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1787 PALAM1TE (CONTROVERSE). ADVERSAIRES DE PALAMAS 1788

civile, il sévit contre les novateurs et ne nomma aux évêchés que des clercs d’une orthodoxie éprouvée. Cf. Jean Cyparissiotès, Palamiticarum trangressionum, i. I, sermo iv, c. 4, P. G., t. clii, col. 709 D. Il encouragea Acindyne à réfuter les écrits de Palamas, et lui-même s’employa à cette tâche. Tout alla bien tant que l’impératrice Anne lui donna sa faveur. Pendant plusieurs années, elle ne fit rien que par ses conseils. Si nous en croyons l’historien Nicéphore Grégoras, ce fut même une de ses suggestions qui prépara sa perte et, par le fait même, le triomphe du palamisme. Histor. byzant., t. XV, e. vu et ix. P. G., t. cxlviii, col. 1008, 1029. Ne regardant que le bien de l’empire, Jean engagea l’impératrice à se réconcilier avec Jean Cantacuzène. Toujours docile, Anne goûta le projet, et des pourparlers secrets durent s’engager avec le GrandDomestique. Les événements qui suivirent nous permettent de supposer que ce dernier posa comme conditions de la réconciliation l'éloignement du patriarche qui l’avait excommunié au début de sa révolte contre la cour, et l’acceptation de la doctrine palamite. L’impératrice eut la faiblesse de ne pas rejeter catégoriquement ces suggestions, qui la poussaient à sacrifier à la fois la vraie doctrine et son meilleur conseiller. Elle essaya d’abord de tranquilliser sa conscience sur la question de la doctrine et voulut se faire une opinion sur la théologie de Palamas. C’est dans ce but qu’elle demanda à celui-ci de la lui exposer brièvement. On devine la joie du théologien hésychaste devant ce revirement inespéré. Bien qu’il fût encore en prison, il ne fit pas attendre sa réponse, que Poivin a publiée en note dans son édition de V Histoire byzantine de Grégoras, t. XV, c. vii, P. G., loc. cit., col. 1010-1012. Elle est fort habile. Anne est complimentée de son zèle pour l’orthodoxie, et la doctrine d’Acindyne présentée comme apparentée au massalianisme et aboutissant logiquement à l’athéisme. L’impératrice voulut aussi avoir l’avis du philosophe Nicéphore Grégoras. Celui-ci se déclara contre Palamas et en faveur d’Acindyne. Désappointée, Anne lui demanda de mettre par écrit les raisons de sa décision.

Ceci se passait dans les premiers mois de l’année 1346. Jean Calécas et Acindyne durent bien vite s’apercevoir du changement qui commençait à se dessiner dans la politique de l’impératrice, et firent leur possible pour l'éclairer sur les erreurs de Palamas. Anne, elle, cherchait une occasion d’entrer en conflit avec le patriarche, afin d’avoir un prétexte pour se débarrasser de lui. L’occasion s’offrit, lorsque, vers le milieu de l’année 1346, le bruil courut qu' Acindyne, cette bête noire des palamites, allait être promu à l’ordre du diaconat. Elle fit savoir à Jean que cette ordination lui déplaisait. Le patriarche passa outre. Un décret d’expulsion contre le nouveau diacre fut la réponse de l’impératrice vexée. Le conflit parvenait à l'état aigu. Ce fut bien pire, lorsqu’il fut question de nommer Acindyne à la métropole de Thessalonique, qui avait perdu son pasteur antipalamite, nommé Hyacinthe, enlevé par une mort prématurée. A cette nouvelle, Anne n’y tint plus, et s'échappa en injures contre le prélat. Pour la calmer et se justifier, Jean lui fit remettre un recueil de dissertations, composées par lui-même, par Acindyne et par d’autres théologiens, où les erreurs de Palamas étaient exposées et réfutées. Nous soupçonnons que, dans ce recueil, se trouvaient les deux pièces anonymes publiées par Allatius dans son ouvrage, De libris ecclesiasticis Grsecoruw, dissert. II, et reproduites dans P. G., t. cl, col. 864-872.

La nouvelle du conflit entre l’impératrice et le patriarche porta la joie et l’espérance dans le camp des palamites. Cantacuzène crut le moment venu de faire déposer Jean Calécas par le petit groupe de prélats

qu’il traînait à sa suite. Leur chef était Lazare, patriarche de Jérusalem. On ne sait ou se tint la réunion. Le tome du synode de février 1347, dont nous parle rons tout à l’heure, nous apprend seulement que ce fut hors de la capitale. Le conciliabule rédigea un tome de déposition en bonne et due forme, qui ne nous est pas parvenu : xal aûvoSov iepàv ai>YxpoTY ; aavT£ç, xaOaiperixov TOfiov toù Toiaûxa toL|j !.côvtoç a>jYYP a ~

4*dqjievot xaGoapéast. TsXeîa xaOuîioêâÀXouaiv. Cod.

Dionys. Allion. 147, fol. 268. Cf. P. G., t. clii. col. 1278, où ce passage manque. En même temps, les six prélats palamites qui étaient gardés à vue dans leurs cellules, à Constantinople, adressèrent à l’impératrice un rapport virulent contre le patriarche. Ils l’accusaient d’avarice, de népotisme, de simonie, de parjure ; le traitaient de loup, de lion, de serpent, de persécuteur des orthodoxes, de protecteur des barlaamites et demandaient son expulsion. Voir le texte de ce rapport dans P. G., t. cli, col. 767-770. Il est daté de septembre 1346. Nous trouvons parmi les signataires deux prélats qui passeront bientôt au camp des antipalamites, à savoir Matthieu d'Éphèse et Chariton d’Apro.

Cependant l’impératrice était pressée d’en finir avec Jean Calécas, qui avait osé braver ses volontés Elle se tourna résolument du côté des palamites, et finit par trouver une dizaine de prélats, qui se prêtèrent à ses desseins et se convertirent, eux aussi, au palamisme. Lhiis à deux des signataires du rapport précédent, ils se réunirent sous sa présidence au palais impérial, au début de février 1347. Il y avait là, outre les sénateurs, le Premier de l’Athos, plusieurs moines et laïcs instruits. Le public ne fut pas admis. Appelé à comparaître devant ce conciliabule, Jean Calécas ne répondit pas : mais, quelques jours auparavant, instruit de ce qui se tramait contre lui, il avait lancé de nou veau l’anathème contre Palamas et tous ceux qui admettaient « ses dogmes impies ou, pour mieux dire, ses radotages », englobant dans cette condamnation les prélats qui, d’une manière anticanonique et sans jugement, avaient récemment supprimé son nom dans les diptyques sacrés. Voir le texte de cet anathème dans Allatius, De libris ecclesiasticis Grsecorum, dissert. II et dans P. G., t. cl, col. 863-864. G. Mercati, Notizic ed altri appunti, etc., p. 195, donne une addition à ce texte d’après le cod. Barber. 291, et croit le décret postérieur à la déposition de Jean, contre l’affirmation du tome anonyme d’Antioche, qui écrit : toûtwv S’exi. [j.e>, £Tco|jtéva)V ô mxTpiâpx’yiç, auXXoYioà[jLevoç ôtcoîov zaïau. tô 7répaç ocûtoïç, èaj(âT7]v t<xùtt)v ÈYYpacpcoç ty)v à7tox7)pu£w xaxà tgjv IIaXau.y)TÔJV SX9WVSÏ. Cod. Vatic. 2335.

Mais revenons au synode de l’impératrice. Le grand grief qu’on releva contre le patriarche fut que celui-ci avait combattu, de concert avec ce nouveau Barlaam qui s’appelait Acindyne, les dogmes de Palamas. Pour se donner de l’importance, on rédigea un long tome, où se trouve un exposé très partial de la controverse palamite jusqu'à 1347. Au demeurant, ce tome renferme des détails historiques intéressants et nous renseigne spécialement sur le contenu du recueil antipalamite que Jean Calécas avait fait remettre à Anne Paléologine pour éclairer sa religion, au moment où elle était sur le point de donner sa faveur aux sectateurs de Palamas. Le document se termine par la déposition du patriarche et la condamnation expresse d’Acindyne et de sa doctrine. On promet aux clercs antipalamites de leur conserver leur rang dans la hiérarchie, s’ils adhèrent aux dogmes de Palamas. Enfin, l’anathème est lancé contre tous ceux qui oseront attaquer à l’avenir Palamas et ses disciples, « ces véritables soutiens et défenseurs de l'Église et de l’orthodoxie. Tel est le tome du conciliabule palamite de février 1347.