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PALAMAS. ŒUVRES


p ; ible se de relever ; ainsi de l'Église latine, une fois tombée dans l’erreur. De retour à Thessalonique (1356), le théologien hésychaste consacre les dernières années qui lui restent à vivre à réfuter, dans un ouvrage en quatre livres, les écrits polémiques de Nicéphore Grégoras. Le 14 novembre 1359. il meurt, d’après Philot liée, de la « maladie d’entrailles qui avait déjà failli plusieurs fois l’emporter. Nicéphore Grégoras et Isaac Argyros précisent qu’il s’agit de l’iléus, et ils ne manquent pas, à ce propos, de faire une comparaison désobligeante avec le mal dont mourut Arius : Celui-ci, pour avoir rabaissé le Verbe au rang des créatures lut pris par en bas ; Palamas, pour avoir osé élever une lumière créée à la hauteur de la divinité, fut puni par en haut. Cf. Nicéphore Grégoras, Hist. byzant. t. XXXVII, P. G., t. cxlvjii. col. 485 ; Isaac Argyros, Contra Palamam, dans le Cod. Yatic. græc. 1096, fo.112. 4° Honneurs posthumes.

Acclamé déjà de son vivant comme un grand défenseur de l’orthodoxie par

une Église qui, après l’avoir excommunié comme hérétique, avait canonisé sa théologie, Palamas ne pouvait tarder d'être élevé sur les autels et honoré comme un grand saint. Son fidèle disciple. Philothée Kokkinos. redevenu patriarche en 1364, établit officiellement son culte dans la Grande Église, au synode de Constantinople de 1368, après une enquête sur les nombreux miracles qu’on disait avoir été opérés à son tombeau. De ces miracles, Nicéphore Grégoras nous rapporte qu’ils furent faits sur commande par la pieuse supercherie de disciples fervents, qui voulant auréoler leur maître et effacer le souvenir de sa fin ignominieuse, persuadèrent à de pauvres hères, moyeni ; ii t finance, de se faire guérir de maladies plus ou moins imaginaires au tombeau de Palamas, à la suite de songes miraculeux. Nicéphore Grégoras, op. cit., I XXXVII, 10, col. 485-488. De fait, des quatorze miracles que, dans son Panégyrique de Palamas, Philothée nous présente tomme ayant été accomplis pour glorifier son héros, neuf se passent en songe ou sont opérés à la suite d’une apparition de Palamas, pendant le sommeil. Le quatorzième, que le narrateur considère comme le principal de tous, la xopwviç de la série, n’est autre chose que le ridicule rêve d’un moine de la grande laure de l’Athos, qui voit, pendant son sommeil, le chœur des Pères de l'Église réunis en synode et n’osant trancher la question mise en délibération, avant l’arrivée de Palamas, un instant retenu en audience auprès du Père éternel. Quand il arrive, tous les Pères se lèvent pour lui présenter leurs hommages et acceptent comme un oracle lumineux la solution qu’il donne. Philothée. op. cit., P. G., t. cli, col. 635-654. Le lecteur peut lire le récit des autres prodiges. Il n’en trouvera aucun que, même supposée la réalité des faits, notre Congrégation des Rites pût retenir comme digne d’examen. Quatre sont des guérisons de constipation ou de dysenterie à la suite de bains, ou de frottement des reins contre le sépulcre de Palamas, ou de réception de VEuchalœon. Un moine est guéri d’une enflure à un pied après huit jours. Un autre perd son mal de tête après une apparition de Palamas en songe. Un autre recouvre l’usage de trois doigts paralysés après les avoir longtemps frottés contre la paroi du tombeau. La réputation de thaumaturge du théologien hésychaste a été soigneusement entretenue dans la suite. Dosithée de Jérusalem, dans leTcpioç àyâmyjç, (p. 29-31 des prolégomènes), déclare que le corps de Palamas est conservé intact dans l'église du martyr saint Démétrius, à Thessalonique, et qu’il opère des miracles. Lors de l’incendie de cil édifice en 1890, les restes de Grégoire ont eu quelque peu à souffrir. Ils sont actuellement vénérés dans la nouvelle cathédrale Saint-Grégoire Palamas, à Salonique.

En le canonisant, Philothée assigna à Grégoire Palamas, dans le calendrier byzantin, une place de choix. Passant par dessus les règles liturgiques, il lui consacra le deuxième dimanche de carême, et à l’office de ce dimanche substitua Vacolouthie du nouveau saint, qu’il composa lui-même. Cette innovation et cet office se sont maintenus jusqu'à nos jours dans toutes les Églises dissidentes issues de Byzance, y compris l'Église russe. Philothée, dans l’acolouthie en question, donne à son héros les louanges les plus hyperboliques. Il le salue comme la trompette de la théologie, la lyre tout harmonieuse du Saint-Esprit, la colonne inébranlable de l'Église, le fleuve de la sagesse, le défenseur de l’orthodoxie, le miroir de Dieu, la cime des docteurs. Et, dans le panégyrique qu’il a composé en son honneur, il va jusqu'à l’appeler « le défenseur, le gardien et le sauveur de l'Église universelle du Christ après le premier et unique Sauveur, ô Tr, ç xoiv^ç Xp'.aro’j 'ExxXijoîaç xal nç-oaiâ^ç, xai cpùXaÇ xai puer.ïjç xal ca>T7 ; p [ietc* tov TtpwTov xal [xcvov romjpa ». P. G., t. cli, col. 656 A. Le second dimanche de carême n’est pas le seul jour où l'Église grecque dissidente chante publiquement la gloire de Palamas. Au dimanche de l’Orthedoxie, on lui crie éternelle mémoire pour avoir abattu l’hérésie barlaamite, et on le célèbre encore le 14 novembre, jour anniversaire de sa mort.

Si nous nous en rapportons à Philothée, Grégoire Palamas fut un modèle de vertu et de sainteté du berceau à la tombe, orné par Dieu des charismes les plus merveilleux, semant les miracles sur ses pas, un esprit supérieur, un théologien incomparable. Si l’on écoute ses adversaires, qui furent nombreux et appartenaient à l'élite intellectuelle de la société byzantine, nous avons en lui un cerveau étroit et entêté, rebelle à l’autorité ecclésiastique, un illuminé qui se crut la mission d'éclaircir et de développer le symbole de la foi et l’enseignement des anciens conciles. Démétrius Cydonès lui applique le mot d’Aristophane : u.£T£ « posçévocE, le charlatan qui fait des dupes en discourant dans les nuées. Il y eut certainement chez lui quelque chose de l’illuminé, qu’une fausse mystique avait égaré dès sa jeunesse, et qui eut des faux mystiques l’imperturbable aplomb et le sentiment de l’infaillibilité personnelle. En voulant justifier à tout prix la prétention de certains hésychastes à voir Dieu dès cette vie, il inventa une théologie que réprouve la philosophie et la théologie chrétienne la plus élémentaire. Au demeurant, il ne manqua pas de qualités. Autant que nous pouvons en juger, ce fut une âme foncièrement religieuse. Ceux de ses écrits qui ont été composés en dehors de toute préoccupation polémique ne sont pas sans mérite littéraire et quelques-uns sont remarquables, r.ous ïe verrons, sous le rapport de la doctrine.

II. Écrits.

Nous avons de bonnes raisons de croire que la presque totalité des écrits publiés par Grégoire nous ont été conservés et qu’on les retrouve à peu près tous dans les manuscrits qui nous sont parvenus. Il y a d’abord le témoignage de Philothée, qui signale la plupart d’entre eux dans le panégyrique déjà cité. Par ailleurs, le culte public dont Palamas fut l’objet, aussitôt après sa mort, nous est un sûr garant du soin avec lequel on a dû conserver tout ce qui était sorti de sa plume.

Tous ces écrits sont d’ordre théologique. Nous les divisons en quatre catégories : 1° Les œuvres polémiques, qui sont de beaucoup les plus considérables ; 2° Les œuvres morales et ascétiques ; 3° Les œuvres hagiographiques et liturgiques ; 4° Les œuvres perdues, douteuses ou apocryphes. Certains auteurs, comme Grégoire Paparnikhaïl, op. cit., p. 158 sq., 234 sq., distinguent les écrits proprement dogmatiques des