 1930, 413, 414), d’après laquelle Photius aurait fait en 879-880 acte d’entière soumission, auathématisant sa conduite et brûlant ses pamphlets antiromains, Panarétos écrit que l’on y excommunia Ttôcaav 7tpoa0r ; x7]v xal mxvxa rà èv Tfl’Pô>y.fi £éva xal vôôa SoyixaTa, donc à la fois le fait de l’addition du Filioque au Symbole et la doctrine que ce terme exprime ; cf. Bornae l’Oriente, t. ix, 1915, p. 116. L’auteur en appelle aux actes et à la définition du synode qu’il qualifie d’ailleurs de huitième concile œcuménique. Sur ce dernier point l’auteur n’est que l’écho de la tradition byzantine. Cf. Échos d’Orient, t. xviii, 1916-1919, p. 306 sq. L’assertion expresse que les actes portaient condamnation du Filioque apparaît, pour la première fois, dans une interpolation faite dans un document lui-même posterieur ; cf. Hergenrôther, Monumenta grseca ad Photium pertinentia, p. 178, n. 1. L’attestation la plus ancienne de son existence est de Georges Moschabar qui, en 1281, l’incorpora à un de ses ouvrages ; cf. Paris gr. 2551, fol. 23 v°-27 r°. Panarétos, ici encore, n’a donc fait que recueillir des données courantes favorables a sa thèse. Par contre, c’est bien de lui que nous tenons copie d’une autre pièce justificative également invoquée à la même occasion, la lettre du pape Jean VIII à Photius. Le document dut lui paraître nouveau à lui-même, car la suscription dont il en a fait précéder le texte nous apprend qu’il lui venait de l’Athos, mais se lisait également en quelque manuscrit de Constantinople. Est-ce là un trompe-l’œil destiné à égarer le lecteur trop confiant ? Quoi qu’il en soit, il est peu d’armes que ses coreligionnaires aient, depuis lui, tant maniée contre les Latins.

2° Discipline sacramentaire. — Les polémistes grecs ont toujours manifesté une forte tendance à reprocher aux Latins toute pratique rituelle inconnue de leur Église. En rééditant les accusations de ses devanciers, Panarétos en a remis, par ses œuvres, en circulation deux nouvelles destinées à faire fortune. Faute d’indice certain nous n’osons, en effet, dire qu’il les a lui-même forgées. — 1. C’est dans les œuvres de notre polémiste que se lit la première attaque dirigée conliv l’administration du baptême par infusion ; la validité du sacrement ainsi conféré est même catégoriquement niée : Sià touto oùSè (3a7TTiqia toù Kupîoo [3a7m£°v-Tai, àXXà Xourpov àrcXôç Xoûovrai. Cf. Bornae l’Oriente, t. x, 1915, p. 65, et M. Jugie, Theologui dogmatica christianorum orientalium, t. iii, 1930, p. 63. — 2. Au nombre des absurdités (àxoni} (xaTa) mises au compte des Latins, l’auteur est le premier à compter l’usage de communier les laïcs sous une seule espèce. Cf. Bornae l’Oriente, t. ix, 1915, p. 204-200 ;