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PALAMITE (CONTROVERSE). ÉCHOS EN OCCIDENT


par l’ampleur et la netteté de la réfutation que par l’abondance et la variété des arguments produits. La théologie positive et la théologie spéculative s’unissent chez lui dans une harmonieuse proportion. De Palamas et de ses disciples il réfute tout et ne laisse rien passer. Nous avons de lui deux grands ouvrages : 1. L' "ExOsatç aToiy_£io>S7]ç prjæfùv ÔsoXoytxûv, divisée en dix décades, vaste traité De Deo uno et trino dont François Torrès (Turrianus) fit paraître, en 1581, une traduction latine reproduite dans P. G., t. cxii, col. 737-992. Le palamisme n’y est pas directement visé, mais la vraie doctrine y est exposée, à l’aide principalement des textes patristiques, de manière à renverser par la base toutes les thèses palamites. De la lumière du Thabor il est longuement question à la sixième décade, P. G., loc. cit., 839-864. Cyparissiotès est, sur cette question, du même avis qu’Isaac Argyros. Voici sa conclusion : In diuinis luminîbus symbolicis præcipua est apparitio luminis facta in divinissima transfiguration vultus Domini, quee decorem corporis Christi post resurrectionem gtoriosi facti tanquam in imagine reprœsentabat, et symbolum erat divinitatis, qu.se in eo lalebat, pulchritudinemque Adæ anle peccatum significabat eamque jam naturam nostram in luunanitute Christi récupérasse ; quo lumine justi post resurrectionem resplendebunt. Ibid., col. 864. 2. Les IlaXapu-uxat Tza.pa.ey.azic, , énorme traité polémique, divisé en cinq livres, où tout le palamisme est passé en revue et magistralement réfuté. Le livre I, comprenant quatre dissertations ou Xôyot, expose le système palamite, en signale les multiples erreurs, en raconte la genèse, et montre comment l'Église palamite ne saurait être la véritable Église du Christ. De ce premier livre Combefis a publié les discours I et IV ; cf. P. G., t. ciii, col. 663-778. Le livre II réfute le tome synodal de 1351 et compte huit discours. Le livre III, comprenant lui aussi huit discours, épuise la question de la lumière thaborique. Le livre IV, en trois discours, traite des anathématismes du dimanche de l’Orthodoxie. Enfui, dans le livre V, divisé en cinq discours, Cyparissiotès réfute longuement Nil Cabasilas, qui arrivait à poser en Dieu quatre cpôaeiç, à savoir l’ouata y.oivY), l'ÛTtôa-raatç, l'èvépysta-, enfin aùxôç ô 0e6ç, ô lla-r/jp xal ô Ylàç xai tô Ilvsûjjta. Ce cinquième livre, le plus étendu de tous, fut composé avant les autres. Il est tout entier spéculatif. Contrairement à l"'Ex0eatç cttoixskôSyjç, qui est surtout positive, les IIaXau.1Tixai Ttapaêâaeiç font la part du lion à la théologie spéculative. Tous les subterfuges, tous les sophismes, tous les arguments des théologiens palamites y sont clairement exposés et magistralement réfutés. Inutile de dire que l'œuvre polémique de Cyparissiotès laisse bien loin derrière elle les dissertations de Grégoras. Ajoutons que Cyparissiotès a été unioniste, au moins dans la dernière période de sa vie, et a passé quelque temps à la cour pontificale sous Grégoire XI, qui lui faisait payer une pension (1376-1377). C’est ce qu’a démontré récemment Angelo Mercati, dans une note donnée à la Bijzantinische Zeitschrif t(Méangvs Heisenberg), t. xxx, p. 496-501 : Giovanni Ciparissiota alla corte di Gregorio XI (novembre 1376-décembre 1377).

8° Signalons enfin parmi les adversaires du palamisme le dominicain Manuel Calécas (fl410), Grec converti au catholicisme, qui nous a laissé une courte mais excellente réfutation du tome synodal de 1351, dans son opuscule nspt oùaiocç xai èvepystaç, P. G., t. clii, col. 283-428. Manuel recourt surtout aux arguments positifs d'Écriture et de tradition, mais il connaît bien saint Thomas, et cela lui donne une supériorité incontestable sur les polémistes qui n’ont puisé qu’aux sources grecques.

VI. Le palamismi : ei l’Occident catholique. — Pendant tout le temps que dura la phase aiguë de la

controverse palamite, c’est-à-dire entre les années 1341-1368, les pourparlers entre la cour impériale de Byzance et les papes en vue d’une croisade contre les Turcs et de l’union des Églises furent pour ainsi dire constants. Par ailleurs, les Latins ne manquaient pas en Orient, et il s’y trouvait aussi quelques Grecs convertis au catholicisme. Il était dès lors inévitable que le bruit de la querelle qui divisait l'Église byzantine en deux factions rivales ne parvînt aux oreilles des Occidentaux et qu’en particulier les légats du pape n’eussent un jour ou l’autre à s’en occuper.

1° Nous voyons, en effet, en 1355, le légat pontifical, Paul de Smyrne, assister, en compagnie de Jean V Paléologue, à la conférence contradictoire entre Nicéphore Grégoras et Grégoire Palamas. Quelle impression rapporta Paul de cette joute théologique, nous pouvons le conclure d’une lettre qu’il écrivit plus tard, c’est-à-dire postérieurement à la mort d’Urbain V († 1370), au pape et aux cardinaux pour rendre compte des discussions qu’il avait eues sur le palamisme avec l’ex-empereur Jean Cantacuzène aux alentours de 1366-1367. Dans cette lettre, publiée par Arcudius en grec et en latin, dans son ouvrage : Opuscula aurea theologica circa processionem Spiritus Sancti, Rome, 1630, et reproduite dans P. G., t. cliv, col. 835-838, il nous raconte qu’ayant été envoyé par Urbain V auprès de Jean V Paléologue (1366), il avait essayé de se faire une opinion sur la doctrine palamite, et n'était pas arrivé à y voir clair : Cum nosse verum hujus doctrinal cuperem, dit-il, Consktntinopoli degens, quando ad imperalorem Palxologum a commemoralo summo poniifice missus fui, quæsivimus istud scire, non autem potuimus verbo vel re aliquid cerli de hac opinione et impia doctrina comprehendere. Quapropter et coactus sum verbis asperis eos inseclari et veluti quibusdam argumentis provocare. P. G., loc. cit., col. 838. Si en 1366, il n’y avait encore rien compris, il est évident qu’en 1355, après la dispute des deux protagonistes, la lumière ne s'était nullement faite dans son esprit. Il crut pourtant, un moment, avoir saisi, à la suite de ses entretiens avec Cantacuzène, qui lui avait un moment concédé qu’entre l’essence de Dieu et ses attributs il n’y avait qu’une distinction de raison, xaT'èicîvoiav. Mais il fut bientôt déçu en lisant la relation de ces discussions écrite par Cantacuzène lui-même, relation qui nous est parvenue et dont nous avons parlé plus haut, col. 1797. En parlant de distinction xa-r'ÈTUvotav, l’empereur, comme les théologiens palamites, voulait simplement dire que l’essence et les attributs ne pouvaient être séparés que mentalement et non pas dans la réalité. La Statpsatç 7tpayu.a-n.x7], ou même la Stâxpiatç Ttpayjjta-rtxY) était niée, et seule la StaEpeaiç xar' è-tvotav était admise ; mais, en fait, la différence réelle, Stacpopà Ttpayu.a-ri.xr), était maintenue. Cantacuzène continuait à dire : aXXo tj ouata, àXXo tj êvépyeia, àXXo to ë/ov, ôcXXo tô Èyôu.evov. De plus, il proclamait l’existence d’une lumière divine incréée, qui ne s’identifiait pas avec l’essence divine : ce qui est absolument inacceptable : Deinde scripsit de lumine, quod apparuil in monte Thabor, asserens illud esse increatum, et non esse Dei essentiam, sed quandam divinam operationem, quod ne audilu quidem ferendum est ; niliil enim est increatum prælcr divinam essentiam. P. G., t. cit., col. 838.

La même lettre du patriarche Paul nous apprend que quelques Grecs avaient mis le pape au courant de l’erreur palamite et lui avaient appris que Cantacuzène partageait cette erreur : Nonnulli Grseci retulerunt commemoruluni imperalorem Cantacuzenum et Ecclesiam Grœcorum multas suo dogmate divinitates inducere supereminenles et remissas, eo quod assernnt quæ Deo insunt realiter inter se differre. Ibid. On dut encore (lie mieux renseigné quand Démétrius Cydo-