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OSIANDER — OSUNA

pain et le vin et le corps et le sang de Jésus. C’est l’opinion que Bossuet prête à Osiander, dans l’Histoire des variations (t. II, 3). Mais le langage d’Osiander n’a jamais été clair sur ce point. Ce qui est sûr, c’est qu’Osiander attachait, dans son système, une telle importance à la présence réelle eucharistique, qu’il était enclin à regarder comme des zwingliens déguisés ceux qui refusaient d’admettre sa théorie de la présence réelle de la justice divine dans les cœurs des justifiés

Sources.

Œuvres d’Osiander, énumérées dans Auctarium

de Lehnerdt, 1835 ; Briefe Osiander’s, dans K. und W. Krafft, Briefe und Dokumente, Elberfeld, 1876, et dans Tschackert, Ungedrùckte Briefe zur allgemeinen Reformationsgeschichte, Gœttingue, 1894, et Urkimdeubuch zur Reformalionsgeschichte des Herzogtums Preussen, Leipzig, 1890.

Biographies.

Wilken, And. Osiander’s Leben, Lehre u.

Schri/ten, Stralsund, 1844 ; Môller, A. Osiander’s Leben u. ausgew. Scbriflen, Elberfeld, 1870 ; Hase, Herzog Al. v. Preussen u. sein Hofprediger, 1879 ; Hirsch, exposé de la théologie d’Osiander, dans Zeitschrift fiir Kirchengeschiclile, t. xliii (neue Folge, vi), Die Théologie des A. Osiander und ihre geschichtlichen Voraussetzungen, Gœttingue, 1919.

L. C.RISTIANI.

OSORIO (Jérôme d’), prélat portugais (15061580). — Né à Lisbonne, en 1506, d’une très illustre famille, Jérôme d’Osorio continua à Paris, puis à Bologne, les études qu’il avait commencées à Salamanque. Il acquit de la sorte des connaissances variées et solides, qui firent de lui un des premiers humanistes de son temps. En particulier, la facilité avec laquelle il s’exprimait dans la langue latine lui a valu le surnom de Cicéron portugais. Rentré en Portugal, il enseigna quelque temps à l’université de Coïmbre, où il expliqua Isaïe et l’épître aux Romains. Ordonné prêtre, il reçut la cure de Tavara, mais fut bientôt nommé par le cardinal don Henrique archidiacre d’Évora ; enfin, en juin 1564, il devenait évoque de Silves, dont il transportera, en 1577, le siège à Faro. Personnage très en vue à la cour de Portugal, il s’efforça d’exercer une influence modératrice sur le roi Sébastien, mais ne put le détourner de la désastreuse expédition entreprise par lui au Maroc, où il devait laisser sa vie, le 4 août 1578. La succession étant échue au cardinal d’Évora, don Henrique, Osorio joua un rôle considérable auprès de celui-ci. Il n’a pas été étranger aux mesures par lesquelles le cardinal-roi écarta du trône don Antonio, héritier de la couronne, ouvrant ainsi les portes toutes grandes à l’ambition du roi d’Espagne, Philippe II. La bonne renommée d’Osorio en reçut quelque atteinte et il dut se disculper dans un écrit intitulé Dcjensio sui nominis. Il ne vit d’ailleurs que le début des troubles qui accompagnèrent la mort du cardinal-roi, 30 janvier 1580, et amenèrent la réunion du Portugal à l’Espagne ; Osorio mourut, en effet, le 20 août 1580.

Écrivain latin d’une rare élégance, Osorio a laissé une œuvre littéraire assez considérable, que son neveu, appelé Jérôme comme lui, a pris soin de réunir en une édition d’ensemble, en 4 vol. in-fol., Rome, 1592 ; Gams signale une nouvelle édition à Lisbonne, 18181819. De cette œuvre une partie est consacrée à l’histoire ; une autre fort considérable à l’exégèse (paraphrase de l’épître aux Romains, de Job, des Psaumes, des Proverbes, de la Sagesse, d’Isaïe, d’Osée, de Zacharie) ; l’édition complète renferme aussi un certain nombre de lettres. En dehors de quoi, divers écrits intéressent plus spécialement le théologien, et d’abord des compositions philosophiques où l’humaniste chrétien émet sur la formation morale des grands personnages toute une série de considérations qui ne sont pas à mépriser : De nobilitate civili et de nobilitate christiana libri V, Lisbonne, 1542 ; Florence, 1552, réimprimé aussi avec le suivant : De gtoria libri V, charmant dialogue cicéronien, Florence, 1552, très souvent réimprimé ; de même inspiration un De régis institutione et disciplina libri VIII, Cologne, 1574 et 1582 ; Paris, 1583, et un De vera sapienlia libri V, dédié à Grégoire XIII, Lisbonne, 1578 ; Cologne, 1579 et 1582. Mais on retiendra surtout les ouvrægs suivants : une Epistola ad Elizabetham Anglise reginam, 1563 (ordinairement réimprimée avec l’ouvrage suivant), où l’auteur invitait la souveraine à revenir au catholicisme ; il en parut une traduction française à Paris, en 1565, une aussi à Lyon, 1587 : Remonstrance à Mme Elisabeth, rogne d’Angleterre et d’Irlande, touchant les affaires du monde, le gouvernement politique des royaumes et le restablissement de l’ancienne catholique religion. Le jurisconsulte Walter Haddon, secrétaire de la reine, répliqua par une longue lettre, apologie du schisme anglican, et qui fut imprimée à Paris, en 1563, par les soins de l’ambassadeur d’Angleterre (on la trouvera dans Dan. Gerdes, Scrinium anliquarium, t. iv, Groningue et Brème, 1752, p. 492-522). Cette réplique occasionna une longue réponse d’Osorio : In Guallerum Haddonum, magistrum libellorum supplicum apud clarissimam principem Elisabetham, Anglise reginam, de Religione libri III, Lisbonne, 1657 ; Dillingen, 1569 et 1576 ; Cologne, 1585 ; ces trois éditions reproduisent en tête la Lettre à Elisabeth. Cette polémique avait orienté l’évêque de Silves dans la voie de la controverse ; en 1566, il rédigeait une étude, dédiée au cardinal Polus, sur les dogmes fondamentaux de la Réforme ; envoyée à Jean Métellus de Cologne, elle ne fut publiée dans cette ville qu’en 1572 : De justitia libri decem ad Reginaldnm cardinalem Polum, archiepiscopum Cantuariensem ; le soustitre en détaille le contenu : Hisce libris quæstio omnis de aelesti justitia, hoc est quæ de fide et actionibus, meritis et gratia, liberaque hominis voluntate et præsensione prœscriptio neque disceptata hactenus fuere tractatur, et falsis evulsis opinionibus quo omnes et pie credant et bene vivunt explicatur (sous-titre de l’édit. de Cologne, 1572).

Il y a une vie de Jérôme d’Osorio, composée par son neveu, Jérôme, en tête des Œuvres complètes. — Notices littéraires : E. du Pin, Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, 2e édit., t. xvi, Amsterdam, 1710, p. 121-122 ; Nicéron, Mémoires, t. xi, Paris-Amsterdam, 1730, p. 202-212, t. xx, 1732, p. 30 ; N. Antonio, Biblioiheca hispana nova, 2e édit., t. I, Madrid, 1783, p. 593-595 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iii, col. 76-77 ; voir aussi J.-B. Mayer, Ueber Leben und Schriften des Bischojs Jeronimo Osorio, dans un programme du lycée d’Amberg (Bavière), 1845.

É. Amann.

OSUNA ou OSSUNA (François de), frère mineur, orateur et théologien espagnol, surnommé el Crisologo Minorita. — Il naquit à Osuna, dans la province de Séville, vers la fin du xv}e siècle. Il appartint à l’ordre des frères mineurs et, dans le chapitre général, célébré à Nice en 1535, il fut élu commissaire général des Indes et chargé de missions importantes. Il mourut vers 1540. Nous avons de lui plusieurs ouvrages en langue castillane : 1. Abecedario spiritual que trata de las circunstancias de la sagrada passion del hijo de Dios. Cet abécédaire spirituel décrit, dans tous ses détails, la passion du Christ. Les quatre premières parties seules de cet ouvrage ont été publiées du vivant de l’auteur à Tolède, en 1527, et à Séville, en 1528 et en 1530. Il en existe une quatrième édition, sans nom de lieu, parue en 1530. Le même ouvrage complet a été publié en sept volumes, à Séville, en 1554. Une traduction française du troisième abécédaire est fournie par le P. Michel-Ange, O. M. Cap., dans Orient, t. vii, 1923 ;