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PALAMITE (CONTROVERSE). LE TOME HAGIORITIQUE


sent et attaqua ouvertement la doctrine de son ancien ami. Palamas se défendit, et donna vraisemblablement lecture du fameux tome hagioritique, 6 tou.oç àyiopsiTixôç, composé par Philothée en 1339 et signé par les principaux représentants du monachisme athonite. Nous avons dit, à l’article Palamas, col. 1749, que ce document était un résumé des principales thèses palamites. S’il fallait ajouter foi à Cantacuzène, loc. cit., col. 673 B, Palamas l’aurait présenté déjà au synode de juin. C’est une erreur manifeste, comme il ressort de ce qui a été dit plus haut. Acindyne fut condamné comme infecté de l’hérésie barlaamite, xsXécoç xaraSixY) xa0u7to6X7)0£VTOç à>ç Suaaeêoijç xai tû BapXaàji. aaçxïôç ôu.ocppovoûvTo< ; Sei/Oévtoç, dit le tome synodal de février 1347. On dut vraisemblablement rédiger quelque tome dogmatique, où le palamisme le plus cru était enseigné, et on vint le présenter à la signature du patriarche. Celui-ci refusa catégoriquement et considéra comme non avenu tout ce qui avait été fait. Plusieurs prélats, du reste, avaient protesté contre les nouveautés doctrinales du théologien hésychaste, et s'étaient rangés à la doctrine d’Acindyne.

Cependant les athonites continuaient à s’agiter. Leur réputation commençait à baisser dans l’opinion publique. Acindyne nous apprend que tout le monde les condamnait et leur disait des choses désagréables, are mxpà 7ïâvTcov v^Sv) xaTeyvcoojiivo !. xai xaxciç àxo’jovTeç. Patronnés par Cantacuzène, ils insistèrent pour.qu’on leur délivrât un document oiïiciel garantissant leur orthodoxie et leur réputation : èyxsi|j.£vo(. fjTOÏivTO ypâjj.[i.a ocÙtoïç yevéaOai, wote u.7) à7r66X7)TOi sïvtu Soxeïv. Acindyne, loc. cit. Cf. Jean Calécas, Explication du xôfxoç, loc. cit., col. 901 B : 'E^YjTYjas ensnix xai Yjvâyxacjev, ïva 7rotY)aco[i.Ev ypâ(i.[jia toïç fiova^oîç. Le patriarche finit par accéder à leur demande : il consentait à la publication d’une décision officielle portée au nom du synode du 10 juin et relatant ce qui y avait été fait, c’est-à-dire la condamnation des écrits de Barlaam contre les moines et la défense absolue d’agiter des questions dogmatiques. Mais qui allait rédiger le document ? Le clan palamite s’en chargea avec la collaboration de certains des prélats qui avaient assisté au conciliabule de Cantacuzène. De leur commune entente sortit ce qu’on a appelé le SuvoSoxôç rôjjioç commençant par les mots 'ErauvsTÔç àXr)0<ôç 6 eîtoôv, P. G., t. ci.i, col. 079-692. Il se présente comme un récit officiel, fait par le patriarche, de ce qui s’est passé au synode du 10 juin. On n’y rencontre pas la moindre allusion au conciliabule du mois d’août. Nulle part la doctrine palamite n’y est formellement disculée ou approuvée, mais tout est habilement disposé et agencé pour donner l’impression d’une approbation tacite et indirecte. Au début, par exemple, on raconte que Barlaam a accusé les hésychastes d’enseigner que l’essence de Dieu était participable et que les moines se sont défendus en répondant que ce n'était pas l’essence de Dieu qui était participable, mais la grâce incréée, éternelle et déifiante du Saint-Esprit, où ttjv oùaîav, àXXà ttjv axTiatov xai aiStov xai Osottoiôv /âptv toû IIvstJfiaToç. Puis, quand il s’agit de réfuter l’opinion du Calabrais sur la nature de la lumière thaborique, au lieu de rapporter simplement les extraits des homélies de saint Jean Damascène et de saint André de Crète, qui furent réellement lus au concile du mois de juin, on aligne une longue enfilade de textes patristiques, tout ce que Palamas avait pu trouver de mieux en faveur de sa doctrine sur la lumière divine éternelle et incréée. Cette longue suite de passages constitue donc une véritable interpolation. Sans doute aucun d’eux n’enseigne explicitement ce que les Palamites veulent y trouver ; mais il y a des expressions vagues et ambiguës, des

métaphores et des synecdoques qui paraissent appuyer la thèse de Palamas. Sans doute aussi, le tout est cité directement dans le but de combattre Barlaam, qui faisait de la lumière thaborique un phénomène matériel, une apparition transitoire d’une lumière miraculeusement produite par Dieu et aussitôt évanouie, inférieure par conséquent en dignité à la lumière intellectuelle de l’ange ou de l’esprit humain ; mais l’ensemble va naturellement appuyer la doctrine de^ hésychastes.

Quand la pièce fut rédigée, on la présenta à la signa ture du patriarche. Celui-ci s’aperçut bien de la fraude, et refusa d’abord son approbation, déclarant que le document ne rendait pas la vraie physionomie du concile du 10 juin, et avait un caractère tendancieux au point de vue doctrinal : oùx eûXoyov eîvai -po6aXX6[j.£voç èç>'oîç oixovo[j. !.xoj< ; 7) aùvoâoç SteTrpâÇa-ro, t6 ; aov 7îpo6r ; vai auvoSixov, dit le tome du patriarche d’Antioche. Acindyne, du reste, était là pour lui dévoiler la perfidie des palamites, lui qui écrira trois ans plus tard : « Le tome fut rédigé, et Palamas y glissa frauduleusement son hérésie, en partie du moins, contre la volonté du patriarche : ysyove xoivuv 6 TÔ[i.oç, xai 7rapEjjr.6X-/]0'/) SoXiax ; Trapà v/jv cty ; v yvw[xr ( v sv tû t6[xcù èx [iipouç Ta Éau-roô roxp’aÙTOÛ. » Loc. cit., fol. 53 v°. Jean Calécas, cependant, finit par céder devant les instances des partisans secrets de Cantacuzène et, comme malgré lui, apposa sa signature. Il crut parer à l'équivoque doctrinale que présentait la pièce et à l’abus que pourraient en faire les partisans de Palamas, en ajoutant, à la fin, la défense sévère, sous peine d’excommunication, de dogmatiser à l’avenir sur quoi que ce soit, soit verbalement, soit par écrit. Il dira plus tard que, dans sa pensée, le tome visait simplement à repousser les accusations de Barlaam contre les moines et sa doctrine sur la lumière thaborique. Les textes patristiques cités ne tendaient qu'à cela, et l’on n’en avait donné aucune interprétation officielle : ùnkp wv Sy) xeçaXaiwv xai rà pyjTà twv àyiojv sTS07)cav STcsÇspyacrîaç tzô.gtc, ycùçXc, xai IheSt)yr)a£cùç. Explication du tome, loc. cit., col. 901 C.

Avec le patriarche, plusieurs métropolites souscrivirent le document : mais d’autres refusèrent, parmi lesquels Athanase de Cyzique, qui ne signa qu’en 1346, au moment de se joindre à la faction des prélats mécontents qui allaient se rebeller contre le patriarche et bientôt le déposer. D’autres signatures postérieures, que rapportent les manuscrits en appendice au tome, s’expliquent de la même manière, et certains historiens ont eu tort de s’appuyer sur ces additions postérieures pour contester l’authenticité du document. Cette authenticité, du reste, est tout à fait relative. La pièce est authentique en ce sens qu’elle a été signée par le patriarche et plusieurs métropolites. Mais : 1° Elle n’a pas été rédigée parle synode du tOjuin 1341. 2° Elle donne un récit tendancieux et interpolé de ce qui s’est passé et fait dans ce synode ; 3° Elle respire l’air du conciliabule palamite du mois d’août, après lequel Palamas et les siens l’ont composée. Ainsi s’explique le litre donné par les manuscrits : SovoStxôç t6|xo< ; ysypajji^.évoç ztX xatç ÈÇsXsyÇâo-aiç xai àno6aXXo|jivai.< ; ty ; v tou BapXaàjj. xai 'AxtvSûvou [i.eyâXaiç auviSoiç.

II. LE TOME il A GIOR1 TIQ UE. — Nous avons déjà parlé plus d’une fois de ce document, que l’on trouve dans la P. G., t. cl, col. 1225-1236. Composé au mont Athos, dès 1339, par Philothée Kokkinos, encore simple moine, sous la dictée, pour ainsi dire, de Palamas, il vise directement Barlaam, et résume la théologie nouvelle de Palamas sur la grâce et la lumière divine incréée, la distinction réelle entre l’essence de Dieu et ses opérations éternelles et incréées, le siège du vouç dans le cœur ou le cerveau, l’influence du corps sur