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PALAMAS. AUTRES DOCTRINES


si l’idée centrale est un emprunt, les développements sur l'âme et l’ange, images de la Trinité, paraissent bien lui appartenir.

Admettant la spéculation augustinienne et thomiste sur les processions divines, Palamas aurait dû, semble-t-il, aboutir à la procession du Saint-Esprit ab utroque. Mais la tradition de l'Église byzantine lui barrait le droit chemin de la logique. Aussi, tant dans les Capila theologica que dans les écrits polémiques contre les Latins, maintient-il le dogme photien de la procession du Saint-Esprit du Père seul. A en croire Philothée, Panégyrique, col. 627 CD, ses deux discours contre la doctrine catholique seraient si originaux et si bien étofïés, qu’ils laisseraient bien loin derrière eux toutes les productions antérieures de la polémique byzantine sur le même sujet, et que celles-ci, en comparaison, ne sont que jeux d’enfant et faibles commencements, OÏOV TO’JÇ TTpÔ OOJTOÛ 7TpÔç AoCUVOUÇ Ô^OÙ

rcàvraç TiaiSiàv ànoSsl^ai. xal 7tp6axY]|U.a 81aÀé£, sa>< ;. L'é oge nous paraît plus qu’hyperbolique. Rien, en effet, ou à peu près rien, dans ces pièces, et aussi dans les 'AvTsmypacpcû, qui ne se rencontre ou expressément, ou équivalemment, chez les polémistes antérieurs. Toute l’originalité du théologien hésychaste a consisté à faire jouer, dans la question présente, sa fameuse distinction entre la personne du Saint-Esprit et son énergie ou grâce ou opération D’après lui, la personne du Saint-Esprit n’est ni envoyée, ni donnée, mais seulement sa grâce et son opération. C’est seulement à ce point de vue qu’on peut dire que le Saint-Esprit vient du Fils, èx toù Tloù : oùx àpa èx toù Tloù ècttI to IIvEUfxa, et jxyj tyjv x^piv eire-fiç IlvEÙfxa xal tyjv èvépysiav. Deuxième discours, éd. cit., p. 71 ; cf. p. 12. Pourquoi cela ? Parce que la mission, à710aToXYj, est commune aux trois personnes. Cette mission consiste dans la manifestation du Père, du Fils et du Saint-Esprit : non de leur essence, qui est absolument invisible et indicible, mais de leur grâce, vertu et opération, qui est commune aux trois : xoivôv ë'pyov y) àTtoaroXy], 8yjXov6ti y) çavépcoaiç IlaTpôç, Tloù xal riv£Û[i.aTOÇ- cpavspoÙTai Se où xaT’oùcrlav..,

, àXXà xaTà tyjv x^pw xal tyjv 8ùva|jit.v xal tyjv sv èpysiav, tj-lç xoivyj eau.. Confession de foi, P. G., t. ci.i, col. 766.

Comme ses prédécesseurs, il est fort embarrassé pour expliquer la formule des Pères grecs : èx toù LTaTpôç Sià toù Tloù sx7Top£Ù£Tai to Uv£Ù}i.a. A leur exemple, il en donne les interprétations les plus fantaisistes. Ou bien il le traduit par : avec le Fils, aùv tco Tlù, (XcTa toù Tloù — il n’admet pas, comme d’autres, ii, sTà tov Tlôv, après le Fils — (cf. l eT discours, p. 25, 41 ; 2e discours, p. 63 : où [X£Tà tov Tlôv xaTa tyjv ÙTrcxp^iv, àXXà liSTà toù Tloù ; et p. 93 : oùx sic tyjv èx, àXX' £Îç Tyjv aùv 7Tp66sCTiv tyjv Stâ voYjaofzsv te xal u.sttxr]^6u, eQK) ; ou bien il le rapporte à la procession temporelle ou mission, èx toù LTaTpôç Sià toù Tloù toïç àyiaÇo[iivoiç èyylvsTat, Yjvlxa av Seot (cꝟ. 7 er disours, p. 26 ; 2- discours, p. 94) ; ou bien il l’entend de la consubstantialité, tô àroxpaXXaxTÔv, evcooiç xaT’oualav xal è[i.o60uXîav. Contre les êraypaçai de Veccos, P. G., t. clxi, col. 244-245.

Quant aux textes patristiques qui portent a Paire Filioque procedil, prouenit, profunditur, s’il s’agit des formules gre< ques : èx toù Tloù upÔEtai, TrpoysÏTai, TrpospxsTOCi, il nie qu’elles soient équivalentes pour le sens à celle-ci : èx toù Tloù èx7ropeÛ£Toa. Sixième àvTs7rtypa<pY), loc. cit., col. 265 BC ; s’il s’agit de la formule latine, il s’en tire à bon compte par le dilemme suivant : « Ou tu falsifies le texte, ou tu l’interprètes mal et tu expliques sans le secours de l’Esprit ce qui a été dit par l’intermédiaire de l’Esprit ; ou lu préfères une opinion particulière à la doctrine commune : ïj uapa/apàxTeiç aÙTÔç, yj TcapaXoylÇYj xal TrapEçVrjyYJ. [xyj (xsTà toù flv£Ù(J.aToç ÉptXY.vEÙcov Ta eîprjjjiéva Sià toù Ilvsù[i.aTOÇoù |XY)v àXX' si xal toùto 6slYj(i.£v, Ô7rep oùx eot'.v, où

TrpoaSsxTÉa [AâXXov Ta xoivꝟ. 7tapa8£So ; i.£va tcïjv ISlwç ElpYjjj-Évcov ÉxaaTco. » Premier discours, p. 41. Il admet pourtant que le Saint-Esprit passe éternellement ; 'i travers le Fils, èx toù IlaTpôç èv tw Tlw SiYjxei àïSlwç, ibid., p. 94, tout en repoussant l’idée que le Fils jouerait, dans le cas, le rôle de canal inerte ou d’instrument, 81.a6aTi.xwe te xal TrapoSixwç, yj wç 8V ôpyâvoi). Ibid.. p. 95.

Il n’arrive pas à comprendre comment les Latins peuvent dire que le Père et le Fils sont un seul principe du Saint-Esprit, tout ce qui est commun, dans la Trinité, l'étant aux trois personnes. C’est pourquoi, malgré leurs affirmations, ils posent en fait deux principes du Saint-Esprit : ce qui est absolument inacceptable. Premier discours, p. 16-17, 39. Barlaam, en combattant (es Latins, avait émis comme plausible l’hypothèse d’un principe subalterne, subordonné à un premier principe et venant de lui, yj èx tyjç àpxîjç àpXY). Il n’y aurait, disait-il, aucun inconvénient à poser deux principes du Saint-Esprit, à savoir le Père et le Fils, le Fils étant subordonné au Père et venant de lui : (r/jSsv cctottov EÏvai EÏ tiç 8ùo p.èv àp)(àç XÉysi, tov IlaTspa SyjXovoti xal tov T16v, jj.yj (iivTot y£ àvT18 !.Y)pY ; fiivaç [ayjSÈ àvTiBÉTOuç àXXYjXaiç, àXXà tyjv ÉTÉpav utcô tyjv ÉTÉpav, yj ex tyjç £TÉpaç. Palamas repousse énergiquement cette conception, qu’il prête à tort aux Latins dans sa Première lettre ù Acindyne, dont P. Ouspenskii, L’Alhos. éd. Syrkou, t. iii, Saint-Pétersbourg, 1892, p. 710-712 donne de longs extraits.

Pour mieux ruiner le dogme catholique, il pose en principe que l’ordre des personnes divines, tel qu’il est donné dans la formule baptismale, n’est point basé sur l’ordre éternel des processions divines, mais est purement accidentel et rappelle simplement l’ordre chronologique de la manifestation extérieure des personnes divines, le Fils ayant été révélé aux hommes avant le Saint-Esprit. Dans l'Écriture et les écrits des Pères, le Fils n’occupe pas toujours le second rang : oùx àvayxalcoç oj8' àel fji£Ta tov Tlov 7rapà ttjç Geotcveùoto’j TÎOsTai ypatpîjç to IIv£Ù[i.a to ayiov. Premier discours. p. 34, 35-37 ; cf. 'AvrerciypaçaÊ, loc. cit., col. 257 D.

Enfin, il cherche à justifier l’addition du mot hôvej faite par les théologiens photiens à la formule du symbole èx [iovou toù IlaTpôç, au lieu de : èx toù IlaTpôç lx7TopsÛET « i, par la comparaison avec la génération éternelle du Fils : De même, dit-il, que dans la formule : tov Tlov èx toù IlaTpôç ysvvYjOèvTa, il faut sousententre xojou (engendré du Père seul), de même èx toù riaTpôç èxTiopEÙETai to LTv£Ù(i.a équivaut à èx [xôvoo toù LlaTpoç, et l’on ne trahit pas la doctrine du symbole en disant : Le Saint-Esprit procède du Père seul. Du reste, les Orientaux se sont bien gardés d’attenter à la lettre du symbole en ajoutant piovou à ex toù IlaTpôç yEWYjOÉvTa, tandis que les Latins n’ont pas craint d insérer le Filioque dans la formule de foi commune. Palamas développe longuement cette petite trouvaille. Premier discours, p. 6-12.

3° L état primitif, le péché originel et ses suites. — Sur l'état primitif de l’homme au paradis terrestre, sur l’existence, la nature et les suites du péché originel notre théologien a une doctrine très ferme et, certains détails de système mis à part, tout à fait orthodoxe.

A la suite de plusieurs Pères grecs et théologiens anciens, il distingue nettement dans Adam innocent la nature et la surnature. La nature est appelée le to xaT’E'.xôva ; la surnature est le tô xa0' ô[i.olwai.v. Le tô xaO'ô^oloxïw est essentiellement constitué par le don de la grâce divine, que Dieu infusa au premier homme en même temps que l'âme. La grâce elle-même entraînait avec elle ce que nos théologiens appel ent le préternaturel : immortalité, immunité de la concupiscence, etc. :

'O ©SÔÇ TÔV 'A8x|i., TÔV Y)|i.£T£p6v TTOTE 7Vp07TaT0pa, XaT'

sîxôva xal Ô[xoIwcti.v èauToù XTtaaç, xaxlav oùSetxlav