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OTLOH DE SAINT-EMMERAN

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expériences personnelles du poète. En dehors de cela, rien qui ne se retrouve dans tous les auteurs analogues. Le livre se termine dans le nis. par un Sermo ad avaros uel superbos, en vers hexamètres, col. 293-295, suivi d’une paraphrase, dans le même mètre, sur la séquence Veni sancte Spiritus, col. 295, et de deux hymnes, en strophes saphiques, sur l’Epiphanie et Noël, col. 295-297, qui n’ont rien de particulièrement remarquable. Il n’y a pas de raison de contester à Otloh ces compositions.

2° De tribus quæstionibus (ibid., col. 59-136). — Ce traité en prose, d’allure plus théologique que le précédent, reproduit un dialogue tenu à Saint-Emmeran, en 1054, entre l’auteur et un moine d’Augsbourg qui était venu lui faire visite. Les trois questions sur lesquelles roule la discussion se rapportent : à la façon dont se manifeste l’amour que Dieu a pour l’homme et qui est à la fois douceur et sévérité (c. i-xvi), aux différentes sortes de jugements divins : quæ sint judicia jusla, qux necessaria, qux etiam occulta (c. xvii-xxix), à la capacité qu’a l’homme de surmonter les difficultés qu’il rencontre à faire le bien (c. xxx-xxxm). A quoi se relie, sans transition, une série de développements sur les nombres 1 et 3, leur rapport dans la Trinité, les images et figures de ce mystère qui se rencontrent dans le monde sensible et le monde intellectuel, puis des considérations plus bizarres encore sur les nombres 2, 3, 4, 5, et leur signification mystique, sur les nombres compris entre 5 et 10. Entré dans cetle voie des « harmonies », l’auteur ne sait plus s’arrêter et retrouve à peine, en son dernier chapitre, le fil qui devait rattacher ces admirables élévations à son thème primitif (c. xxxiv-xlix). Le tout est complété par une série de proverbes, les uns en vers, les autres en prose, amorce d’un recueil qui sera complété plus tard (col. 131-134).

3° Liber visionum (ibid., col. 341-388). - - C’est un recueil que l’auteur compare lui-même au 1. IV des Dialogues du pape saint Grégoire. Il y a rassemblé un certain nombre d’apparitions surnaturelles qu’il a éprouvées lui-même, ou dont il a entendu le récit, ou qu’il a trouvées en des livres antérieurs ; beaucoup d’histoires de revenants, assez propres à nous éclairer sur les conceptions médiévales relatives à l’au-delà ; la sincérité d’Otloh n’est pas contestable, il faudrait plutôt incriminer la sûreté de son jugement. Quelques-unes des anecdotes sont d’une stupéfiante invraisemblance, voir par exemple, c. xviii, col. 373, l’histoire du pendu ressuscité après être resté accroché au gibet, de la semaine après la Pentecôte jusqu'à la SaintJacques'

4° Libellus manualis (ibid., col. 243-202). — Le sous-titre indique bien l’objet : De admonilione clericorum et laicorum. L’admonition est rendue fort nécessaire par l'état de décadence où est tombée l'Église ; il est grand temps de revenir aux règles que nous propose la foi. Après avoir exposé brièvement le mystère de la sainte Trinité (avec, reprise de plusieurs explications déjà utilisées antérieurement), l’auteur tourne à l’exhortation morale. Tout cela sous forme assez populaire et sans grand souci de la composition.

5° Quomodo legendum sit in rébus visibilibus (publié parmi les Opéra dubia de Bède, P. L., t. xciii, col. 1 1031128). — Partant d’un mot du psalmiste : Deus de cœlo prospe.rit ut videat si est intelligens aul requirens Deum, Ps., lii, 3, Otloh veut donner à ses auditeurs (il s’agit en elTet d’un sermon) l’idée de regarder autour d’eux ; ils s’apercevront vite, s’ils ont le sens chrétien, que les plus infimes circonstances de la vie les amènent à penser à Dieu, à leur âme, à leur destinée, aux moyens de faire leur salut. Ainsi s’ac cumulent, avec une asse « fâcheuse monotonie, des développements introduits chacun par un Sicut ; il y en a 110 du même style, les premiers assez longs, les derniers tournant au proverbe ; le tout se termine par une amplification sur le mystère de la Trinité, col. 1120, qui rappelle des propos déjà rencontrés plus haut.

6° De cursu spiriluali (P. L., t. cxlvi, col. 139-262). — C’est le plus volumineux des ouvrages d’Otloh. Traduisons cursus par la course. Semblables aux coureurs dans le stade, les chrétiens, clercs, moines ou simples laïques, doivent s’efforcer de gagner la palme de la victoire. C’est au psautier d’abord, le livre par excellence de la prière monastique, que l’auteur emprunte ses exemples et ses exhortations, puis, très sommairement, à d’autres livres de l'Écriture, enfin aux évangiles ; le récit des expériences personnelles de l’auteur (c. xxi sq.), particulièrement des difficultés qu’il a éprouvées dans la poursuite de la perfection, se termine par un long entretien de son âme avec Dieu dont plusieurs passages ne manquent pas de beauté.

7° Liber de temptalionibus (ibid., col. 29-58). — Dernier en date des ouvrages d’Otloh, cet opuscule reprend d’une manière systématique, en les encadrant tellement quellement dans un récit de sa vie, les confidences déjà faites par lui sur ses états d'âme. Ce n’est pas tout à fait le genre des Confessions de saint Augustin, et l’exposé ne se tourne pas en prière. Mais il y a des analyses psychologiques assez poussées. Nous avons déjà dit que la seconde partie de cet ouvrage, à l’instar des Rétractations de saint Augustin, donnait une notice littéraire sur chacun des livres publiés par Otloh.

8° Libellus proverbiorum (ibid., col. 299-338). — Recueil de proverbes dont nous avons déjà rencontré un embryon. Ici les proverbes sont rangés dans l’ordre alphabétique de leurs premiers mots : en tête ceux en prose, et d’abord ceux qui sont empruntés plus ou moins à l'Écriture, puis quelques textes en vers. La préface est intéressante en ce qu’elle exprime les idées d’Otloh sur la formation littéraire des jeunes moines, formation dont il a été longtemps chargé. Qu’aux textes profanes (il pense aux Proverbia Senecie, aux fables d’Avianus, et au Disticha Catonis), on ne craigne pas de substituer des textes empruntés à l'Écriture ou exprimant des pensées du même ordre. Nous avons ici la claire manifestation d’un état d’esprit qui se manifeste ailleurs dans l'œuvre d’Otloh.

9° Travaux hagiographiques. - - A plusieurs reprises notre auteur a été prié de refaire des « vies de saints » que l’on trouvait incomplètes ou mal écrites. C’est ainsi qu'à Fulda il a récrit la Vie de saint Boni/ace composée par Willibald, en y introduisant, soit dans le corps du texte, soit sous forme de « pièces justificatives », une série de lettres que l’on avait rassemblées dans cette abbaye. Texte dans P. I.., t. lxxxix, col. 633-664 et mieux dans W. Lewison, Vitie sanctt Boni/atii archiepiscopi Moguntini, Hanovre et Leipzig, 1905. Du même genre la Vita Wolfkangi, composée à Saint-Emmeran en contaminant une vie de cet évéque de Ratisbonne († 994) avec les souvenirs, fournis par Arnold, son abbé, texte dans P. L., t. cxlvi, col. 391-422, d’après les Mon. Germ. hist., Script., t. iv, p. 521-542 ; la Vita sancti Altonis, qui se trouvera dans Mon. Germ. hist., Script., t. xv b. p. 843-846 ; la Vita sancti Nicolai dont Wattenbach n’a édité que le début et la fin, dans Neues Archiv, t. x, 1885, p. 408 sq. ; la Vita sancti Maqni, dont un fragment est publié dans les Acta sanctorum, septembre t. ii, p. 701. — - C’est sans doute aussi à Otloh qu’il faut attribuer une Translalio sancti Dionysii, dont il n’y a que quelques lignes dans