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    1. PALAMITE (CONTROVERSE)##


PALAMITE (CONTROVERSE). DESTINÉES ULTÉRIEURES

1810

lies vint à Rome en 1369, accompagnant Jean V Paléologue, et quand, un peu plus tard, le grand adversaire du palamisme, Jean Cyparissiotès, parut à la cour pontificale. C'était une nouvelle divergence, et des plus graves, qui s’ajoutait à celles, déjà trop nombreuses, qui séparaient les deux Églises.

2° Lorsque s’ouvrit le concile de Florence, il y avait lieu de craindre que cette question de l’essence de Dieu et de son opération ne vînt aggraver la difficulté de la réunion. Il n’en fut rien pourtant, parce que les i iiecs eurent la prudence d'éviter la discussion sur ce sujet. A la xxve session, les Latins leur remirent une liste de quatre questions, qui restaient encore à éclaircir. à savoir la primauté du pape, l’existence de trois catégories de défunts, l’usage du pain azyme et fermenté, la distinction entre l’essence de Dieu et son opération : TSTapTov, iva Çy)TYj6fj Ttepî Osîaç oùaîaç xal èvepysîaç Èrrl auvôSoo ; cf. 'H àyîa xal oîxoou.£vix7] èv l’Awpsvxîa aùvoSoç (récit de Dorothée de Mytilène), éd. du bénédictin Nickes, Rome, 1864, p. 304. Ils répondirent qu’ils n'étaient pas autorisés par l’empereur à discuter là-dessus, mais ils consentirent à faire connaître leur sentiment privé sur les trois premiers points. Sur le quatrième, au contraire, ils refusèrent de parler : tô Se repi -rrjç 6eîaç oùaîaç xai jvspYEtaç oùSôXcoç aTcoXoYOÙfxsGa. Ibid. Les Latins, a ce qu’il semble, n’insistèrent pas sur un sujet qui aurait sans doute amené un débat interminable. Toujours est-il qu’on n’en reparla plus et que le décret d’union fut bientôt signé. Indirectement, du reste, les Grecs avaient renoncé au palamisme en déclarant qu’ils croyaient que les âmes des saints dans le ciel contemplent l’essence de Dieu : xal tô Œwpsïv t<xç yoj(àç ty)v oùaîav toû 0soô i’krfiotç TtpoatépxÔa. Ibid. Kt ils signèrent le décret d’union, où il est dit : animas in cselum mox recipi et intueri clare ipsuni Ueum trinum et unum, sicuti est. Marc d'Éphèse, dans son troisième discours sur le purgatoire prononcé à Ferrare, avait nié ce point capital : Ni les anges bienheureux, ni les saints, d’après lui, ne jouissaient de la vision de l’essence de Dieu ; ce qu’il essaya de prouver à grand renfort de textes patristiques. Interrogé -ur l’objet de la béatitude, il répondit que les élus jouissent de la gloire de Dieu, 86^a, de l'éclat qui jaillit de son essence : tj èx Qeoû 7ueij.-oji.Ev7) œïyXr). Quant à expliquer ce qu'était cet éclat, il y renonça, et s’en tira en renvoyant les Latins à la délinition donnée par saint Jean Climaque de l’illumination divine : « C’est une opération ineffable, vue d’une manière invisible et conçue d’une manière inconcevable : "EXXa[jiijJÎç èarw îvépysia app7)Toç ôpcojjtivY) àopdcTwç xal vooojxévT) r-vc.'jcTwç. Et il ajouta : « Vous avez entendu la définition : Ne cherchez pas davantage. » Cf. L. Petit, Documents relatifs au concile de Florence. La question du purgatoire à Ferrare, dans Patrologia orientalis, t. xv, p. 157-162. En s’exprimant de la sorte, Marc, qui était, nous l’avons vii, un palamite rigide, soulevait toute la question du système de Palamas et de la lumière thaborique. On comprend que, lorsqu’on revint a Florence, sur la doctrine des fins dernières, les Lalins aient voulu avoir quelque précision sur l’objet de la béatitude et sur la théorie palamite de l’essence divine et de son opération. Ils paraissent s'être contentés de la réponse sur l’objet de la béatitude, réponse qui repoussait catégoriquement la thèse de Marc soutenue à Ferrare. Il est vraisemblable que l’empereur défendit à ses prélats d’entamer une discussion directe sur l’essence divine et son opération. Les Grecs eux-mêmes durent sentir le danger qu’il y avait à étaler les formules et les théories de Palamas devant ces terribles logiciens qu'étaient les théologiens latins, et Georges Scholarios était là pour leur conseiller de remiser une théologie enfantine, dont l’exposé n’au rait pas tourné à l’honneur de la nation. Durant l'âpre controverse entre unionistes et antiunionistes qui suivit le concile jusqu'à la prise de Constantinople, la question du palamisme, malgré la définition portée sur l’essence de la béatitude, ne fut point agitée. Instinctivement, les plus instruits parmi les Grecs sentaient qu’ils n'étaient point, avec les thèses de Palamas, sur un terrain solide, et bien rares furent, dans la suite, les polémistes qui osèrent reprocher aux Latins de ne pas les admettre.

VIL Le palamisme dans l'Église gréco-russe a

PARTIR DU XVIe SIÈCLE JUSQU’A NOS JOURS. — NOUS

avons vu plus haut que la doctrine palamite était devenue, à partir du concile de 1351, l’enseignement officiel de l'Église byzantine et avait été imposée comme un dogme obligatoire à tous ses fidèles.

Pour que ce dogme ne fût pas oublié, on en inséra l’expression solennelle dans le Synodicon du dimanche de l’Orthodoxie et aussi dans la profession de foi des évêques, au jour de leur ordination. Si l’addition faite à ce dernier document a disparu, les anathématismes contre Barlaam, Acindyne et leurs partisans, ainsi que les acclamations à Grégoire Palamas et à ses disciples sont restés au Synodicon, et on peut les lire encore dans les éditions grecques du livre liturgique appelé Triodion, qui contient les offices du temps du carême. Chaque année, depuis 1352, ces anathématismes et ces acclamations ont été répétés dans l'Église grecque dissidente. De plus, la fête de Grégoire Palamas, placée au second dimanche de carême, n’a pas cessé d'être célébrée jusqu'à nos jours, non seulement dans les autocéphalies de langue grecque, mais aussi dans l'Église russe et les autres Églises de langues diverses détachées du tronc byzantin.

Dans ces conditions, il semble qu’il soit oiseux de se demander ce qu’est devenu le palamisme dans l'Église gréco-russe. Incorporé à la dogmatique de cette Église d’une manière aussi explicite et aussi solennelle, il n’a pu, dira-t-on à priori, que garder le caractère de vérité immuable et intangible qui convient aux dogmes proprement dits. En droit, il aurait dû en être ainsi ; en lait, il en a été bien autrement. De nos jours, malgré la fête de Palamas et en dépit de la lettre des anathématismes contenus dans le Triodion, le dogme palamite dans l’ensemble de l'Église gréco-russe est un dogme à peu près mort. Non seulement il est oublié, mais il est contredit ouvertement dans renseignement théologique officiel.

1° C’est dès le xvie siècle que se dessine un courant hostile aux thèses palamites sous l’influence de la théologie catholique, que les théologiens grecs de cette époque viennent étudier dans les universités occidentales. Dans son ouvrage intitulé : 'OpGôSoÇoç SiSaaxaXîa, publié à Vilna en 1596, Mélèce Pigas contredit assez ouvertement le palamisme, quand il affirme : 1. que chaque personne divine est l’essence divine tout entière avec sa propriété hypostatique respective, èxâa-rv] tûv ÛTcoaTdcaEwv ôXy) u.èv aurJ] oùaîa èa-ïi (J-exà toù IStwp-aTOÇ ; 2. que l’opération en Dieu est la même chose que l’essence, bien qu’il y ait une différence, — il ne dit pas réelle, — entre l’essence et l’opération hypostatique : ei xal oùaîa tj bjipyzw., àXX où TtâvTwç… Aiaçépet ttjç oùaîaç 7) tt^ç oùaîaç èvéçytio, où Tcâaa Se èvépyzia. àXX’y) ÙTtoaTaTixT), « ç tô yevvàv, tô èxTtopEÙeiv. Op. cit., éd. de Jassꝟ. 1769, p. 108-109. Parlant de l’objet de la béatitude, il paraît, au premier abord, s’exprimer comme Palamas, quand il dit que l’cxenee divine est imparticipable à toute créature, 7) oùaîa toû ©sou àp.éGsxT6ç èaTiv oùaîa nâav) xtiott, et que les bienheureux ne participent qu’aux attributs divins, qu’il appelle les propriétés ou les grâces de Dieu, ©soù îSiÔttjtsç eït’oùv /âpiTeç. Mais il s’explique bientôt plus clairement et affirme que ces attri-